En salles 07/03/2018

This is a Woman’s World

"Féminin plurielles" est un long métrage qui rassemble trois courts métrages de Sébastien Bailly autour de figures féminines, en salles cette semaine à la faveur d’une démarche de distribution originale orchestrée par La Mer à boire.

À la veille de la Journée internationale de la femme (toujours aussi contestable dans l'unicité qu'elle semble sous-tendre), un bel hommage est rendu à travers le programme Féminin plurielles, sur lequel nous avions récemment interrogé celui qui est à l'origine de cette sortie en salles, Ludovic Henry, de la société La Mer à boire, dans notre dernière Lettre de Bref (interview à lire ici).

Plus exactement, le réalisateur des trois courts métrages ainsi réunis sous cette – très belle affiche –, en l'occurrence l'ancien patron du festival de Brive Sébastien Bailly en avait d'abord suggéré la conceptualisation et c'est un ensemble qui se veut avant tout cohérent autour du motif du portrait de femme(s) qui est ainsi proposé cette semaine au cinéma (à Paris, c'est à l'Archipel et au cinéma Les 3 Luxembourg). 

Le premier des trois moyens métrages, Douce (photo de bandeau), avait attiré notre attention en 2011 (cf. Bref n° 99) et met en scène une infirmière discrète nouant une relation trouble avec un patient plongé dans le coma, ce que sa hiérarchie découvre et réprouve, mais la délicatesse du regard de Sébastien Bailly et le jeu tout en sobriété de Lise Bellynck, qui avat été découverte par Jean-Claude Brisseau, permet au film d'échapper à tout jugement moral et rend une ampleur bien plus complexe et véritablement cinématographique.

La volonté d'échapper aux clichés et aux facilités des discours dominants – politiques, notamment – imprègne aussi Où je mets ma pudeur, interprété par Hafsia Herzi et nommé au César du meilleur film de court métrage en 2015 (cf. Bref n°108, septembre 2013). Ici, c'est le motif du voile, plus précisément le hijab, qui se trouve au centre de l'image et des enjeux, porté par une étudiante de la Sorbonne censée plancher pour son examen en Histoire de l'art sur une Odalisque induisant par conséquent les problématiques de nudité et de décence. 
 

Le troisième film concerné, Une histoire de France, avait été proposé l'an dernier sur notre site et nous renvoyons donc directement à la critique publiée alors en ligne, ici, axée notamment sur la rencontre entre ses deux héroïnes Delphine et Charlotte. On ne concluera pas sans préciser également que Sébastien Bailly développe actuellement son premier “vrai” long métrage, selon les critères plus orthodoxes du terme, qui aura une coloration féminine encore, s'intitulant Comme une actrice et se voyant produit à nouveau par La Mer à boire.

Christophe Chauville

À l'occasion de la sortie de Féminin plurielles, on peut redécouvrir en ligne sur notre site un autre film court réalisé par Sébastien Bailly : Villa Corpus (2005).