En salles 14/12/2023

The Hand : Wong Kar-wai en version moyen métrage

“L’univers Wong Kar-wai” est le titre d’une rétrospective de quatre films du maître hongkongais proposée à partir du 20 décembre par The Jokers Classics en rééditions 4K. The Hand, inédit en salles dans son format “long”, en fait partie.

Même si son dernier film sorti date déjà de dix ans (à savoir The Grandmaster, en 2013), Wong Kar-wai ne quitte pas, évidemment, la mémoire des cinéphiles. Et cette mini-rétrospective de rééditions 4K proposée en cette fin d’année par The Jokers Classics tombe à pic pour remettre en lumière, dans leurs plus beaux atours, ces trois fleurons de la fin du XXe siècle que sont Chungking Express, Les anges déchus et Happy Together, ainsi que le beaucoup moins célèbre The Hand.

  

Celui-ci, à l’origine, est un segment d’Éros, sorti en France en 2005 et coréalisé avec Michelangelo Antonioni et Steven Soderbergh, dont une version “longue” d’une durée de 56 minutes a été finalisée ensuite, qui se voit donc distribuée sous cette forme au cinéma pour la première fois.

L’iconique Gong Li, auparavant révélée par Zhang Yimou, en tient l’un des deux rôles principaux, en sublime prostituée fascinant le commis du couturier qui lui fabrique ses robes. Le jeune homme tombe amoureux d’elle, dont la main experte lui procure un premier plaisir impromptu, mais cette relation, suivie dans le récit sur plusieurs années, ne se concrétisera jamais vraiment et prendra d’autres voies, autrement sensuelles (voir le tailleur repassant, en la caressant, une robe de la belle). 

  

Plus que l’éros promis par le long métrage initial, finalement, c’est l’ombre de thanatos qui plane bientôt et enracine la narration dans le mélodrame, où la passion retenue n’en est pas moins forte. Logique dans l’univers de l’auteur du méga classique In the Mood for Love, dont on retrouve pas mal de figures stylistiques dans The Hand.

Il y a des ralentis, des couloirs d’hôtel éclairés de plafonniers, des averses qui ruissellent – Christopher Doyle est bien sûr à la photo – et une composition musicale pénétrante et servant d’écrin à cet amour désaxé, décentré. Les fans de toujours savoureront, et ceux qui découvriront pour l’occasion le maître de Hong-Kong tomberont à coup sûr sous le charme imparable de son cinéma. Reviens, Wong, reviens !

Christophe Chauville

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