En salles 10/03/2022

Les meilleures : Marion Desseigne Ravel du court au long

Au cinéma cette semaine, le premier long métrage de la réalisatrice de Fatiya, actuellement disponible sur Brefcinema, s’impose par son tact et son énergie tout à la fois.

Marion Desseigne Ravel a signé cinq courts métrages depuis 2010, dont certains réalisés dans le cadre de son cursus à la Fémis, mais c’est bien le dernier, Fatiya, en 2018, qui lui a permis de se distinguer, le film – visible actuellement sur Brefcinema – ayant été présenté dans de nombreux festivals (Clermont-Ferrand, Grenoble, Vila do Conde, Uppsala, etc.) et bénéficiant de la présence de Lyna Khoudri, incontestablement l’une des étoiles montantes du cinéma français. 

On souhaite un avenir aussi faste aux deux interprètes principales des Meilleures, ainsi qu’à celles qui les entourent. Lina El Arabi (déjà remarquée dans Noces de Stephan Streker en 2016) et Esther Rollande, une pure révélation, incarnent deux jeunes filles se rencontrant dans une banlieue ordinaire et tombant amoureuses, non sans avoir lutté contre une telle attirance en un environnement peu propice, y compris du point de vue de leur bande de copines, déchaînant une défiance, sinon une violence homophobe spontanée, irréfléchie, juste idiote.

La manière de mettre en scène ces groupes de filles, à la suite de Céline Sciamma ou Houda Benyamina, notamment, s’appuie sur une belle énergie de récit et de montage, la réalisatrice parvenant à faire entrer sa propre délicatesse dans l’approche peu évidente d’un motif pas si banal qu’on pourrait le croire.

Certes, la découverte au grand jour de la liaison “interdite” est assez maladroitement amenée dans la narration, mais Marion Desseigne Ravel se confronte crânement à ce qui peut gratter : l’amour entre filles en pleine cité ici, la question du voile et du regard porté sur celles qui le portent dans Fatiya. Et elle parvient à convaincre, avec sincérité et inspiration, au plus près de ses personnages, avec un surcroît de poésie par moments, comme lorsque les deux adolescentes se retrouvent sur le toit de leur barre HLM, sous la nuit étoilée, celle de la périphérie valant bien celle du cœur de Paris. 

Christophe Chauville

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