En salles 11/10/2020

“Les équilibristes”, un documentaire de Perrine Michel

Parmi les sorties de cette semaine de mi-octobre, celles des “Équilibristes” est l’une des plus modestes en nombre d’écrans, mais remet en avant le nom d’une réalisatrice remarquée en amont : Perrine Michel.

Son moyen métrage Lame de fond (57 minutes, 2013), plutôt très singulier, avait fait l'objet d'une critique dans Bref n°111, en mai 2014, puis d'un entretien dans le n°113, en novembre de la même année. Perrine Michel a poursuivi depuis dans le registre du documentaire, signant en 2019 Les équilibristes, qui devait sortir au printemps dernier et a fait partie des wagons d'ajournements, pour finir par trouver une petite fenêtre de diffusion depuis le 14 octobre.

En lien direct avec le motif des personnels soignants, le film n'est pas que cela, même si la manière de filmer ceux qui travaillent dans une unité de soins intensifs accueillant des patients en phase terminale est réaliste et à hauteur d'épaule de ces femmes et hommes remarquables, tellement humains… Ceux-là mêmes qui étaient applaudis chaque soir à vingt heures aux fenêtres et balcons durant le confinement.

Mais cette influence “depardonnienne”, pour le dire vite, n'est pas tout dans ce premier long métrage, dans lequel la réalisatrice relate aussi la maladie de sa propre mère, atteinte d'un cancer, en intégrant leurs conversations téléphoniques dans son récit. L'intimité est totale et souvent crue, éprouvante pour l'oreille d'un tiers, c'est certain, mais l'artiste ne se cache pas, fidèle à son postulat de création. Elle propose néanmoins aussi de ménager une certaine distance, nécessaire par moments, en filmant quatre danseurs et danseuses contemporains dans l'abstraction de leurs ballets, pour des éclats poétiques qui ne sont pas de trop dans un film au propos tout de même – forcément – sombre et potentiellement pesant. 

Christophe Chauville

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