Foudre : l’éclair de Carmen Jaquier
La genevoise Carmen Jaquier, formée à l’Écal à Lausanne, a signé plusieurs courts métrages remarqués. Son premier long, le singulier
C’est un beau premier long métrage que La Vingt-cinquième Heure choisit de distribuer en plein Festival de Cannes 2024 et il serait dommage de le manquer. Foudre, de Carmen Jaquier, avait commencé sa carrière à Locarno l’année dernière, donc à domicile, en un sens, car sa réalisatrice Carmen Jaquier est suisse, née à Genève en 1985 et passée par l’ÉCAL lausannoise. Elle avait du reste reçu, sur les bords du Lac majeur, le Pardino d’Oro pour son film de fin d’études, Le tombeau des filles, dès 2011.
Passé par la suite sur les écrans de San Sebastian, Toronto, Busan, Munich et bien d’autres, Foudre entraîne en 1900, l’été, au cœur d’une vallée située au sud de la Suisse. Une jeune fille de 17 ans, Elizabeth (jouée par Lilith Grasmug, qui l’on voit de plus en plus souvent à l’écran), est sortie de son couvent, bien malgré elle, pour aider ses parents aux travaux des champs alors que leur fille aînée, à qui Elizabeth était très liée, vient de mourir soudainement.
Sur place, la novice, qui était sur le point de prononcer ses vœux, enquête sur le mystère de la disparition de sa sœur, qui semble lier les langues, et découvre ses propres désirs, bien loin du destin qui lui avait été assigné. L’histoire d’un affranchissement et d’une émancipation, donc, sinon d’une seconde naissance, dont le point de vue féministe est très contemporain et qui, au milieu de paysages de montagne sublimes, conjugue réalité et onirisme dans un contexte d’obscurantisme religieux où la sensualité, bridée, parviendra pourtant à éclore, alors que la jeune fille fascine trois jeunes hommes du pays. Les moments charnels sont d’ailleurs magnifiquement appréhendés par Carmen Jaquier, en lien avec une directrice de la photographie bien connue de nos lecteurs : Marine Atlan.
La suite est déjà sur les rails pour celle qui compte une bonne demi-douzaine de courts à son actif (citons La rivière sous la langue, avec Marilyne Canto, 2015), car un nouveau long, coréalisé avec le Zürichois Jan Gassman et intitulé Les paradis de Diane, est déjà achevé – et a même été présenté en panorama à Berlin au mois de février dernier. On a des chances d’entendre parler de la cinéaste à nouveau dans les années à venir…
À voir aussi :
- Un court métrage suisse disponible actuellement sur Brefcinema : All Inclusive de Corina Schwingurber Ilić.
À lire aussi :
- Un autre premier long métrage de réalisatrice à voir ce printemps : Excursion d’Una Gunjak (sortie le 12 juin).