En salles 16/10/2023

De petits joyaux signés Lotte Reiniger

Carlotta Films invite à (re)découvrir depuis le 11 octobre quatre courts métrages signés Lotte Reiniger au sein d’un programme de 43 minutes intitulé Contes et silhouettes. Toute la finesse de cette animation si spéciale, développée quelques décennies avant Michel Ocelot, par la réalisatrice des mythiques Aventures du prince Ahmed.

Carlotta Films n’en finit pas de remettre en lumière le meilleur de la création de patrimoine, et pas seulement en matière de cinéma de fiction en prises de vue réelles. Le cinéma d’animation se retrouve aussi parfois dans son viseur et c’est un enchantement que provoquent les quarante minutes et des poussières – d’étoile – de Contes et silhouettes, exposant l’univers féérique de Lotte Reiniger, cette pionnière née à Berlin en 1899 et devenue citoyenne britannique par la suite, ayant fondé à Londres la société de production Primrose Film après-guerre, avec son collaborateur et époux Carl Koch.

Louée par Miyazaki comme par Burton, la démarche de la réalisatrice sur la base de ses silhouettes noires évoluant sur fond de décors oscillant entre le blanc et diverses nuances de gris s’épanouit dans les quatre courts de dix minutes chacun réunis aujourd’hui, datant tous des années 1950 et offrant des variations de contes plutôt connus. De Perrault, elle adapte La belle au bois dormant (visuel ci-dessus), avec notamment un saisissant plan du château figé par le temps et recouvert de buissons d’épines, et d’Andersen l’histoire de la minuscule Poucette, maltraitée par un crapaud, symbole avant l’heure du patriarcat oppressant, et s’évadant… à dos d’hirondelle, la veinarde !

Deux œuvres des frères Grimm se profilent à leur tour : l’aventure, qui a traumatisé des générations de gourmands, d’Hänsel et Gretel en ouverture (visuel ci-dessus) – nous apprenant au passage quel rôle un écureuil et une oie jouèrent dans leur libération… – et une variation méconnue autour du personnage de Blanche-Neige, qui avait en réalité une sœur nommée Rose-Rouge (visuel de bandeau) et dont le princier prétendant avait été transformé en ours par un abominable gnome dont les pouvoirs étaient contenus dans la barbe, à la manière de Samson avec son opulente chevelure.

L’animation en papier découpé est splendide, est-il utile de le préciser, et on est fort curieux de savoir ce qu’en pourront bien en penser les kids nourris à l’esthétique Minecraft

Christophe Chauville

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