En salles 25/08/2021

“Afrofuturistik” : l’Afrique telle qu’on l’a rarement vue !

Sudu Connexion distribuera à partir du 1er septembre ce programme de 5 courts métrages africains remarqués dans de nombreux festivals ces dernières années.

Afrofuturistik s'inscrit dans l'annuelle collection thématique “Quartiers lointains”, dont il constitue le sixième opus, la nouveauté de cette année étant une sortie en salles officielle, reportée pour cause de crise sanitaire, mais qui donne une visibilité supplémentaire à cette initiative qui s'appuyait auparavant sur une circulation itinérante des programmes.

Pour cette saison, c'est une image insolite et volontiers futuriste ou avant-gardiste du continent qui est privilégiée, en 5 titres et presque une heure et demie de projection, à voir sur grand écran à partir du 1er septembre. Avec deux figures de proue pour ouvrir et fermer la séance, à savoir le dernier César du meilleur film de court métrage en date, Qu'importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui (photo ci-dessus), diffusé en début d'année sur Brefcinema (et qui y reviendra ultérieurement), et le fameux Zombies de Baloji, coproduction entre République démocratique du Congo et Belgique, présenté à Clermont-Ferrand en 2020, au sein de la compétition Labo.

Dans le premier, également récompensé du Grand prix à Sundance, la vie dans un coin rural et reculé de l'Atlas marocain est bouleversée par un événement mondial sidérant, à savoir l'arrivée d'extra-terrestres, ce qui remet à mal toutes les certitudes, y compris et surtout religieuses. Dans le deuxième, une approche assez expérimentale traverse une ville de Kinshasa à rebours des clichés, en musique et sur un rythme trépidant, entre réalité et dystopie, pour un portrait plutôt inédit de la population jeune de ces cités africaines en ébullition et de son rapport à la modernité et aux vecteurs de communication 2.0.

C'est aussi l'argument du très court – 4 minutes – We Need Prayers : This One Went to Market, de Jim Chuchu, venu du Kenya, tandis que le moyen métrage Hello, Rain de C.J. Obasi (photo de bandeau) recourt copieusement aux effest spéciaux et visuels pour conter une histoire de sorcières contemporaines aussi décoiffante que colorée. 

Au cœur du programme, Ethereality de Katarama Gaghiri (photo ci-dessus) interroge le motif de la migration et du retour chez soi de manière singulière, à travers l'allégorie d'un astronaute africain – et on s'aperçoit d'ailleurs au passage qu'il est grand temps qu'il y en ait ! Entre documentaire et fiction, mais aussi entre Afrique et Europe (Rwanda et Suisse plus particulièrement), la réalisatrice touche elle aussi à l'“afrofruturisme” promis par le titre générique de ce voyage filmique qui ouvre réellement les regards.

Christophe Chauville

 

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