
Wild Child
Sif Lina Lambæk
2023 - 23 minutes
Danemark - Fiction
Production : Isaac Production, Super16
synopsis
Dans un futur proche où la nature a puni et tué tous les adultes pour n’avoir pas pris soin de notre planète, une jeune fille est confrontée au passage imminent à l’âge adulte lorsqu’elle a ses premières règles.
biographie
Sif Lina Lambæk
Née le 12 avril 1993, Sif Lina Lambæk s'est formée à l'école de cinéma alternative Super16, dont elle est sortie diplômée en 2024.
Elle a travaillé aussi bien en fciction qu'en documentaire et a réalisé sept courts métrages depuis 2015, dont Højlandet, primé à Moscou en 2019, et Wild Child, lauréat du Robert 2025 du meilleur court métrage de fiction ou d'animation de moins de 30 minutes.
Wild Child avait auparavant été présenté au Festival de San Sebastian et aux Tallin Black Nights et la réalisatrice a enchaîné sans tarder avec un autre film court, Solo Rosa (2024).
Critique
Autrice et réalisatrice danoise née en 1993, Sif Lina Lambæk a signé une poignée de courts métrages, dont Wild Child. Ce film de fin d’études, projeté au sein des Nuits en or 2025, a été couronné en 2023 d’un Robert, le grand prix de l’Académie du cinéma danois. Situé dans un futur qui ressemble beaucoup à notre présent, ce court métrage dystopique nous plonge dans un monde post apocalyptique privé d’adultes, que la Terre a punis pour leur manque d’attention à son égard ; un monde seulement habité par des enfants sauvages (c’est le titre), que leur mantra – “Ne grandis jamais, libère ton imagination et fais ce que tu aimes…” – conduit paradoxalement à épouser tous les excès et travers de leurs pairs disparus (bagarres, vie en communauté teintée de violence, consommation excessive d’alcool et de stupéfiants).
Dans des espaces désœuvrés (décharges, squats), la haine des adultes les réunit. Barbie, l’aînée, se distingue : elle commence à douter, à se lasser des délires musicaux techno. Elle a ses règles. Sous couvert d’une dimension SF, Wild Child ne raconte finalement pas autre chose : l’adolescence qui pointe son nez sans crier gare. Qu’est-ce que grandir, sinon saigner un peu, beaucoup ; se sentir différent, sortir du groupe ? Au-delà de l’image convenue du papillon, la réalisatrice met en scène une opposition presque géothermique des motifs : ceux du cercle et de la répétition liés à l’enfance qui s’opposent aux motifs de verticalité à gravir, du chemin à parcourir, pour grandir ou disparaître.
Influencé par le film russe d’Hanna Polak Something Better to Come (2014), qui documente la vie d’enfants laissés à eux-mêmes, Wild Child déploie une veine naturaliste documentaire travaillant tant le corps-matière de l’image – ivre, sale, irrégulière et granuleuse – que sa perception en mouvements rapiécés, ébréchés déséquilibrés. La captation du réel sensuelle et abrupte se fait miroir de toute la fièvre, tout le chaos du monde trouble de cet âge de la vie. Une recherche de la lumière au creux des ténèbres. Le cinéma de Sif Lina Lambæk ne manque pas d’évoquer les débuts d’Andrea Arnold, la réalisatrice de Bird, notamment ses premiers courts métrages, ancrés dans une contemporanéité réaliste, qui eux aussi racontent le deuil de l’enfance : celui du nourrisson mort-né de Milk (1998), celle sauvage et chaotique abandonnée de Wasp (2003).
Donald James
Réalisation : Sif Lina Lambæk. Scénario : Sif Lina Lambæk et Kristine Plechinger Tüchsen. Image : Lina Elvekjær Biehl. Montage : Januar Omdahl. Son : Sofie Fors Holmark, Thea Nyboe Jacobsen, Julius Sylvest et Patrick Svaneberg Vejen. Musique originale : Mathias Savery. Interprétation : Ida Skelbæk-Knudsen, Luke Lee Wyatt, Vida Sjørslev, Wilhelm David Lumholt Hakesberg, Sofus Hansen, Malcolm Lawal, Sol Lindberg, Jessé Spiegelhauer Larsen, Aras Øzdemir et Kaj Graae Jørgensen. Production : Isaac Production et Super16.