Extrait
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Ville éternelle

Garance Kim

2022 - 20 minutes

France - Fiction

Production : Garance Kim

synopsis

Jour férié, au milieu du 77 : Lili attend un bus pour aller à l’aéroport. Elle croise Thibault, ancien camarade de collège dont elle n’a aucun souvenir. Le bus ne passe pas, elle décide d’y aller à pied et Thibault l’accompagne malgré elle. Ils vont alors se “re-rencontrer”, et se lier.

Garance Kim

Garance Kim est née en 1996 à Paris. Titulaire d’une licence cinéma à la fac de Paris-8 Saint-Denis, elle est à la fois comédienne, scénariste et réalisatrice, mais également assistante et costumière.

Depuis 2017, elle a joué dans plusieurs courts métrages de fiction, tout en “performant”, entre 2018 et 2022, pour des artistes contemporaines telles que Laure Prouvost (dans Deep See Blue Surrounding Youou Min Oh (dans Heterophony & Polyphony et Folded).

En 2021, Garance Kim réalise Ville éternelle, court métrage co-écrit avec Martin Jauvat et qui reçoit le Grand prix du jury au Festival Premiers plans d’Angers 2023 après avoir réussi un doublé Prix du meilleur premier film/Prix de la jeunesse à Côté court, à Pantin.

Elle signe alors un nouveau court métrage, expérimental cette fois, Bruits de souvenir, présenté à Pantin en compétition Essai/Art vidéo en 2023. Le film y remporte alors le Prix Est-ensemble.

L'année suivante, Garance Kim revient en compétition fiction avec Tomber l’amour, co-écrit et co-interprété avec Théo Costa-Marini. On la voit en parallèle en tant qu'actrice dans le moyen métrage de Paul Nouhet Salut les zins !, présenté au Festival du cinéma de Brive.

Critique

Pour son premier court métrage, récompensé par deux fois au Festival Côté court en 2022 (Prix du premier film et Prix de la jeunesse), Garance Kim, cinéaste et actrice chez d’autres – et ici chez elle –, reprend à son compte cet éternel enjeu du retour en terres familiales, et de ce que l’évènement peut occasionner comme lots de tristes ou d’heureuses retrouvailles.

Elle le fait avec l’intuition de commencer par la fin, c’est à dire au moment où Lili (incarnée par la cinéaste elle-même) s’apprête à quitter sa petite “ville éternelle” du 77 après un passage que l’on devine express. Plantée à l’arrêt de bus qui devrait la mener à l’aéroport le plus proche, la jeune femme est interpelée par Thibault, alias Martin Jauvat, réalisateur de Grand Paris, acteur et ici co-auteur, qui identifie instantanément sa camarade d’autrefois quand cette dernière peine à le reconnaître. De ce principe simple, façon boy meets girl, qui consiste à faire se rencontrer, une seconde fois, deux anciens ados devenus jeunes adultes, Ville éternelle tire sa plus juste vibration et organise tout son arc narratif autour de cet apprivoisement et de ce partage d’un moment.

Le temps d’une balade à travers les paysages de Seine-et-Marne, Thibaut et Lili se racontent et se retrouvent. Le film saisit alors avec une très juste acuité ce léger décalage qui se crée entre celui qui est resté et celle qui est partie, et ce que le temps passé a fait de chacun d’eux. Évoluant au gré des lumières du jour, le film, tel une balade buissonnière entre zones pavillonnaires désertées et champs de blés amochés par d’imposantes antennes électriques, est de ceux qui se souviennent très bien de l’ennui de l’adolescence, de l’envie de fuir très loin, de la fatalité de devoir rester, mais aussi du moment où, enfin apaisé, le désamour devient plus léger.

C’est ainsi que Ville éternelle, dans son allure stylée de film faussement désinvolte, accordé à la dégaine de tendre loseur de son perso à vélo, dépasse ses apparences et celles de ces deux personnages, et s’achève sur une note mélancolique et douce, un spleen acidulé au goût de l’enfance.

Marilou Duponchel

Réalisation et production : Garance Kim. Scénario : Martin Jauvat et Garance Kim. Image : Vincent Peugnet. Montage : Alexis Noël. Son : Émeline David, Adrien Cannepin et Nicolas Jean-Jean. Musique originale : Mathilde Poymiro. Interprétation : Martin Jauvat, Garance Kim, Alexandre Gallo et Pablo Lamy.

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