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Vengeance et terre battue

Mathieu Sapin

2014 - 21 minutes

France - Fiction

Production : Bizibi

synopsis

Rita Cerveau, la femme la plus intelligente du monde, est dépressive. Alors qu’elle tente de lutter contre le spleen en se faisant masser le crâne par un inconnu, elle est appelée pour résoudre une enquête criminelle : Ruben Gonzales, star internationale de tennis, a été assassiné...

Mathieu Sapin

Né en 1974, Mathieu Sapin étudie aux Arts décoratifs de Strasbourg avant de travailler comme illustrateur pour la jeunesse. À partir de 2003, il se consacre entièrement à la bande dessinée (Supermurgeman, Sardine de l'espace...) et multiplie les expériences éditoriales : collaborations, adaptations, reportages où son regard drôle et décalé fait mouche.

En 2014, il réalise son premier court métrage, Vengeance et terre battue, avec Charlotte Le Bon, Gustave Kervern et Vincent Lacoste notamment.

En 2017, il publie le remarqué Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu, puis tourne son premier long métrage, Le poulain, une comédie inspirée de son observation du monde politique.

En 2021, il fait équipe avec Joann Sfar sur la série de BD Le ministère secret, dont le premier volume paraît chez Dupuis.

Critique

C’est il y a huit ans qu’on a pu découvrir les premiers pas dans la réalisation du créateur Mathieu Sapin, déjà célébré dans le monde de la bande dessinée, et passé depuis au format long avec la chronique politique Le poulain (2018), porté par Alexandra Lamy et Finnegan Oldfield. Dans son court métrage Vengeance et terre battue, il opte pour la comédie policière. Pour la farce et même la fantasmagorie. Il s’amuse à créer, au centre du récit, Rita Cerveau, personnage haut en couleur et surnommé “la femme la plus intelligente du monde”, qui devine notamment les noms et prénoms en observant les visages (même quand ils sont écrabouillés façon steak tartare !), grâce à une technologie de morphopsychologie très avancée. Ses aptitudes scientifiques sont telles que ses pics d’intelligence lui donnent de solides migraines, mais que ses services sont régulièrement réquisitionnés par la police

Avec une intrigue simple, Mathieu Sapin distille son humour de situation et de dialogues. Il utilise des décors réels pour évoquer l’ailleurs. Le Jardin des plantes et le Muséum national d’histoire naturelle de Paris installent en effet l’exotisme initial, par immersion dans la végétation luxuriante, pour atterrir progressivement dans des serres, et signifier donc le “faux” décor et les coulisses. Un procédé proche de l’évocation par le dessin, où tout est permis, du proche au lointain, du réel au fantastique. Une introduction qui fait aussi figure de manifeste : toute fantaisie est ici permise. Donc la donzelle aux supers pouvoirs cognitifs va résoudre une enquête à distance, juste par petit écran interposé, tout en se faisant masser le crâne par un étudiant en pleine révision de biologie moléculaire. L’improbabilité fait toute la saveur de cette aventure rocambolesque, finalement conscrite sur quelques kilomètres. Là où l’intrigue promettait un road movie et une course trépidante, elle s’avère finalement concentrée sur deux intérieurs : le jardin/muséum, puis la voiture.

Avec sa tenue et sa coiffure très graphiques, Rita évoque une super héroïne qui suscite l’ébahissement du garçon plongé dans ses cours et ses lunettes. Charlotte Le Bon se délecte à composer ce personnage cocasse, entre assurance et décomplexion, face à des partenaires à la présence également burlesque, même dans le statisme. Thomas Solivérès en scientifique en herbe, Gustave Kervern en associé un brin blasé, et Riad Sattouf en inspecteur à double-face, apportent leur humanité teintée de candeur, idéale pour y projeter de la surprise, et une masculinité chahutée par la pétulante Rita. Le final, à l’amusante connexion avec le précité Sattouf, continue sur la veine savoureuse de la rencontre et du drolatique. Le quotidien est transcendé par la poésie, tout comme dans la chanson du générique, signée Thomas Fersen, Intelligence tristesse, et dans les accords planants des compositions de The Ginger Accident.

Olivier Pélisson

­Réalisation et scénario : Mathieu Sapin. Image : Tristan Tortuyaux. Montage : Léa Masson. Son : Alexandre Gallerand. Interprétation : Charlotte Le Bon, Gustave Kervern, Thomas Solivérès, Riad Sattouf, Vincent Lacoste et Christophe Blain. Production : Bizibi.

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