
Une orange de Jaffa
Mohammed Almughanni
2023 - 27 minutes
France, Pologne - Fiction
Production : Synecdoche, Studio Indeks, Lumisenta
synopsis
Mohammed, un jeune Palestinien, cherche désespérément un taxi qui lui permette de franchir un checkpoint. Farouk, le chauffeur de taxi, hésite car le jeune homme n’a pas de laissez-passer. Arrivé au checkpoint, Farouk découvre que Mohammed a déjà essayé de passer par un autre checkpoint sans succès. Les ennuis commencent.
biographie
Mohammed Almughanni
Né à Gaza en 1994, Mohammed Almughanni y a vécu jusqu'à ses dix-huit ans et a étudié ensuite à l'École du film de Lodz, en Pologne, dont il est sorti diplômé d'un Master. Il est scénariste et réalisateur, mais également chef opérateur et monteur.
Il a ainsi travaillé sur de nombreux films en Allemagne, en Chine, à Cuba, au Danemark, en Jordanie, au Liban, en Pologne et, bien sûr, en Palestine. Il a réalisé plusieurs fictions et documentaires sur le format court depuis 2012, notamment Shujayya (2015), Where’s My Donkey (2018) et Son Of The Streets (2020).
Ses films ont été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals à travers le monde. Une orange de Jaffa a remporté le Grand prix de la compétition internationale du Festival de Clermont-Ferrand en 2024. Il a aussi été distingué à Aix-en-Provence, Cracovie, Le Caire, Leeds, Londres, etc.
On peut visionner en ligne une interview qu'il a donnée à Arte.
Critique
Qu’est-ce que le cinéma ? Qu’est-ce, sinon cette capacité à saisir en plein vol – sans viol, ni voile – un peu de temps et ainsi un peu de vie et de vérité ? Une orange de Jaffa de Mohammed Almughanni appartient cette catégorie de films faisant du parcours, du temps passé à aller et à venir, un temps poétique et politique, un fragment ciselé arraché à la roche dure, du diamant brut de cinéma. Il faut dire que la réalité palestinienne, où presqu’aucun déplacement n’est libre, où chaque itinéraire épouse le kafkaïen nuancier de la mission impossible, forme par excellence une terre pour le septième art.
Né à Gaza en 1994, le réalisateur, scénariste et chef-opérateur Mohammed Almughanni a étudié la mise en scène à l’École nationale de cinéma de Lodz, en Pologne. Après plusieurs réalisations (courts métrages de fiction et documentaires), il a signé Une orange de Jaffa, Grand prix international au Festival de Clermont-Ferrand 2024.
Avec son jeune personnage gazaoui qui a une carte de séjour polonaise, ce court métrage a une dimension autobiographique. L’histoire, un Palestinien cherchant à rejoindre sa mère, est celle d’un cheminement impossible mais pas tragique, porté par l’espoir, traversé d’attentes, de peurs, d’affrontements mais aussi de moments de partages avec un final sans amertume, plein d’agrume et de saveur. Une orange de Jaffa est moins un drame qui proposerait une critique d’Israël (à cet égard, l’arrière-plan est suffisamment explicite) qu’une comédie de caractères aux circonvolutions burlesques. Ses deux personnages principaux, le jeune homme et le taxi, croqués avec subtilités, s’opposent et se ressemblent, se lient (filiation) et se délient (relation conflictuelle du client au marchand). Quelle belle idée de faire en sorte que le comique déborde du cadre de la voiture pour toucher les soldats israéliens et proposer, par le truchement de ses personnages secondaires qui eux aussi ont des problèmes avec leur mère, fument et utilisent de la crème solaire (…), une espèce de monde miroir. Pas complétement pareil ni complément inversé. Dans un monde où les idéologies à force de vérité ou de fake news dominent, le comique ouvre une brèche, un couloir, menant (le chemin, toujours le chemin) vers une humanité possible. Pas d’optimisme béat ici, mais une petite lumière, fruit de la raison.
Donald James
Réalisation et scénario : Mohammed Almughanni. Image : Maciej Edelman. Montage : Natalia Jacheć. Son : Aleksandra Landsmann et Filip Krzemien. Musique originale : Robert Logan. Interprétation : Samer Bisharat, Kamel El Basha, Diaa Mughrabi et Ameer Khlawe. Production : Synecdoche, Studio Indeks et Lumisenta.