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Une femme à la mer

J-24

Céline Baril

2022 - 33 minutes

France - Fiction

Production : Apaches Films, Préludes

synopsis

Au lieu de profiter de son premier jour de vacances dans une péninsule du Sud de la Turquie, Anna semble empêtrée dans une lourde torpeur sans que son copain Thomas ne remarque rien. Lorsque l’après-midi, sur la plage, une petite fille disparaît, Anna s’anime et décide de partir à sa recherche, malgré l’inconnu et la nuit qui tombe.

Céline Baril

De nationalité franco-turque, Céline Baril est arrivée en France pour étudier le cinéma. Elle a intégré la Fémis, en section image, et y a réalisé un premier court métrage : Rojda (2017).

Depuis, elle travaille comme directrice de la photographie au cinéma et cadreuse/vidéaste sur des spectacles de théâtre et d’opéra. À travers les différents projets où elle s'est impliquée, le fait de se situer au plus proche de la mise en scène lui donne envie de réaliser ses propres films. Une femme à la mer est son premier court métrage produit, qui a été présenté en 2022 au Festival Côté court de Pantin. Il est notamment interprété par Louise Chevillotte et Bastien Bouillon.

Céline Baril développe également un projet de long métrage, intitulé Poussières d’été, pour lequel elle a obtenu l’aide à l’écriture de la Région Île-de-France. 

Critique

Une femme à la mer de Céline Baril s’ouvre et se referme sur la même image : le corps d’Anna (Louise Chevillotte) flotte à la surface de la mer, dont l’immensité est accentuée par l’usage du zoom arrière ou de la plongée zénithale. Tandis que la première baignade a lieu en plein jour et s’achève par un appel à l’aide, rien ne vient assombrir la fin, si ce n’est la nuit noire qui règne alentour. L’écart entre les deux scènes révèle la progressive mise à nu du personnage qui se déleste de ses craintes et découvre ses désirs profonds à mesure que le film avance. Anna traverse alors un moment de crise, une intense remise en question favorisée par les nouvelles rencontres et l’absence des repères habituels.

Un malaise diffus imprègne ainsi ses vacances en Turquie, aux côtés de son compagnon Thomas (Bastien Bouillon). À deux reprises, des inconnus lui demandent si elle est heureuse : la question, qu’elle commence par éluder, cède finalement la place à une introspection profonde. De la même manière, lorsqu’un officier de police lui assure que tout va bien, elle semble avoir du mal à le croire. En proie à des hallucinations cauchemardesques, elle rêve d’abord que Thomas est victime d’une attaque de méduse avant de fantasmer sa disparition, qui n’adviendra en réalité que plus tard, à travers la rupture. La musique angoissante, l’irruption de sons brusques comme le vol d’un oiseau semblable à un coup de feu ou la sirène d’une ambulance accentuent cette atmosphère oppressante tandis que les surimpressions figurent le trouble du personnage en gommant la frontière entre rêve et réalité.

L’agitation est à son paroxysme lorsque Anna est persuadée qu’une petite fille à qui elle avait acheté un bracelet plus tôt a été victime d’une noyade. Remuant ciel et terre pour la retrouver, elle finit par se rendre à l’évidence : ce n’était que le produit de son imagination. L’incident n’aura toutefois pas été vain, puisqu’il lui aura permis de s’éloigner de Thomas, le temps d’une nuit, et de réaliser que son bonheur ne dépendait pas uniquement de sa relation amoureuse. L’enfant disparue apparaît alors comme l’ombre de la petite fille en elle, rêvant de mener sa vie comme elle l’entend, et qui s’évanouit dès lors qu’Anna affronte la peur et commence à prendre son existence en main.

Chloé Cavillier

Réalisation : Céline Baril. Scénario : Pauline Ouvrard et Céline Baril. Image : Julia Mingo. Montage : Esther Lowe. Son : Jules Valeur. Musique originale : Nicolas Mollet. Interprétation : Louise Chevillotte, Bastien Bouillon et Ushan Çakır. Production : Apaches Films et Préludes.

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