Extrait
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Un matin comme les autres

Yannick Bellon

1956 - 29 minutes

France - Fiction

Production : Procinex

synopsis

Dans une petite ville industrielle de la région parisienne, dix ans après la fin de la guerre, Janine Alix, jeune institutrice stagiaire, prend la défense de pauvres gens, que l’on veut expulser sans les reloger. Elle fait signer une pétition, alerte les pouvoirs publics et gagne son combat. Mais le soir du 11 novembre, elle quitte discrètement ses élèves, car l’inspecteur d’académie l’a mutée dans une autre école.

Yannick Bellon

Née le 6 avril 1924 à Biarritz, Marie-Annick Bellon, dite Yannick Bellon, est une réalisatrice française, également monteuse, scénariste et productrice pour la société Les Films de l’Équinoxe.

Fille de la photographe Denise Bellon, elle grandit avec sa sœur Marie-Laure (qui deviendra la comédienne et dramaturge Loleh Bellon) dans un milieu artistique marqué à gauche, proche des surréalistes.

Elle fait ses études d’abord à Nice, au Centre artistique et technique des jeunes du cinéma, durant l’Occupation, puis à l’IDHEC. Elle réalise après la guerre son premier film, Goémons, qui remporte le Grand prix du documentaire à la Biennale de Venise 1948. Plusieurs autres courts métrages suivront, dont Colette, consacré à l’écrivaine, et Varsovie, quand même…, dont le texte est écrit par son époux Henry Magnan.

Ce dernier, qui s’est suicidé en 1965, inspirera aussi le premier long métrage de la réalisatrice, Quelque part quelqu’un, en 1972. Sept autres longs suivront, dans une tonalité féministe souvent engagée et abordant des sujets de société comme le divorce (La femme de Jean), le viol (L’amour violé) ou le cancer du sein (L’amour nu).

Yannick Bellon s’est éteinte le 2 juin 2019, dans le XVIIIᵉ arrondissement de Paris.

Critique

Un matin comme les autres fait partie d’un film collectif est-allemand de 1956, La rose des vents, soutenu par la Fédération démocratique internationale des femmes et composé de cinq courts métrages de différentes nationalités, signés Alberto Cavalcanti et Alex Viany (Brésil), Sergueï Guerassimov (URSS), Gillo Pontecorvo (Italie), Wu Kuo Yin (Chine) et, pour la France, Yannick Bellon. Un matin… réunit pour la première fois au cinéma Simone Signoret et Yves Montand, couple de légende alors déjà engagé dans les luttes sociales. Dans la première grande séquence du film, une institutrice stagiaire y défend une famille expulsée de son logement et tient tête à un commissaire de police.

Fiction nourrie de l’activisme communiste de l’époque, Un matin…, non sans une certaine naïveté liée au genre, fait preuve d’un réalisme âpre, incisif et clairvoyant dans sa peinture de la précarité en banlieue comme dans celle de la pratique de l’enseignante, qui dépasse les limites de sa salle de classe. Un matin… décrit une situation qui, aujourd’hui encore, a lieu un peu partout, tous les jours. Bien écrit par Henry Magnan (alors l’époux de la réalisatrice, NDLR), le film ne cesse d’évoquer, de séquence en séquence, la question utopique d’une maison à habiter, voire celle d’un ensemble cohérent à fonder. Cela à l’heure où le pays est aux mains d’une bureaucratie de l’ombre. La séquence dans d’occultes offices où Georges Chamarat, dans une interprétation quasi mimétique de Lino Ventura, donne la repartie à René-Jean Chauffard mérite le détour tant elle est savoureuse. Quant à Yves Montand dans le rôle de l’ouvrier qui au pied levé remplace la maîtresse et, face à une classe de quatorze élèves en culotte courte, dessine avec des étoiles dans les yeux un monde meilleur, il apporte ici la touche nécessaire de légèreté ; il incarne la joie du rossignol, la force légère, mais brave et résolue des partisans.

Donald James

Réalisation : Yannick Bellon. Scénario : Henry Magnan. Image : Henri Alekan. Montage : Renée Lichtig. Interprétation : Simone Signoret, Yves Montand, Loleh Bellon, Héléna Manson, Jacques Clancy, Roger Carel et Georges Chamarat. Production : Procinex.

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