Extrait
Partager sur facebook Partager sur twitter

Tornades

Annabelle Amoros

2023 - 37 minutes

France - Documentaire

Production : Paraiso Production

synopsis

L’Allée des Tornades, au centre des États-Unis, est susceptible d’être chaque année dévastée par l’impressionnant phénomène météorologique que sont les tornades. Certains l’étudient de près afin de s’en protéger, d’autres l’exploitent en spectacle rentable.

Annabelle Amoros

Née à Creil (Oise) en 1987, Annabelle Amoros a étudié à l’École supérieure d’art de Lorraine, à Metz, avant de suivre suivi des cours à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, entre 2011 à 2014, ainsi qu’à Aalto University, à Helsinki en 2012. Elle a achevé son cursus au Fresnoy, Studio national des arts contemporains en 2018.

Son travail a été présenté dans plusieurs festivals de photographie et de vidéo reconnus tels que les Rencontres internationales de la photographie d’Arles, Visions du réel à Nyon, etc. Sa vidéo Sur la route a intégré la collection du Frac Alsace en 2016.

Après Area 51, Nevada, USA (2017) et Big Sister (2018), elle accède à une visibilité amplifiée avec Churchill, Polar Bear Town, moyen métrage qui reçoit une mention spéciale du jury national du Festival de Clermont-Ferrand en 2022 et le prix de la compétition “Prospective” à Côté court, à Pantin, la même année. Le film fait également partie de la présélection au César 2023 du meilleur court métrage documentaire.

En 2023, elle filme à nouveau outre-Atlantique, plus précisément dans l'“allée des tornades”, au centre des États-Unis. Ce moyen métrage produit par Paraiso, Tornades, est présenté au Champs-Élysées Film Festival et au Festival IndieLisboa en 2024.

Critique

Réalisatrice française formée dans les écoles supérieures d’art de Lorraine et de photographie d’Arles, puis au Fresnoy, Annabelle Amoros travaille à la lisière du documentaire, de la fiction et de l’art vidéo. Avec Churchill, Polar Bear Town et Tornades, elle élabore ce qui sera une trilogie nord-américaine “sur les sociétés de l’image et du divertissement, imprégnée de fascination, d’absurde et parfois d’ennui”. L’Amérique lui offre une terre étrangère, plus vraiment neuve, mais parfois encore immaculée et déserte, où tout est plus grand et surtout plus sauvage. À Churchill, une ville située dans le nord du Canada, l’homme paraît ainsi bien fragile face à l’ours blanc qu’il a longtemps chassé et qui sert dorénavant d’indocile appât pour attirer des touristes, curieux et pas frileux.

La nature, aurait-on envie de dire, avec ses immensités répétées, livre une constante leçon d’humilité. C’est vrai, mais il ne faut pas oublier l’hubris qui anime l’Amérique des pionniers, l’orgueil de tout maîtriser, y compris les ouragans. Depuis Churchill, mais également et surtout dans Tornades, tourné en Oklahoma, Annabelle Amoros met en scène le paradoxe des sentiments humains face au danger, entre attraction et peur, entre désir de maîtrise et répulsion. Du désir, de la peur… Tous les éléments sont là pour réaliser un film d’action qui repose sur une tension sous-terraine, naturelle, pulsionnelle. Impossible de voir Tornades sans penser aux blockbusters du type Twister(s). Avec sa caméra embarquée à bord d’un camion pour les touristes avides de sensations fortes, la réalisatrice, même si les sentiers sont balisés, joue sans se cacher la carte du film d’action.

Tout commence dans le calme, on vérifie les abris, puis la tempête est annoncée ; il commence à pleuvoir et les alarmes sonnent… L’emploi de l’objectif grand angle voire, par endroit, du fish eye déforme la perception, réduit l’homme à l’état de fourmi, renforce le sentiment d’étrangeté, de danger face aux perspectives débridées des paysages. Une fois le décor planté, Amoros dépeint l’univers pittoresque de l’Amérique de carte postale avec ses grandes maisons et les Américains, toujours un peu too much – notamment ce conducteur chasseur de tornades et sa mascotte de Yoda. Mais force est de constater qu’elle dévie tant du film catastrophe que du documentaire qui traiterait du phénomène proprement dit et avec lui de la question du sacré (face à la beauté, à l’immensité) ou/et de la politique (dans la gestion des aléas).

Plus “artiste” qu’autre chose, Amoros ne cherche pas à cacher ou à montrer (elle use d’images impressionnantes d’ours ou de tornades quand elle peut), ni vraiment à documenter ou à fictionner, mais plutôt à élaborer, à travers une série de va-et-vient entre l’intérieur et l’extérieur, une proposition de réflexion sur une espèce de hors champ de l’Amérique et – disons – ses fantômes. Des fantômes dont le sens recouvrerait ici tant celui de la fantaisie que celui du fantasme. Reste à savoir si ce dernier est le fruit des Américains eux-mêmes ou de ceux qui les observent…

Donald James

Réalisation, scénario et image : Annabelle Amoros. Montage : Laurent Leveneur. Son : Annabelle Amoros; Léonore Mercier, Vincent Monerri-Fons et Grégoire Chauvot. Musique originale : Léonore Mercier. Voix : Stéphanie Matard, Martha Ferguson, Christian Monk, Royce Mason Deese, Michael Amitin, Jacob Bromberg, Peter Behrman De Sinety, Camille Genaud et Clarisse Tupin. Production : Paraiso Production.

À retrouver dans

Sélections du moment