Extrait
Partager sur facebook Partager sur twitter

Terra incognita

Pernille Kjaer, Adrian Dexter

2021 - 22 minutes

Danemark, France - Animation

Production : Ikki Films, Insolence Productions, Sun Creature Studio

synopsis

Sur une île mystérieuse, oubliés du temps, des êtres immortels mènent une vie pré-civilisée et passent leurs journées dans une léthargie hédoniste, mais l’éternité n’est qu’une illusion que seule la mort vient briser, rien ne change jusqu’au moment où... il y a du changement.

Pernille Kjaer

Née en 1989 à Copenhague, Pernille Kjaer est une artiste et réalisatrice danois, qui a étudié à The Animation Workshop, à  Viborg, dont elle est sortie diplômée en 2015, puis aux Beaux-Arts d'Aarhus.

Après deux premiers courts métrages d'animation, Tiger (2016) et On ambition, Courtship and Procreation (2019), elle a travaillé avec Adrian Dexter, réalisateur et illustrateur américain basé au Danemark, sur Terra incognita (2021), produit par Ikki Films, Insolence Productions et la société danoise Sun Creature Studio.

Le film a été remarqué dans de nombreux festivals, obtenant notamment en 2022 le Grand prix du Festival national du film d'animation de Rennes et le Prix Festivals Connexion au Festival international du film d'animation d'Annecy.

Adrian Dexter

Adrian Dexter est un réalisateur et illustrateur américain basé au Danemark. Après deux premiers courts métrages d'animation, Fangst (2011) et Vaesen (2012), il a travaillé avec Pernille Kjaer, artiste et réalisatrice danoise, sur Terra incognita (2021), produit par Ikki Films, Insolence Productions et la société danoise Sun Creature Studio.

Le film a été remarqué dans de nombreux festivals, obtenant notamment en 2022 le Grand prix du Festival national du film d'animation de Rennes et le Prix Festivals Connexion au Festival international du film d'animation d'Annecy.

Critique

Sur une grande île mystérieuse qui semble avoir été oubliée par le monde moderne et le temps lui-même, des êtres immortels vivent d’un épicurisme sans pareil, avant qu’un géant bleu ne vienne soudain y mourir. “Au début, il n’y avait rien. Puis, il y a eu quelque chose…

C’est ainsi que débute Terra incognita, réalisé par un duo d’artistes basés au Danemark : Adrian Dexter et Pernille Kjaer. C’est une phrase dite en voix-off (la narration de toute la première partie de ce court métrage), celle d’une femme, une voix métallisée faite de réverbérations et qui sonne comme celle d’une conteuse mystique. C’est ainsi que Terra incognita semble se créer sous nos yeux : en racontant la naissance de l’univers, du système solaire, des dieux et des sous-dieux. C’est avec ce récit d’un monde nouveau que le film se fait monde, qu’il développe sa propre mythologie foisonnante.

Quand les civilisations modernes arrivent soudain sur l’archipel, il se crée alors une friction entre deux mondes : celui de notre réalité, de notre histoire, et celui d’une SF débordante dépeinte par le duo de cinéastes. Voir soudain des visages contemporains, ultra réalistes, remplir le cadre qu’on n’avait alors connu et accepté pour son bestiaire fantaisiste provoque une étrangeté étourdissante. D’autant que les nappes musicales, dans un trip hippie futuriste, viennent se mêler aux bruits de l’eau et du vent : tout est miraculeusement naturel et bizarre. Terra incognita porte ainsi ce titre moins pour l’exploration et la découverte d’une île sauvage que pour la force expressive de ces mondes visuels qui, sans cesse, se pénètrent et se contaminent de vignette en vignette.

Adrian Dexter est à l’origine des arrière-plans tandis que Pernille Kjaer s’est occupée des personnages réalistes, qui occupent souvent le premier plan. C’est une des beautés farouches de Terra incognita : cette dichotomie entre les décors et les personnages qui les habitent. Il semble en effet y avoir en permanence une séparation, de style et d’échelle, qui renforce la singularité du fantastique de cette île mythologique. Le film se découpe ainsi selon une succession de vignettes, autant de plans fixes qui décomposent les décors de l’archipel : cavernes, littoraux, forêts, montagnes, plages, etc.

Ces séquences quasi-autonomes renforcent une théâtralisation de l’espace, donnent à voir des actions limpides, dans des mouvements épurés, réduits à leur plus simple expression. En contraste, visuellement, l’ensemble de chaque tableau semble fourmilier de détails. Terra incognita s’érige ainsi progressivement en une fable surréaliste qui n’appartient qu’à elle-même, même si sa richesse graphique lorgne autant du côté de René Laloux (La planète sauvage et Gandahar ne sont jamais loin) que de Leiji Matsumoto (dessinateur d’Albator et du clip de Daft Punk, Interstella 5555). Le film prend ainsi la forme d’une collection de trésors, somme cohérente de diverses époques et styles, qui se livrent et se donnent dans leur mystère le plus hypnotisant.

Arnaud Hallet

Réalisation et scénario : Pernille Kjaer et Adrian Dexter. Animation : Pernille Kjaer, Ambre Chatelain, Hippolyte Cupillard, Hugo Bravo, Vladimir Roszak, Keelan Macleod, Charlotte Moyen, Virginie Ganteil, Denis Chapon et Raphaël Chiapparin. Montage : Adrian Dexter. Son : David Kamp. Musique originale : Sofie Birch et Nick Disalvo. Voix : Eduardo Fouilloux, Michelle Kranot, Uri Kranot, Oscar Louw, Lana Tankosa Nikolič et Adrian Dexter. Production : Ikki Films, Insolence Productions, Sun Creature Studio.

À retrouver dans