Extrait
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Tant qu’il nous reste des fusils à pompe

Caroline Poggi, Jonathan Vinel

2014 - 30 minutes

France - Fiction

Production : G.R.E.C

synopsis

Il fait chaud. Les rues sont étrangement désertes. Les palmiers agonisent et les fusils à pompe pleurent. Joshua veut mourir mais ne veut pas laisser son frère seul. C’est alors qu’il rencontre le gang des Icebergs.

Caroline Poggi

Caroline Poggi est née en 1990 à Ajaccio. Elle a étudié le cinéma à Paris 7 et Paris 8 ainsi qu’à l'Université de Corse, où elle réalise Chiens (2012), primé au festival Tous Courts d'Aix en Provence et au Festival International du court métrage de Lille. Elle réalise également un film pour le Grec, Toys on Fire, en 2016.

En plus de ses réalisations individuelles, elle a réalisé plusieurs films avec Jonathan Vinel avec qui elle forme un duo. Leur court métrage Tant qu'il nous reste des fusils à pompe reçoit en 2014 l'Ours d'Or de la Berlinale. Ils réalisent ensuite les courts métrages After School Knife Fight (2017), Bébé colère (2020) et Il faut regarder le feu ou brûler dedans (2022), qui rencontrent tous un succès considérable en festivals.

Leur premier long métrage, Jessica Forever, sorti en salles en mai 2019, a notamment été sélectionné à la Berlinale et au Festival international du film de Toronto, et leur deuxième, Eat the Night, est sélectionné à la Quinzaie des cinéastes au Festival de Cannes 2024.

Jonathan Vinel

Né à Toulouse en 1988, Jonathan Vinel étudie le montage à la Fémis. Il y réalise plusieurs courts métrages, notamment Prince, puissance, souvenirs (2012), Notre amour est assez puissant (2014), et Notre héritage (2015). Après sa sortie de l'école, il réalise Martin pleure (2017), sélectionné dans de nombreux festivals tels que la Berlinale, IndieLisboa, le Festival du film de Londres et Nouveau Cinéma de Montréal.

En plus de ses réalisations individuelles, il a réalisé plusieurs films avec Caroline Poggi avec qui il forme un duo. Leur court métrage Tant qu'il nous reste des fusils à pompe reçoit en 2014 l'Ours d'Or de la Berlinale. Ils réalisent ensuite les courts métrages After School Knife Fight (2017), Bébé colère (2020) et Il faut regarder le feu ou brûler dedans (2022), qui rencontrent tous un succès considérable en festivals.

Leur premier long métrage, Jessica Forever, sorti en salles en mai 2019, a notamment été sélectionné à la Berlinale et au Festival international du film de Toronto, et leur deuxième, Eat the Night, est sélectionné à la Quinzaie des cinéastes au Festival de Cannes 2024.

Critique

Des plans fixent froidement la banalité pavillonnaire tandis que la voix de Joshua rend compte du suicide – “courageux” précise-t-elle – de Sylvain, son meilleur ami. La bande-son méridionale signifie autre chose que la chaleur enveloppante : les insectes semblent se repaître de corps putréfiés, une pesanteur toxique flotte dans l'air.

Avec un sens du cadre et de l'espace très assuré, Tant qu'il nous reste des fusils à pompe s'avance avec une intensité plastique et atmosphérique qui ne se démentira pas. Les apparitions de Sylvain en ange androgyne n'en sont pas vraiment, les niveaux de réalité s'épousent plus qu'ils ne s'entrechoquent ; le “réel” de ces espaces dévitalisés et désertés est déjà de la science-fiction ou du fantastique – un univers parallèle, un anti-monde. Joshua doit épauler son frère Maël, auquel il faut trouver un modus vivendi. À quoi se raccrocher, sinon à ce qui passe par là ? Il s'agira de cette sorte de milice fascisante armée de fusils à pompe et costumée en noir. Elle officie sous un nom et un blason : “Iceberg”.

Loin de s'ériger en juges (de la violence, des armes, etc.), les réalisateurs composent une fable dérangeante où se joue, dans un premier degré, le combat de deux naufragés contre la solitude. Et, au-delà, un impérieux besoin de fiction se manifeste dans la nécessité d'une croyance en un récit “merveilleux”. Les références à un imaginaire mythologique (comme les rites initiatiques) empruntant largement au Moyen-Âge sont multiples – certains segments musicaux y renvoient aussi. Le sésame pour l'entrée dans la confrérie se trouve d'ailleurs dans un château dont il convient d'explorer chacune des pièces. C'est peut-être pour y conjurer une enfance perdue qu'il faut, au passage, renverser et détruire les jouets qui peuplent le lieu.

Arnaud Hée

Article paru dans Bref n°112, 2014.

Réalisation et scénario : Caroline Poggi et Jonathan Vinel. Image : Raphaël Vandenbussche. Montage : Vincent Tricon. Son : Romain Ozanne, Maxime Roy et Clément Laforce. Interprétation : Lucas Doméjean, Nicolas Mias et Naël Malassagne. Production : G.R.E.C.

Bonus

Rencontre avec Caroline Poggi & Jonathan Vinel