
2014 - 27 minutes
France, Italie - Fiction
Production : La Luna Productions, Dugong Films
synopsis
Un village perdu au bord de la Méditerranée. À l’occasion d’une fête populaire, tous les habitants se rassemblent sur le bord de mer dans l’attente de l’arrivée par les eaux d’une statue illuminée : la Stella Maris, Vierge de la mer. L’histoire d’un artisan de la lumière et de sa fille, d’un maire borgne, de feux d’artifices comme une bombe et du street-art comme révolution.
biographie
Giacomo Abbruzzese
Né en 1983 à Tarente, dans les Pouilles (Italie), Giacomo Abbruzzese est diplômé du Fresnoy. Il a été artiste en résidence à la Cité internationale des arts à Paris et ses films ont été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals internationaux, parmi lesquels Oberhausen, Vienne, Clermont-Ferrand, Mar del Plata, Tampere, IndieLisboa, le Nouveau cinéma à Montréal, Winterthur, Angers, Torino, Leeds, etc. Ils ont été aussi diffusés sur différentes chaînes de TV en France (Arte, Canal+, France 2, France 3) et à l’étranger.
Alors qu’America a été nommé au César 2022 du meilleur court métrage documentaire, le cinéaste a achevé son premier long métrage Disco Boy, développé dans le cadre de la Résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes et produit, côté français, par Films Grand Huit. Coproduction entre France, Italie, Belgique et Pologne, il est notamment interprété par le comédien allemand Franz Rogowski et se voit distribué en salles en France, à partir du 3 mai 2023, par KMBO.
Son dernier court de fiction, I Santi, a reçu en 2021 le Prix du public au Festival cinéma méditerranéen de Montpellier, Cinemed, et le Prix du meilleur court métrage au Festival de Rome.
Critique
“La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas.” (André Breton, Nadja)
Un petit village d’une côte italienne. Le soleil. Une prison. Des détenus. Un maire borgne et retors. Une fête religieuse. Une Vierge à illuminer. Une jeune femme rousse dissimulant un lourd secret. En à peine quelques minutes sont posés, à gros traits (façon “ligne claire” si on était dans une BD), les éléments d’une histoire riche et féconde, où le réalisateur brassera folklore et corruption, amour et anarchie, mythe et trivialité, Pasolini et Fellini, giallo et tragédie. Cantonné à quelque vingt-quatre heures, Stella Maris déploie pourtant la matière romanesque d’une fresque. C’est peut-être sa limite, mais c’est aussi sa beauté, le film palpitant de visions sidérantes, de suggestions narratives que les ellipses rendent plus stimulantes encore, car plus poétiques, car plus abstraites.
Comme dans Fireworks, autre film de ce cinéaste diplômé du Fresnoy, on traite de terrorisme, mais celui-ci, sciemment déconnecté d’une réalité politique (ou alors juste relié à une idée : la corruption), sera cette fois strictement théorique, absolument plastique, les slogans étant des dessins que les bombes d’un graffeur crachent sur les murs et les actes terroristes des explosions de couleurs à la forme indéterminée, mais aux effets avérés. Là n’est pas l’important, encore moins les motifs d’une lutte politique reléguée à l’amont du film. Compte ici surtout l’histoire d’un prisonnier que celle qui l’aime veut sauver. C’est universel et c’est suffisant.
Cela posé, le maniérisme se déploiera sans complexe, le cadre fictionnel très précisément cartographié dès l’entame du récit par Giacomo Abbruzzese se prêtant favorablement à l’artifice, à l’imagerie et au cliché. Alors, le titre pourra bien n’étinceler plein cadre qu’au bout de douze minutes, le beau détenu innocent pourra bien, à sa juge, proclamer théâtral (en gros plan et face caméra) : “Je méprise votre jugement. Je méprise votre horreur.” Tout, pendant vingt minutes, contribuera à construire un univers propre : ni réaliste, ni fantastique, mais discrètement référencé, admirablement photographié, quelque part entre les deux, dans un ailleurs symbolique à la beauté renversante.
Stéphane Kahn
Article paru dans Bref n°114, 2015.
Réalisation et scénario : Giacomo Abbruzzese. Image : Guillaume Brault. Montage : Marco Rizzo et Giacomo Abbruzzese. Son : Vincenzo Urselli et Simon Apostolou. Musique originale : Luc Meilland et Alessandro Altavilla. Interprétation : Federico Pacifici, Guendalina Cardea, Angelo Losasso et Bruno Soriato. Production : La Luna Productions et Dugong Films.