
2017 - 35 minutes
France - Fiction
Production : Chevaldeuxtrois
synopsis
C’est l’été. À la recherche de calme et désireux de quitter la ville, Olivier loue une chambre dans un château situé à la campagne. Au fil des jours et des activités estivales, le jeune homme fait connaissance avec la faune qui gravite autour de la propriété.
biographie
Claude Schmitz
Né à Namur (Belgique) le 17 août 1979, Claude Schmitz vit et travaille à Bruxelles.
Il est diplômé de l’Insas et a travaillé en “compagnonnage” au Théâtre de Liège entre 2018 et 2022. Ses créations ont été présentées à plusieurs reprises au Kunsten Festival des Arts, ainsi qu'au Théâtre national Wallonie-Bruxelles, entre autres. Il a réalisé le clip This Light pour Girls in Hawaii (2017) et plusieurs films, dont Le Mali (en Afrique) (2016), qui reçut le Prix Format court au Festival de Brive, et Rien sauf l'été (2017), récompensé au même endroit du Grand prix Europe et d'une Mention des distributeurs l'année suivante.
En 2019, Claude Schmitz signe Braquer Poitiers, qui reçoit un très bon accueil dans les festivals, décroche le Prix Jean-Vigo du court métrage, le Prix égalité et diversité au Festival de Clermont-Ferrand et le Prix du Jury étudiant au Champs-Élysées Film Festival.
Une version longue du film, augmenté d'un “épilogue” d'une vingtaine de minutes avec les mêmes personnages, sort au cinéma à l'automne 2019 sous l'étendard de Capricci Films.
En 2022, son long métrage Lucie perd son cheval, avec la comédienne belge Lucie Debay dans le rôle-titre, est montré à Rotterdam et au FID, à Marseille. L'année suivante, c'est L'autre Laurens, une histoire de détective privé, qui l'emmène vers la Quinzaine des cinéastes à Cannes.
Parallèlement à son parcours de réalisateur, Claude Schmitz enseigne et officie comme acteur au théâtre.
Critique
Avant ses deux grandes déambulations, les longs métrages Lucie perd son cheval et Braquer Poitiers (qui fut initialement un moyen métrage, cf. Bref n°126, ndlr), Claude Schmitz avait déjà signé un film de vacances avec Rien sauf l’été. À la recherche du calme et loin de Bruxelles, un jeune homme loue une chambre dans un château à la campagne, une version bohème de la chambre d’hôte. C’est un film de vacances comme on entend film d’errance : une bulle cotonneuse hors du temps qui vient trouver son propre rythme apathique. Car dans ce château vivent des personnages dont l’excentricité bourgeonnante saisit de bout en bout. Tous explorent une phase de l’étrange qui s’étoffe à mesure que le film-songe progresse.
Une jeune femme famélique au fusil devient une Calamity Jane onirique, la famille prend un bain de soleil dans une composition picturale folklorique, un personnage traverse le grand jardin tel un vampire souffrant. Mi-humain mi-créature, le peuple du film est fascinant parce qu’il entremêle intimement le prosaïque (si l’on a bien sa couette, si les travaux sont bien faits...) et l’onirisme flottant des corps. Le film entier tend à l’accalmie, à un certain relâchement musculaire. Chaque geste est ralenti, chaque parole est soit entrecoupée, soit bégayée, soit naturellement abandonnée. Cette trajectoire indolente, Rien sauf l’été en fait un chemin vers le songe, où tout est flou mais foncièrement beau. Beau car dans la perspective d’un fantasme étiré, divagant, déplié à l’infini comme on déplierait la carte d’un territoire. Un grand château comme un grand rêve qui bouge. Toujours davantage dévoilé, jamais circonscrit. Il y a déjà, dans le cinéma de Claude Schmitz, un attrait et une confiance pour les personnages marginaux, sentimentalement repoussés ou en questionnement. Ce film marque le début d’une communauté utopique dont le cinéaste poursuit aujourd’hui encore son élaboration sensible. Celle où l’on refuse de terminer correctement un plan.
C’est comme si Éric Rohmer avait pris un peu d’opium dans un Moulinsart féminin. Sans enjeux narratifs, les scènes se rencontrent alors comme des récréations perpétuelles. Les plans avancent comme le chant des oiseaux (l’obsession du film) que l’on tente de reproduire jusqu’à ne plus savoir s’il s’agit d’un vrai ou d’un faux. Parce qu’on ne sait plus si on est dans le documentaire ou dans la fiction, dans l’improvisation ou dans la répétition. On n’est finalement dans plus rien de tout cela. Plus rien sauf l’été.
Arnaud Hallet
Réalisation et scénario : Claude Schmitz. Image : Florian Berutti. Montage : Marie Beaune. Son : Jean-Noël Boisse et Marc Doutrepont. Musique originale : Thomas Turine. Interprétation : Hélène Bressiant, Damien Chapelle, Lucie Debay et Thomas Depas. Production : Chevaldeuxtrois.