Extrait
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Petit nageur

Lucie Le Carrer

2020 - 15 minutes

France - Fiction

Production : Inénarrable / Deuxième ligne Films

synopsis

Une après-midi d’été. Dans la nature et au bord de l’eau, auprès d’adolescents inconnus et seul avec la douce Alice, le petit Lucas vit ses premiers émois sensuels et sensoriels.

Lucie Le Carrer

Lucie Le Carrer a travaillé à différents postes dans le paysage du cinéma, du montage à l'assistanat réalisation (par exemple sur le moyen métrage de Yohan Manca Hédi et Sarah (2017). Elle s'est spécialisée dans l'écriture en 2014 et a obtenu de premières récompenses pour le scénario de Petit nageur au Festival international des scénaristes de Valence et au Moulin d'Andé.

Le film a enfin été mené à bien en 2019 et a été présenté hors compétition au Festival Off-courts de Trouville en 2020 et en panorama au Festival Côté court de Pantin l'année suivante.

Critique

Petit nageur s’inscrit dans la lignée des premières œuvres mettant en scène les émois adolescents dans des situations qui les favorisent particulièrement, lorsque les corps se dévoilent et se frôlent, au bord de la piscine ou l’été sur la plage. On peut notamment citer dans cette veine le second court métrage de Laurent Cantet, Jeux de plage (1995), ou le premier long métrage de Céline Sciamma, Naissance des pieuvres (2007), qui révéla Adèle Haenel en adolescente désirée et désirante.

Dans le premier film de Lucie Le Carrer, nous suivons le personnage de Lucas, âgé d’une dizaine d’années et qui, une après-midi estivale de désœuvrement, rencontre Alice de quelques années son aînée. Celui-ci, aimanté par la jeune fille, s’incruste alors dans le duo qu’elle forme avec un garçon de son âge, Mathieu, d’abord comme un petit frère encombrant, puis dans une relation plus ambivalente. 

Moqué par les copains de la jeune fille pour son jeune âge et son inexpérience, il est jeté à l’eau puis filmé contre son gré. La contrainte de l’image intime volée rappelle d’ailleurs celle subie par Mahdi, personnage du même âge dans Haut les cœurs d'Adrian Moye Dullin (2021). Dans une grand proximité avec le personnage principal, la caméra filme ces scènes avec instabilité et nous fait ainsi partager le sentiment de Lucas d’être manipulé et malmené sous l’apparence d’une blague potache. 

C’est pourtant un “jeu” de même nature qu’il impose à Alice lorsqu’il se retrouve sous l’eau avec elle, et qu’il lui défait son haut de maillot malgré ses protestations. Mais à ce moment, la caméra est encore avec le jeune garçon, et c’est donc son excitation d’être en contact avec la peau diaphane de l’adolescente qui est mise en valeur, ainsi que sa découverte de la sensualité dans des étreintes volées. Ceci est encore renforcé par les scènes sous-marines qui mettent à distance l’emprise de l’un sur l’autre, au profit d’une esthétisation presque chorégraphique des mouvements pourtant empreints de violence.

Entre complicité et domination, la lumière d’été nimbe ainsi d’une douceur trompeuse ce récit initiatique – sensuel et anodin jeu de plage ou brutalité, tout est une question de point de vue.

Anne-Sophie Lepicard

Réalisation et scénario : Lucie Le Carrer. Image : Martin Rit. Montage : Nathan Jacquard. Son : Flavia Cordey, Leslie Gaborieau et Armin Reiland. Musique originale : Nicolas Bevillard. Interprétation : Emrys Hadj-Kouider, Luna Carpiaux et Hugo Fernandes. Production : Inénarrable et Deuxième ligne Films.

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