Extrait
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Per tutta la vita

Roberto Catani

2018 - 5 minutes

France, Italie - Animation

Production : Miyu Productions, Withstand Film

synopsis

Au cours d’un voyage aux origines de leur mémoire, une femme et un homme retracent les moments les plus importants de leur histoire d’amour.

Roberto Catani

Né le 12 mars 1965 à Jesi, dans la région des Marches, Roberto Catani est un réalisateur italien de films d'animation, qui a débuté dans les années 1990 avec Le poisson rouge (1995). La kermesse et La sagra ont suivi en 1998, avant Le funambule en 2002 et La tête dans les nuages en 2013.

Per tutta la vita (2018) remporta le Prix spécial du jury au Festival d'Hiroshima en 2020 et quelques années se sont écoulées avant que Le pantin et la baleine, son dernier film en date, soit présenté à la Mostra de Venise 2024, puis en compétition nationale au Festival de Clermont-Ferrand en 2025, y remportant le Prix SACD du meilleur film d'animation francophone.

Critique

Depuis les années 1990, Roberto Catani partage son temps entre l’enseignement, l’illustration et le cinéma d’animation, dans lequel il déploie un style immédiatement reconnaissable, à la fois par son esthétique picturale, sa fluidité et sa poésie. Dans Per tutta la vita (2018), il nous plonge dans les souvenirs d’un couple venant de se séparer. Construit à la fois comme un long flashback et comme un plan-séquence quasi ininterrompu, le film nous raconte par bribes ce que fut l’histoire d’amour des deux personnages.

Imitant la pensée, qui fonctionne par association d’idées ou de motifs visuels, il parcourt des souvenirs qui s’enchaînent avec virtuosité dans ce qui semble être un seul et unique mouvement. Pour obtenir cette sensation, il recrée l’effet du travelling arrière, qui dévoile sans cesse un nouveau point de vue sur la réalité. Chaque élément visible à l’écran devient ainsi tour à tour la partie d’un autre, dans un jeu de transformation et de basculement d’échelle vertigineux. Ce qui, en gros plan, était une piscine prend avec du recul l’apparence d’une assiette de soupe. Un personnage fait de la balançoire sur ce qui s’avère au bout de quelques secondes être le doigt d’un autre personnage qui court dans la forêt. Un chapiteau coloré se mue en un coquillage abandonné sur la plage. Et ainsi de suite, dans une succession de métamorphoses joyeuses et espiègles qui donne l’impression d’un flux continu de visions et d’apparitions.

Cette écriture métaphorique, qui passe principalement par l’image et le mouvement, n’a besoin ni de dialogues, ni de narration classique pour exprimer une multitude de sentiments. D’une part, le spectateur retrouve en filigrane des situations familières – et les émotions qui vont avec : un moment de complicité, une rencontre, un mariage… De l’autre, le film prend à contrepied la tragédie de la séparation en choisissant de se réjouir des bons moments passés ensemble, plutôt que de ressasser leur fin.

Cette légèreté douce-amère, à l’ambivalence évidente, est notamment portée par la bande sonore, qui recourt pour beaucoup aux motifs de la musique circassienne, sorte de fil rouge du récit. Il faut être à la fois équilibriste et magicien, clown joyeux et dompteur émérite pour traverser les montagnes russes d’un grand amour, et les vivre le plus pleinement possible. C’est en tout cas ce que semble nous dire Roberto Catani à travers cette rêverie colorée et ludique, aux accents presque enfantins, qui décrit avec beaucoup de poésie la complexité d’un sentiment à la fois universel et intimement propre à chacun.

Marie-Pauline Mollaret

Réalisation, scénario et animation : Roberto Catani. Montage : Roberto Catani et Francesco Zano Zanotti. Son : Andrea Martignoni et Lionel Guenoun. Musique originale : Andrea Martignoni. Production : Miyu Productions et Withstand Film.

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