
2013 - 20 minutes
France - Fiction
Production : La Mer à Boire Productions
synopsis
Hafsia, étudiante en histoire de l’art, va devoir enlever son hijab pour passer un oral. Elle se rend au Musée du Louvre pour observer l’œuvre qu’elle va devoir commenter.
biographie
Sébastien Bailly
Né en 1976 à Brive-la-Gaillarde, Sébastien Bailly a réalisé plusieurs courts métrages de fiction : La fille du hasard (1998), Si les étoiles… (2000), Villa Corpus (2005), Douce (2011), Où je mets ma pudeur (avec Hafsia Herzi, 2013) et Une histoire de France (2015).
Où je mets ma pudeur a été sélectionné dans plus de 60 festivals dans le monde, a remporté 16 prix et a été nommé aux César 2015 du meilleur court métrage.
En 2018, ses trois derniers courts métrages consacrés à des portraits de femmes sont rassemblés en programme sous le titre Féminin plurielles.
Connu aussi pour avoir créé en 2004 – et dirigé jusqu'en 2014 – les Rencontres européennes du moyen métrage dans sa ville natale, Sébastien Bailly mène à bien son premier long en 2022 : Comme une actrice, qui réunit Julie Gayet, Benjmain Biolay et Agathe Bonitzer, est distribué au cinéma le 8 mars 2023.
Critique
Dans son cinquième court métrage, présenté en compétition au dernier festival Côté court de Pantin, Sébastien Bailly met en scène Hafsia (Hafsia Herzi), étudiante en histoire de l’art. Sa différence ? En cours, pendant son footing ou chez elle, ses cheveux sont couverts. Elle porte le hijab. Mais rapidement, comme l’on pouvait s’y attendre, ce voile va lui poser problème. En ces temps de débat sur le port du voile, où la peur de l’Islam radical se mêle bien souvent à l’ignorance, le réalisateur nous met en face d’une jeune femme moderne, bien dans sa peau, bien que timide, et qui a choisi de porter ce voile. L’habilité de Sébastien Bailly intervient dès la troisième minute du film : en une seule réplique d’Hafsia, il tord le cou aux idées reçues...
Si le voile blanc que porte Hafsia crée une certaine distance entre elle et le spectateur, le réalisateur a choisi de placer sa caméra toujours au plus près du visage de sa comédienne, recréant ainsi un sentiment d’intimité. Usant souvent du clair-obscur, ses plans ressemblent aux tableaux qu’Hafsia étudie. Hafsia Herzi se fait alors muse du réalisateur qui, à la manière d’un peintre, la met en scène après son bain. Le réalisateur dresse ensuite un parallèle éloquent entre son personnage et La grande odalisque d’Ingres qu’elle a choisie pour son examen. Le montage alterné entre les visages crée comme une intimité entre les deux femmes, peinture et cinéma se répondent, s’entremêlent aussi bien dans le scénario que dans l’association des images.
Mais ce parallèle entre ces deux figures féminines permet aussi à la jeune femme d’affirmer sa différence. Quand Hafsia présente le tableau lors de son exposé, face à la caméra, dans la lumière du rétroprojecteur, son analyse sonne comme un manifeste. Le film agit sur le spectateur, nous questionne sur notre rapport à ces femmes voilées, mais montre aussi le chemin parcouru par une jeune femme pour trouver sa place dans la société et appréhender son rapport à autrui.
Cécile Guthleben
Article paru dans Bref n°108, 2013.
Réalisation et scénario : Sébastien Bailly. Image : Sylvain Verdet. Montage : Cécile Frey. Son : Marie-Clotilde Chéry, Alexandre Hecker et Christophe Leroy. Musique originale : Laurent Levesque. Interprétation : Hafsia Herzi, Marie Rivière, Bastien Bouillon, Donia Éden et Abdallah Moundy. Production : La Mer à Boire Productions.