Extrait
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Omaha Beach

Valentine Cadic

2020 - 24 minutes

France - Fiction

Production : Les Filmeuses

synopsis

Juliette cherche son ami d’enfance Tobias qui a sauté en parachute pour les reconstitutions du débarquement de Normandie. Des milliers de passionnés en costumes d’époque rejouent la guerre et la libération.

Valentine Cadic

Née en 1996, Valentine Cadic est réalisatrice et comédienne. On l'a vue ainsi, entre autres, devant la caméra de Léa Mysius dans son court métrage de la Fémis Les oiseaux tonnerre, en 2013, puis dans son premier long, Ava, en 2017.

Valentine Cadic a fréquenté l'école de théâtre Les Enfants terribles et a étudié à l'Université de Paris-8 en L3 Cinéma et en Master en réalisation. Elle est également membre fondatrice de l'association Les Filmeuses, créée en 2020.

La même année, elle réalisait son premier court métrage : Omaha Beach. Le film, tourné en Normandie, était alors sélectionné à Brest, à Clermont-Ferrand et à Côté court, à Pantin.

Conçu dans le cadre de la Résidence des 168 heures, dans les Alpes, Les grandes vacances suivait en 2022 et se voyait sélectionné pour concourir au César du court métrage de fiction l'année suivante après avoir circulé dans de nombreuses manifestations majeures (Brest, Clermont-Ferrand, Contis, La Bourboule, Moulins, Sarlat…) et valu à sa comédienne Blandine Madec le Prix d'interprétation féminine à Côté court.

Valentine Cadic achève également en 2022 son film de fin d'études, La nuit n'en finit plus, présenté à son tour à Pantin, en compétition Essai/Art vidéo. On a pu aussi la voir parallèlement comme actrice dans La vérité d'Hirokazu Kore-eda (2019) et Le bal des folles de Mélanie Laurent (2021).

En 2024, son nouveau court métrage documentaire, La saisonnière, est produit par Tripode Productions. Elle développe alors également un projet de premier long métrage, qui sera tourné durant les Olympiades à Paris : Les jeux.

Critique

Au détour d’un simple panoramique, Omaha Beach parvient à associer la douleur de Juliette, ébranlée par une séparation amoureuse, à la plage qui fut l’un des témoins du débarquement américain et des violences de la Seconde Guerre mondiale. À travers les mots d’adieu de son ancien compagnon, puis ses propres pleurs résonnant en off, le film figure avec une semblable économie de moyens la tourmente de son héroïne. Les variations lumineuses sur les murs de son hôtel, qui passent de l’ombre à la lumière, laissent pourtant présager d’une éclaircie.

En arrivant sur la plage normande en pleine commémoration, Juliette se confronte au passé de diverses manières. Les images d’archive de la guerre et sa reconstitution par l’intermédiaire des accessoires et des éléments de décors tels que les chars et les fusils, des costumes militaires, des tenues années 1940 ou encore la musique jazz, la mettent ainsi aux prises avec l’Histoire. À une échelle plus intime, elle fait également face à sa propre histoire en revenant dans le lieu qui l’a vu grandir comme le laissent supposer ses retrouvailles avec un ami d’enfance, puis avec d’anciennes camarades. Les plans larges représentent Juliette seule et perdue parmi la foule, dont l’humeur festive tranche avec son désespoir. Alors qu’elle semble avoir pris de la distance par rapport à son milieu d’origine, se moquant des coutumes locales, elle renoue finalement avec l’héritage familial en acceptant de revêtir la robe de sa grand-mère. La descente des parachutistes, tels des méduses ou des fleurs tombant du ciel, laisse alors entrevoir un soupçon de beauté au milieu de la tragédie.

Une suite de hasards allant de la disparition de son ami et de la participation improbable à un concours de miss jusqu’à la rencontre avec un inconnu l’entraînent presque malgré elle à lâcher prise. Rétive, elle décline d’abord le verre que lui propose le jeune homme avant de lui accorder progressivement un sourire, une danse, puis d’accepter qu’il la suive. Tous les évènements semblent en effet la guider sur cette plage où, à l’occasion d’un bain de minuit, Juliette brave la tempête dans un élan libérateur. Elle se débarrasse alors de ses vêtements comme de sa tristesse, sortant de son isolement pour enfin s’ouvrir à l’autre.

Chloé Cavillier

Réalisation et scénario : Valentine Cadic. Image : Éva Mathis et Clément Apertet. Montage : Pierre Deschamps. Son : Elliott Deotto et Adriano Cerone. Musique originale : Cyril Guyot. Interprétation : Valentine Cadic, Tobias Nuytten et Padrig Vion. Production : Les Filmeuses.

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