Extrait
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Nous ne serons plus jamais seuls

Yann Gonzalez

2012 - 10 minutes

France - Fiction

Production : Sedna Films

synopsis

La nuit, une fête. Des adolescents dansent et tombent amoureux comme si c’était la première et la dernière fois.

Yann Gonzalez

Yann Gonzalez est né à Nice en 1977. Après des études universitaires de cinéma et un mémoire de maîtrise sur “La figure de la femme dans le porno amateur”, il collabore avec diverses revues artistiques (Têtu, Max, Chronic’art, Vogue).

À partir de 2006, il réalise plusieurs courts métrages sélectionnés à Cannes, notamment, comme By the Kiss (2006), Les astres noirs (2009) et Nous ne serons plus jamais seuls (2012). En 2013, le cinéaste sort son premier long métrage, Les rencontres d’après minuit. Il s’agit de la préparation d'une orgie par un jeune couple – interprété par Kate Moran et Niels Schneider – et leur gouvernante travestie.

Yann Gonzalez revient au format court avec Les îles (2017) qui remporte le Grand prix fiction du Festival de Vila do Conde. En 2018 sort son second long métrage, Un couteau dans le cœur, avec Vanessa Paradis, Kate Moran et Nicolas Maury, qui a reçu le Prix Jean-Vigo 2018 du long métrage (ex-aequo).

Nouveau retour au court pour le réalisateur, et doublement, en 2021 et 2022, avec Fou de Bassan et Hideous. Devenu également producteur, au sein de Venin Films (qu'il crée en 2020 avec Elina Löwensohn, Flavien Giorda et Bertrand Mandico), il est ainsi à l'œuvre sur, entre autres, Mars exalté de Jean-Sébastien Chauvin (2022), J'ai vu le visage du diable de Julia Kowalski (2023) ou encore Anapidae (Appelle-moi) de Mathieu Morel (2024).

Il devrait retrouver au printemps 2025 Vanessa Paradis pour le tournage d'un nouveau long métrage en tant que réalisateur : J’oublierai ton nom.

Critique

On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans”, écrivait Rimbaud en 1870. Plus d’un siècle plus tard, les adolescents ne le sont toujours pas. Ils sont même pires. Ils boivent, fument, dansent, le tout dans un tourbillon de sentiments perturbants et contradictoires. Ils vivent la vie plus fort, quitte à effleurer la mort. C’est à tout cela que touche Nous ne serons plus jamais seuls de Yann Gonzalez, réalisé dans le cadre de la collection “Nos désirs1” et présenté en compétition “fiction” au dernier festival Côté court de Pantin.

En seulement dix minutes et sans dialogue, le réalisateur offre au spectateur une bouffée d’adolescence qui est de l’ordre de la sensation. Pour cela, il a notamment recours aux trucages : apparition/disparition ou plan stroboscopique. Même si les acteurs non professionnels (trouvés lors d’un casting à Nantes) peuvent avoir quelque chose d’agaçant, tant ils sont conformes aux stéréotypes des ados au look punk-rock vus partout, y compris dans les publicités, ils n’en sont pas moins bouleversants. Les filles notamment, lorsque leurs visages se crispent d’angoisse ou de douleur.

La trouvaille du film se situe dans l’utilisation d’une musique pour chacune des deux parties distinctes du film. D’abord la fête, avec un morceau (“Come See”, du groupe Belong) qui a des airs de battements de cœur ultra-rapides. Malgré lui, le spectateur vibre alors au même rythme que les adolescents. Puis le silence : après l’euphorie vient l’effroi. “Ne jamais crever” écrits sur un mur, un cri muet et un zoom avant vers cette inscription témoignent du trouble vécu par la blonde adolescente. Puis tout s’éclaire peu à peu. Et la musique fait son retour avec un morceau original composé par le frère du réalisateur, Anthony Gonzalez, plus connu sous le nom de M83, dont la ligne de basse, d’abord lente, s’accélère peu à peu, rappelant toujours les battements de cœur de la jeune fille au centre de l’écran. Cette accélération concorde avec une envolée vers les aigus, résolument lumineuse et porteuse d’espoir. Après les ténèbres, tout s’éclaire…

Cécile Guthleben

1. Cette informelle collection de courts métrages a été lancée par le cinéaste Cheng-Chui Kuo il y a près de trois ans. Celui-ci a proposé à quelques amis réalisateurs de signer un court métrage en Super 8 noir et blanc autour du thème du désir. Son of a Gun d’Antoine Barraud et Claire Doyon (2011) s’y inscrivait. Un film de Caroline Deruas devrait suivre.

Article paru dans Bref n°104-105, 2012.

Réalisation et scénario : Yann Gonzalez. Image : Thomas Favel. Son : Damien Boitel et Xavier Thieulin. Montage : Thomas Marchand. Musique originale : Anthony Gonzalez. Interprétation : Claire Ballu, Megan Northam et Guilhem Logerot. Production : Sedna Films.