
2022 - 51 minutes
France - Fiction
Production : Hippocampe Productions
synopsis
Deux vampires font du stop sur les routes de France. Leur destination : Marinaleda, une petite ville d’Andalousie. Suite à un quiproquo, ils rencontrent Lise, une jeune femme qui leur propose de les héberger pour la nuit.
biographie
Louis Séguin
Né à Paris en 1987, Louis Séguin est d’abord venu au cinéma par la critique de films. Il a commencé par écrire pour Trois couleurs et Transfuge, puis les Cahiers du cinéma (il est aussi à l’origine de la programmation du cycle “Un été à Paris” au cinéma L’Arlequin).
Sur une durée de moyen métrage, Les ronds-points de l’hiver, coréalisé avec Laura Tuillier, est en 2016 son premier film. Il signe ensuite Saint-Jacques Gay-Lussac en 2018 et Bus 96 l'année suivante. Les deux films sont sélectionnés au Festival Côté court de Pantin.
On peut le voir alors devant la caméra, en tant qu'acteur, dans plusieurs autres courts métrages dont il assure aussi le plus souvent le montage : Pour Elsa de Carmen Leroi (2020), 40A service Pierrick de Quentin Papapietro (2020), Maison blanche d'Hugues Perrot (2021), Castells de Blanca Camel Galí (2022), etc.
Toujours sur un format de moyen métrage, Marinaleda est sélectionné et primé à Brive et Pantin en 2023, avant de trouver le chemin d'une distribution en salles à l'été, sous la houlette de sa société de production, Hippocampe Productions. Le réalisateur s'essaie en 2024 à une durée plus courte à travers 8ème étage, produit par Barberousse Films et à son tour présenté à Côté court, à Pantin.
Critique
Si Marinaleda débute à la manière d’un conte d’été, dans lequel deux amis discutent des mérites respectifs des juilletistes et des aoûtiens ou philosophent sur l’art de faire du stop, le court métrage opère une sortie de route lorsqu’une voiture se renverse sous leurs yeux. Basculant alors du jour à la nuit puis de l’extérieur à l’intérieur, le film glisse progressivement vers une atmosphère plus intimiste et voit ses protagonistes évoluer : Sastefanus, le plus sociable, se fait ainsi plus sérieux tandis que le farouche Kyrie semble se détendre. D’abord réticents à l’idée de dormir chez Lise, une jeune conductrice qui les fait monter à bord de sa voiture à la suite de l’accident, les protagonistes se prennent finalement d’affection pour leur hôte farfelue jusqu’à lui révéler leur véritable identité : celle de vampires assez peu ordinaires.
Ici nul manoir obscur, ni canines acérées ou gousses d’ail à l’horizon : quelques tubes de crème solaire, du faux sang versé dans des bouteilles de Cristalline, des prénoms ou des récits qui semblent dater d’un temps ancien suffisent à nous mettre sur la voie. Avec une grande économie de moyens, le cinéaste parvient à nous faire croire à ses personnages de vampires, qui se révèlent bien plus comiques et attachants qu’effrayants. Comparé à une forme d’ivresse, le vampirisme conserve ici sa dimension sensuelle, figurée par une lumière chaude et tamisée ainsi que des plans resserrés permettant d’observer le rapprochement des corps. Les suceurs de sang ont toutefois une éthique et ne mordent pas sans consentement de la même manière qu’ils choisissent leurs victimes parmi les personnes déjà mortes ou proches de la fin.
Leur décalage avec la société qui les entoure se lit aussi bien dans la fixité de leur regard, la rigidité de leur posture et leur diction peu naturelle que dans leur ignorance de la technologie ou des règles de bienséance les plus élémentaires, comme le fait de devoir s’habiller en présence d’autrui. Errant sur les routes depuis trop longtemps (“No soy de aquí ni soy de allá” / “Je ne suis ni d’ici ni d’ailleurs”, chante Kyrie dans une reprise improvisée de Facundo Cabral), le duo espère en finir avec la solitude et trouver la solidarité en Espagne, dans le village communiste de Marinaleda qui donne son titre à ce road-movie singulier. Les images de leur séjour andalou, qui apparaissent pendant le générique de fin, constituent de ce point de vue le happy-end d’un film résolument inventif.
Chloé Cavillier
Réalisation : Louis Séguin. Scénario : Simon Cornaz et Louis Séguin. Image : Martin Rit. Montage : Léo Richard. Son : Elton Rabineau, Antoine Bailly et Simon Apostolou. Interprétation : Pauline Belle, Luc Chessel, François Rivière, Marie Rivière, Aurélien Gabrielli et Quentin Papapietro. Production : Hippocampe Productions.