
2023 - 25 minutes
France - Fiction
Production : Fumigènes Films, La Résidence des 168 heures
synopsis
Un criminel en cavale est recherché en montagne. C’est le moment qu’a choisi Romane pour monter dans le chalet de sa famille et s’atteler à l’écriture de sa thèse sur un célèbre contrebandier du XVIIIe siècle. Quand elle découvre que le chalet a été squatté par un inconnu, Romane entreprend de mener l’enquête.
biographie
Héloïse Fressoz
Après une classe d'Hypokhâgne et un cursus à Paris III, Héloïse Fressoz a écrit pour le théâtre avant de se former au scénario à la Fémis, dont elle est sortie diplômée en 2021. Elle y a réalisé Un mois après la nuit, qui a été primé à Premiers plans, à Angers (Prix Arte France) et à Brest (mention spéciale du jury). Il a aussi été présenté au festival IndieLisboa, au Portugal.
Malandrin, son second court métrage tourné en Savoie dans le cadre de la Résidence des 168 heures, a été présenté à Clermont-Ferrand, à Contis, à Lille et à Côté court, à Pantin, en 2024.
Aujourd'hui, elle coécrit avec différents auteurs tout en développant ses projets : elle a tourné un troisième film court, L’incendie du Cinq-Sept, et développe son premier long métrage : Les avalanches.
Elle mène aussi un travail de médiation en ateliers (en centre pénitentiaire, associations et lycées ou écoles primaires).
Critique
Sur une petite route de montagne, une voiture zigzague. Le cadre est fixe, le temps clair, estival. En off, depuis la radio du véhicule observé de loin, on apprend qu’un prisonnier s’est évadé. Le décor est paisible, presque imperturbable, et pourtant, c’est bien ici, en Haute Savoie, que se déroule une chasse à l’homme pour retrouver un dangereux criminel accusé du meurtre d’une femme. Il n’est pas anodin qu’Héloïse Fressoz visiblement moins inspirée par le fait divers retenu en hors champ durant tout le film que par la question des apparences, filme la haute montagne en plein été.
Sous son regard, le paysage dépouillé de neige et de touristes semble flottant et vide. Il en émane une sorte de plénitude un peu inquiète. Dès sa séquence d’ouverture, Malandrin expose avec un vrai sens du cadre et de la dramaturgie cette apparente sobriété, cette économie de moyen (le film s’est fait en équipe très réduite dans le cadre de la Résidence des 168 heures où la fabrication des films, du tournage au montage, est limitée à sept jours), qui font toute son éclatante réussite.
Pour son deuxième film après Un mois après la nuit, Héloïse Fressoz, passée par les rangs de la Fémis en section scénario, met en scène une étudiante (Lucie Gallo, très juste pour trouver un équilibre entre les deux versants d'un tempérament exalté d’un côté, plus secret et tourmenté de l’autre) venue s’installer dans la maison familiale isolée pour mener à bien l’écriture de sa thèse d’histoire. Son sujet : la présence de la contrebande française dans le massif des Bauges et l’étude de Louis Mandrin, célèbre contrebandier français du XVIIIe siècle qui se serait, à l’époque, planqué dans la région. Il n’en faut pas plus à Romane et à sa curiosité débridée pour établir des ponts et des corrélations entre le sujet de ses travaux de recherche, l’affaire qui agite les environs et la rencontre étrange avec un garçon (Achille Reggiani) qu’elle surprend à squatter sa maison et qu’elle entrevoit immédiatement comme le coupable idéal. Solidaire de l’esprit intrigué et défiant de son héroïne, Malandrin avance comme Romane, à tâtons et s’interroge : la physionomie de cet homme, son allure fruste, son air grave, son mode de vie marginal suffisent-ils à faire de lui ce dangereux criminel dont tout le monde parle ? Au gré de ses projections et de ses interrogations fantasmées, Malandrin se défait doucement de son intrigue pour s’abandonner aux bienfaits magiques d’une rencontre et à tout ce qu’elle chamboule et vient redéfinir dans la vie d’une personne.
Sous ses airs de petit polar, le film finit par fredonner une mélodie très émouvante parce que très pertinente sur la solitude et la force de l’imaginaire, sur cette circulation vertueuse, mais pas forcément évidente, qu’il existe entre la théorie et la pratique, entre l’art et la vie, entre les histoires qu’on lit, celles qu’on s’invente et, enfin, celles qu’on se décide à vivre.
Marilou Duponchel
Réalisation et scénario : Héloïse Fressoz. Image : Quentin Lacombe. Montage : Nathan Goubet. Son : Yannis Do Couto, Adrien Cannepin et Théo Cancelli. Musique originale : Simon Avérous et Théo Cancelli. Interprétation : Lucie Gallo, Achille Reggiani, Louis Joly, Marius Ciesla Lhuillier et Alwynn Le Sone Viallet. Production : Fumigènes Films et La Résidence des 168 heures.