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Mademoiselle Kiki et les Montparnos

Amélie Harrault

2013 - 14 minutes

France - Animation

Production : Les trois ours

synopsis

Kiki de Montparnasse était la muse infatigable des grands peintres avant-gardistes du début du vingtième siècle. Témoin incontestable d’un Montparnasse flamboyant, elle s’émancipera de son statut de simple modèle et deviendra reine de la nuit, peintre, dessinatrice de presse, écrivain et chanteuse de cabaret.

Amélie Harrault

Amélie Harrault est née en 1982 à Saumur, dans le Maine-et-Loire. Après ses études à l’École des Beaux-Arts de Toulouse, puis à l’EMCA (École des métiers du cinéma d’animation) d’Angoulême, elle réalise son premier court métrage d’animation hors cadre scolaire : Mademoiselle Kiki et les Montparnos.

Durant cette période, elle a également travaillé en tant que coloriste sur le pilote de C’est bon !, réalisé par Serge Elissalde, ainsi que sur le court métrage Betty Blues de Rémi Vandenitte. Elle a aussi animé des ateliers de découverte de l’animation pour enfants et adultes et illustré deux ouvrages de poésie de Pierre Soletti : La gare (éditions Du soir au matin, 2009) et Je dirais que j’ai raté le train (éditions Les carnets du dessert de Lune, 2012).

Après l’immense succès international de Mademoiselle Kiki..., qui décroche le César du court métrage d’animation en 2014, Amélie Harrault travaille en compagnie de Pauline Gaillard et Valérie Loiseleux sur la série documentaire d’Arte Les aventuriers de l’art moderne. Elle est également directrice artistique du studio Silex Animation à Angoulême depuis 2014. En 2016, elle a réalisé un clip pour la chanson “Le monde moderne” de Calogero.

En 2024, elle achève une nouvelle série animée de grande ampleur, L'armée des romantiques, qui est diffusée en quatre épisodes sur Arte.

Critique

Le projet d'Amélie Harrault, pour son premier film, n’était pas sans écueil. Son parti pris d’évoquer la vie de Kiki de Montparnasse en mimant les styles des peintres qu’elle a rencontrés aurait pu tourner au quiz culturel ou à l’hommage pieux. Or c’est le tourbillon de la vie qui prend le dessus. D’abord, il y a le récit, le plus souvent puisé dans les mémoires du fameux modèle avec son écriture franche, sans effets et parsemée d’expressions populaires comme “faire déguerpir les totos”, “dégotter un galure en satin”, “ça fait la rue Michel”, qui apparaîtront pour certains comme (trop ?) pittoresques et, pour d’autres, éveilleront des souvenirs. Marie-Christine Orry, la voix de Kiki, jouant d’un vague accent parigot et d’un zeste de gouaille, transmet cette énergie avec laquelle cette gamine très tôt sortie de l’école, originaire d’un petit village de Bourgogne, cette bâtarde, comme elle se qualifie elle-même, devenue une femme indépendante, se retrouva une familière et le modèle de ces artistes bientôt célèbres et qu’elle rejoignait à La Rotonde ou à La Coupole : Utrillo, Foujita, Man Ray, Modigliani, Kisling...

Amélie Harrault restitue le parcours de Kiki dans le tournoiement de peintures et de styles qui font le quotidien du modèle, la sève et le sel de son existence, son bonheur aussi. “Elle était belle, la vie avec Henri. Tout semblait facile.” lance-t-elle tandis qu’on la voit dans la décapotable d’Henri Broca puis, à son bras, s’arrêtant devant la librairie Shakespeare et compagnie.

Ce faisant, ce film d’animation – sans doute rigoureusement documenté – prendrait presque la force d’un documentaire. Les rues, le tramway, les façades et les intérieurs des bars ou des salles de spectacle, le Paris de ces célèbres années semblent renaître sous nos yeux.

Mais avec l’évocation de la vie réelle surgissent fatalement la sensation de l’écoulement du temps et les bouffées de nostalgie qui l’accompagnent, comme ce moment où la muse de Montparnasse vieillissante, devant son gramophone, écoute la voix de la vraie Kiki interpréter “Là-haut sur la butte”, une de ces chansons d’alors qui se complaisent dans les souvenirs de la jeunesse. L’émotion est alors à son comble.

Jacques Kermabon

Article paru dans Bref n°107, 2013.

Réalisation, scénario et image : Amélie Harrault. Son : Yan Volsy. Montage : Rodolphe Ploquin. Musique : Olivier Daviaud. Animation : Serge Elissalde, Amélie Harrault et Lucile Duchemin. Interprétation : Céline Lambert, Marie-Christine Orry, Jean-Pierre de Giorgio, Nathalie Sappa, Matthew Geczy, Yan Volsy, Eriko Takeda, Nouritza Emmanuelian, Alice Benoist d'Etiveaud, Alan Czarnecki et Serge Elissalde. Production : Les Trois ours.

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