Extrait
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Les yeux du renard

Sébastien Laudenbach, Chiara Malta

2012 - 8 minutes

France - Animation

Production : Ferris & Brockman

synopsis

Et si le chien n’avait pas pissé ? Si le renard n’avait pas traversé la forêt ? S’il n’était pas passé par la caverne ? Aurait-il pu regarder avec ses yeux vrais ?

Sébastien Laudenbach

Né en 1973, Sébastien Laudenbach est réalisateur de films d’animation et illustrateur, auteur de huit courts métrages convoquant des techniques variées (dont Des câlins dans les cuisines et l’animation en sable Vasco). Son travail a été sélectionné et primé dans de nombreux festivals internationaux : Clermont-Ferrand, Annecy, New York, Montréal, Hiroshima, São Paulo ou la Semaine de la critique à Cannes...

Il a aussi conçu, en tant que graphiste, des affiches de films (La fille du 14 juillet, d’Antonin Peretjatko, 2013) et des génériques, notamment pour Emmanuel Mouret (Promène-toi donc tout nu, Laissons Lucie faire !, Fais-moi plaisir !, Vénus et Fleur), et des affiches de festivals : Vendôme 2010, l’Acid lors du festival de Cannes 2012, Bruz 2015, etc.

Depuis 2014, il collabore avec Luc Bénazet, poète, sur une collection de films de poésies, et a mené à bien la fabrication solitaire d’un long métrage en dessins animés inspiré du conte des frères Grimm La jeune fille sans mains. Présenté à l’ACID à Cannes, le film est distribué en salles en décembre 2016.

Il n'abandonne pas le format court et signe pour la 3ème Scène de l'Opéra de Paris Vibrato en 2017. Il s'adonne aussi à la prise de vue réelle avec Chiara Malta, sa compagne à la ville, sur les courts métrages Les yeux du renard (2012) et A comme Azur (2021). Tous deux travaillent aussi à quatre mains sur le long métrage d'animation Linda veut du poulet !, qui est présenté par l'Acid au Festival de Cannes 2023.

Sébastien Laudenbach est par ailleurs enseignant à l’Ensad (École nationale supérieure des Arts décoratifs) depuis 2001 et intervient ponctuellement à La Poudrière et à l’EMCA.

Chiara Malta

Chiara Malta est née à Rome en 1977 et vit à Paris depuis 2002. Diplômée en études cinématographiques à l’université de Rome, elle a fréquenté les Ateliers Varan à Paris et a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome.

Son documentaire Armando et la politique (2008), présenté en ouverture du Festival de Turin, a été diffusé dans la case La lucarne sur Arte. Scénariste et réalisatrice de nombreux courts métrages mêlant images d’archives, animation et prises de vue réelles (L'isle en 2005, L'amour à trois et J'attends une femme en 2010, etc.), elle réalise Simple Women (2019), son premier long métrage de fiction. Présenté en ouverture de la section “Discovery” du Festival de Toronto et interprété par Jasmine Trinca et Elina Löwensohn, le film est resté inédit en salles en France.

Chiara Malta a enchaîné un long métrage d’animation, Linda veut du poulet !, coréalisé par Sébastien Laudenbach, à l'instar des courts métrages Les yeux du renard (2012) et A comme Azur (2021). Elle prépare également une adaptation du roman Avec les pires intentions d’Alessandro Piperno .

Linda veut du poulet !, présenté par l'Acid au Festival de Cannes en 2023, sera distribué au cinéma à l'automne prochain.

Critique

“C. Malta + S. Laudenbach” – ainsi apparaissent-ils, nommés à la craie sur le sol, dans le dernier plan –, Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, donc, font des films. D’animation (lui). Expérimentaux ou documentaires (elle). Ceux-ci, de Journal J’attends une femme, sont pétris de matière intime et d’autobiographie. Ils s’y sont déjà mis en scène ensemble (L’isle en 2005) et, depuis, un garçon puis une fille sont nés. Les yeux du renard, le premier qu’ils réalisent à deux et où ils filment Milo, leur fils, célèbre d’une certaine manière cela.

C’est en partie tourné en Super 8 mais, attention, ce n’est pas un home movie (ou presque pas). C’est un conte, une fiction où les nuages se métamorphosent en matière enchanteresse par la grâce d’une superposition, où les forêts et les grottes recèlent leur lot de mystères, où la fantaisie féerique se déploie en sourdine et où les chiens pissent des pièces d’or. Affublé d’un masque de renard, l’enfant s’éveille, part à l’école, comme “chassé” par la mère qui doit, imagine-t-on, s’occuper de sa petite sœur. Saisi en quelques vignettes naïves dans des postures dynamiques, comme en mouvement, mais figé dans une case de BD, tel est le jeune héros qu’un raccord projette du seuil de son appartement jusque devant la porte de l’école. D’un plan à l’autre – croissant dans une main, brosse à dents dans l’autre –, s’ouvre, comme on disait, “le chemin des écoliers”. L’enfant-renard s’échappe du cadre (la durée des plans s’allonge), déambule dans un Paris à la géographie revisitée au rythme de percussions et de cuivres qui offrent au film sa belle facture sonore et son entêtante énergie.

La balade se termine dans un cinéma où – plan saisissant – d’autres enfants-renards, comme l’attendant, se tournent vers lui d’un même mouvement. Le film projeté – le billet donné à l’entrée en atteste – s’intitule... Les yeux du renard. Ce film serait comme un cadeau ? Les masques enlevés un par un révèlent les visages de marmots hilares dont le générique nous apprendra en toute candeur qu’il s’agit des copains de Milo. Le conte étrange raccorde avec la substance familiale, le film “fait par et avec” se donne à voir comme un film “fait pour”. Pour Milo, pour sa petite sœur et un peu aussi pour ses copains (à chacun desquels, ou presque, est offert un gros plan). Ce n’est pas grand-chose sans doute mais, que voulez-vous, c’est vraiment très beau.

Stéphane Kahn

Article paru dans Bref n°110, 2014.

Réalisation et scénario : Sébastien Laudenbach et Chiara Malta. Image : Marco Serrecchia. Montage : Santi Minasi. Son : Quentin Romanet. Musique originale : Romain Blanc-Tailleur. Interprétation : Milo Laudenbach, Chiara Malta et Sébastien Laudenbach. Production : Ferris & Brockman.

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