2022 - 7 minutes
France - Animation
Production : Novanima
synopsis
Espiègles, sensuelles, et parfois nostalgiques, dix femmes évoquent amour du goût et goût de l’amour.
biographie
Florentine Grelier
Florentine Grelier est née en 1985 à Paris. Après un Bac littéraire, elle se spécialise dans les études artistiques. Ayant intégré un DMA de cinéma d’animation à l’Institut Sainte-Geneviève (Paris), elle s’y découvre un goût prononcé pour le travail de la matière et l’animation image par image et sort diplômée en juin 2006 avec un film de fin d’études utilisant la technique de l’animation en volume : On m’a fait la haine. Elle poursuit des études de réalisation à l’Université Paris VIII à Saint-Denis, où elle se lance dans le court métrage Ru, qu’elle achève dans un cadre professionnel au sein de la société Les Trois ours.
Elle enchaîne alors plusieurs films autoproduits : Sommeil paradoxal, en peinture animée sur pellicule 16 mm ; Pixel Joy, animé entièrement sur Nintendo DS, et Ivres, qui allie… vin et peinture !
Elle enseigne le cinéma d’animation dans plusieurs écoles (notamment l’Atelier de Sèvres) et encadre des ateliers, tout en développant ses propres projets. En 2019, Mon juke-box, qui associe différentes techniques d’animation, est présenté dans de nombreux festivals en France et à l’étranger, recevant le Prix André-Martin du court métrage à Annecy.
Elle signe ensuite avec Francis Gavelle Les petits pois (2022).
Francis Gavelle
Né en 1963 en banlieue parisienne, Francis Gavelle produit et anime depuis 1998 une émission dédiée à la littérature, à la musique et au cinéma (“Longtemps, je me suis couché de bonne heure”, sur l'antenne de Radio Libertaire). En parallèle de son émission, il participe, de 2001 à 2011, au comité de sélection “courts métrages” à la Semaine de la Critique de Cannes et devient membre du Jury de la Caméra d'Or en 2012.
Également membre de diverses commissions (Prix de qualité du CNC, Comité animation des César, Aide à la postproduction de Cinémas 93, Résidence animation de Ciclic), il participe, par ailleurs, à la programmation de différents festivals et autres manifestations : Annecy, Brive, Bruz, “Le Goût du court” au cinéma Le Balzac.
En 2015, il initie le Prix André-Martin, soutenu par l'AFCA et le Festival international du film d'animation d'Annecy, avant de coréaliser, l'année suivante, avec Claire Inguimberty, le court métrage d'animation Cour de récré.
Il signe ensuite avec Florentine Grelier Les petits pois (2022).
Critique
Après Sommeil paradoxal sur pellicule 16 mm et Pixel Joy sur Nintendo DS, Florentine Grelier poursuit son exploration de l’animation érotique et clôture sa trilogie de films libres, carrés et violets, avec Les petits pois, un court métrage en pastel animé.
Fidèle à son approche singulière et spontanée, elle explore à nouveau les nuances de l’intime en s'appuyant sur un texte poétique de Francis Gavelle, au contenu fortement narratif, sous-tendant ainsi la possibilité d’une facture artisanale. Conté par les voix de dix femmes, tour à tour espiègles ou nostalgiques, le texte propose une lecture à deux vitesses : “Au fait, c’est quoi le rapport entre les petits pois et toi ? Si ce n’est que vous êtes tous les deux sur ma langue et dans mon ventre.” Loin des conventions narratives, ces voix se font écho, s’entrelacent, osent un cri ou laissent échapper un sanglot. Par la répétition rythmique, les formes s’amusent des facéties de l’amour et se transforment, passant des lèvres aux cosses de pois.
Le petit format rend visible le geste et la matérialité de l’image. Entre abstraction et figuration, il joue sur des sensations fugaces, convoquant ainsi les réminiscences d'une mémoire évanescente. Les allégories poétiques aux teintes vives, à dominante rose et mauve, insufflent un surplus de fantaisie et de liberté, en passant par des passages déstructurés flirtant avec le cinéma expérimental. Tantôt dans l’illustration, tantôt dans le contrepoint, les traces du pastel sur le papier confèrent à l’image une texture vibrante, continuellement en mouvement. Le spectateur – alors emporté par le flux continu du dessin – découvre des morceaux de corps dans des plans rapprochés audacieux, mais toujours tendres.
Les mots, parfois crus et décalés, s’expriment d’abord dans une écriture joyeuse, puis, dans de soudaines embardées, se découvrent plus graves. La dernière partie du film se teinte de mots tranchants, et l’écran devient une surface déchiquetée, mettant en exergue le sentiment d'une fin abrupte. Célébrant une liberté formelle, le poème – tant oral que visuel – s'entrelace avec justesse, invitant à une exploration sensorielle pour traduire à l'écran les métamorphoses du désir. Ce dernier volet de la trilogie témoigne d’une maîtrise du geste et de la matière, où l’animation, libérée de toute convention, bouscule l’attendu et fait naître une émotion brute.
Léa Drevon
Réalisation et scénario : Francis Gavelle et Florentine Grelier. Animation : Florentine Grelier. Son : Antoine Bieber, Pascal Bricard et Nadège Feyrit. Voix : Delphine Burrus, Pauline Cassan, Sofia El Khyari, Jeanne Gavelle, Vergine Keaton, Séverine Lathuillière, Blanche Martin, Delphine Maury, Élise Morin et Aurore Soudieux. Production : Novanima.