Extrait
Partager sur facebook Partager sur twitter

Les héritières

Marie Rosselet-Ruiz, Hélène Rosselet-Ruiz

2020 - 30 minutes

France - Fiction

Production : Orphée Films

synopsis

Hélène et Marie sont sœurs, et ça se voit. Elles ont bientôt 30 ans et financièrement, elles galèrent ! Alors quand elles apprennent en plein été, l’existence d’un héritage surprise, elles décident de partir à sa découverte. Le road trip se révélera être l’occasion pour elles, de se retrouver, de vivre un moment privilégié ensemble mais aussi, de régler leurs comptes.

Marie Rosselet-Ruiz

Née en 1991, Marie Rosselet-Ruiz a commencé sa carrière en tant que comédienne pour le théâtre et le cinéma avant de se tourner vers l’écriture et la réalisation. En 2016, elle est lauréate, avec sa sœur jumelle Hélène, des Talents en court au Comedy Club, et en 2017, elle réalise La Halte, produit par De l’Autre Côté du Périph’ pour la collection “Dans mon hall”. Le film a été sélectionné en compétition à Cinébanlieue et aux Rencontres cinématographiques de Gindou.

En 2018, elle intègre le programme de La Résidence à La Fémis, où elle écrit et réalise Le ciel est clair, son film de fin d’études, sélectionné notamment au Champs-Élysées Film Festival, à Cinébanlieue, à Villeurbanne, à Contis et à Beijing. Elle réalise en 2019, dans le cadre de l’Atelier Ludwigsburg-Paris, Oh Miller ! qui est diffusé sur Arte, et ensuite, en 2022, Lothar 1999, produit par Take Shelter et Moderato. 

En parallèle de ses réalisations individuelles, elle a écrit et réalisé plusieurs films à quatre mains avec sa sœur : Les héritières (2020), Ibiza (2021) et Les reines du mambo (2023). Les trois films ont été sélectionnés à Côté Court, et Ibiza a été shortlisté pour le César du meilleur court métrage de fiction en 2023. 

Marie développe actuellement son premier projet de long métrage, et son premier moyen métrage Deux et plus, encore écrit et réalisé en binôme avec Hélène, a été tourné en fin d’année 2022.

Hélène Rosselet-Ruiz

Née en 1991, Hélène Rosselet-Ruiz a commencé sa carrière en tant que comédienne pour le théâtre et le cinéma avant de se tourner vers l’écriture et la réalisation. En 2015, elle est lauréate de la Plume de cristal du meilleur projet de long métrage de Valence scénario pour sa première écriture en autodidacte, et en 2016, elle intègre les Ateliers Égalité des Chances de La Fémis. La même année, elle est lauréate, avec sa sœur jumelle Marie, des Talents en court au Comedy Club. 

Elle entre au département réalisation de La Fémis en 2018 et en sort diplômée en 2022. Pendant ses quatre ans d’études, elle réalise plusieurs courts métrages, notamment Les mains sales (2021), sélectionné dans de nombreux festivals dont Amiens, Brest, Côté Court, Palm Springs et Cinébanlieue (où il reçoit le Prix SACD) et Pas l’cœur assez grand (2022), son film de fin d’études qui fait l’objet d’un achat par Arte.

En parallèle de ses films réalisés à La Fémis, elle a écrit et réalisé plusieurs films à quatre mains avec sa sœur : Les héritières (2020), Ibiza (2021) et Les reines du mambo (2023). Les trois films ont été sélectionnés à Côté Court, et Ibiza a été shortlisté pour le César du meilleur court métrage de fiction en 2023. 

Hélène Rosselet-Ruiz développe actuellement son premier projet de long métrage, et son premier moyen métrage Deux et plus, encore écrit et réalisé en binôme avec Marie, a été tourné en fin d’année 2022.

Critique

En avoir (ou pas). En 1995, Laetitia Masson débarquait dans le jeune cinéma français avec le portrait éclatant et mélancolique de deux amoureux déclassés. Le film, premier long de son auteure, au beau titre désabusé, regardait alors avec acuité, tendresse et humour la France de ces années-là et sa jeunesse précarisée. Le contexte social s’y révélait plus comme une donnée intégrée, essentielle à l’appréhension des questionnements de ses jeunes personnages en pleine formation que comme un argument obligé du “film à sujet”.

Les héritières a beau être loin du film de Masson (il est court, d’aujourd’hui, co-réalisé, incarné par des sœurs jumelles et porte irrémédiablement en lui la trace de ce lien indéfectible), c’est un film aux qualités proches, qui ne cesse de se demander : c’est quoi, en avoir ou pas ? Et surtout : c’est quoi, avoir de l’argent ou ne pas en avoir en 2020 ? Qu’est-ce que ça change ? Est-ce que ça compte ? En l’occurrence, ici, oui, ça compte puisque, dès l’ouverture du film, on ne parle que de ça : on compte le soir dans un petit hôtel, le temps raisonnable de sommeil qu’il faudra à Marie et Hélène pour reprendre la route du lendemain qui devrait les mener au mystérieux héritage que leur ont laissé leurs parents ; on compte le moindre centime qui permettra d’assurer les frais de ce road-trip à la poursuite de ce qu’elles fantasment comme un trésor ou peut être de ce qu’elles recherchent comme on cherche sa maison…

Compter tout, tout le temps. Si la question est en partie financière, elle se révèle également affective : Les héritières ne précise jamais totalement l’enjeu mais à plusieurs reprises on entendra Marie (moue et maladresse gracieuse d’un personnage de fille-enfant) dire à sa sœur Hélène (qui joue avec malice l’agacement contrarié propre à la relation fusionnelle) qu’elles sont désormais seules, livrées à elles-mêmes, “sans papa et maman.” Alors, comme les orphelines d’un conte pour enfants, ceux qui font sourire mais surtout pleurer, Marie et Hélène font leur chemin, vont de routes en aires d’autoroute, de chambres en jardins où planter leur tente. Parfois, elles se chamaillent, règlent leurs comptes de jumelles, parfois elles s’amusent aussi de la cocasserie de la situation. Les deux sœurs réalisatrices se débrouillent avec tout ce qui leur manque, elles font avec ce qu’elles ont – pas trop d’argent – et avancent, petite équipe de tournage ouverte aux intempéries du réel.

Les héritières est un film qui fait aussi avec ses propres moyens, système D oblige, pour écrire sa propre langue, son mouvement buissonnier, son récit de soi brouillé, son maillage de sentiments et de réalité sociale. Héritier de rien du tout, il écrit avec ce qu’il a. Ce qui fait toute sa singularité.

Marilou Duponchel

Réalisation et scénario : Hélène et Marie Rosselet-Ruiz. Image : Maxence Lemmonier. Montage : Nathan Jacquard. Son : Fabien Beillevaire, Geoffrey Perrier et Clément Ghirardi. Musique originale : Maxence Dussère. Interprétation : Hélène et Marie Rosselet-Ruiz. Production : Orphée Films.

À retrouver dans

Sélections du moment