Extrait
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Le génie de la boîte de raviolis

Claude Barras

2006 - 7 minutes

France - Animation

Production : Folimage

synopsis

Comme tous les soirs en rentrant du travail, Armand, ouvrier à la chaîne d’une usine de pâtes alimentaires, s’ouvre une boite de raviolis en guise de dîner. Mais ce soir, un énorme génie surgit de la boîte. Il propose à Armand d’exaucer deux de ses voeux.

Claude Barras

De nationalité suisse, Claude Barras est né le 19 janvier 1973 à Sierre, dans le canton du Valais. Son père, viticulteur, était aussi peintre amateur et le jeune homme suit d'abord un apprentissage en dessinateur en génie civil avant d'intégrer en France l'école Émile-Cohl, à Lyon, puis de suivfe un cursus autour des images de synthèse à l'École cantonale d'Art à Lausanne (ÉCAL).

Il signe une bonne douzaine de courts métrages entre le milieu des années 1990 et le début des années 2010, principalement en animation en volumes, dont Le génie de la boîte de raviolis (2006) et Saint-Barbe (2007). Il cosigne ce dernier avec Cédric Louis, tous deux étant les fondateurs du studio lausannois Hélium Films. Le duo voit son nouveau court, Au pays des têtes, voyager dans de nombreux festivals à travers le monde en 2009.

En 2016, son premier long métrage Ma vie de Courgette, également en stop-motion, est sélectionné au Festival d'Annecy, où il reçoit un excellent accueil, confirmé par son succès en salles à l'automne suivant. Il reçoit ensuite le César 2017 du meilleur film d'animation. Rappelons que la réalisatrice de Naissance des pieuvresTomboy et Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma, en a coécrit le scénario.

Claude Barras revient en 2024 avec un nouveau long métrage, intitulé Sauvages, toujours filmé en animation en volumes et présenté en compétition du Festival du film d'animation d'Annecy.

Critique

Bien avant Ma vie de Courgette (2016), ce film d’animation enchanteur aux héros tendres et à l’étincelle solidaire, Claude Barras et ses marionnettes en stop-motion sublimaient déjà notre enfance. Le génie de la boîte de raviolis (2006), petite escapade insolite entre plaines bucoliques et trottoirs cimentés, célèbre en douceur et en chansons ce que peut être le quotidien, si l’on y met un peu d’amour et qu’on le vit au jour le jour.  

Armand est employé d’usine. Consciencieusement, il poinçonne les boîtes de raviolis que ses placards peinent à contenir. L’ouverture du court est à l’image du travail à la chaîne : répétitive, saccadée et bruyante. Comme au début de la très colorée Vita nuova d’Arthur Sevestre – très romantique voyage urbain ! –, cette vie citadine monotone et automatisée ravive notre goût pour les vertes collines et les calmes ruisseaux. Alors que la ville grince et résonne sans cesse de ses bouchons, de ses métros, de ses alarmes, et dresse vers les nuages ses tours grisonnantes, Armand, lui, cultive avec prévenance de petits trésors, comme une fleur à sa fenêtre. Charmant, il cueille son petit bonhomme de vie. 

Comme en réponse au titre, fort évocateur, on joue sur les attentes d’un spectateur averti. Par le comique de la situation et sa dimension transgressive, la rencontre d’Armand et de son génie se rend inédite. Notez que cet être magique, quasi-chimérique, émerge d’un contenant trivial, rappelant l’importance du rêve et de l’imaginaire au sein de ce réel si prosaïque. Lorsque de cette banale conserve s’échappe la créature bedonnante au bel accent italien, on oublie presque la lampe ancienne et mystérieuse des légendes orientales. Elle ne donne droit par ailleurs qu’à deux vœux, originalité qui détourne les codes du conte et glisse un contre-hommage satirique à celui des fameux contes ridicules de Perrault, Trois souhaits, dans lequel s’invective un couple de paysans piégé par ses désirs les plus déraisonnables.  

À l’image d’Armand et de ses souhaits très purs, Claude Barras fait l’éloge des plaisirs modestes, dans une ode au bonheur simple, qu’il ne tient qu’à chacun de laisser entrer. Comme pour parfaire cette harmonie, faute de savoir reprendre son poste, même le génie s’attarde un instant. Les rôles s’inversent, le demandeur devient bienfaiteur. Un beau message pour petits et grands dans ce retour symbolique à ce que l’on sait qualifier d’essentiel : une nature accueillante et paisible, des mets appétissants et la douce compagnie d’un ami se mêlant sur un air de vacances. 

Marie Labalette 

Réalisation : Claude Barras. Scénario : Claude Barras et Germano Zullo. Image : David Toutevoix. Montage : David Monti. Son : Pascal Hirt, Zita Bernet, Raphaël Sommerhalder et Emmanuel Hungrecker. Musique originale : Julien Sulzer. Voix : Oskar Gomez Mata et Pierre-Isaïe Duc. Production : Folimage.

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