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Le dimanche de la mamma

Mario Caniglia

1993 - 11 minutes

France - Fiction

Production : Paris-New York Production

synopsis

Dunkerque, octobre 1993. Une mamma s’active au sein de sa famille et prépare comme d’habitude le repas dominical, tandis que la radio nous apprend que Federico Fellini a reçu l’extrême-onction.

Mario Caniglia

Né le 6 février 1966 à Dunkerque, dans le Nord, Mario Caniglia est passé par le Cours Florent, à Paris, et a réalisé, entre documentaire et fiction, Le dimanche de la mamma en 1993, avec sa propre famille – il apparait lui-même à l'image – et dans l'appartement de celle-ci.

Le film a obtenu en 1995 le Prix de la presse au Festival de Clermont-Ferrand, mais il a fallu encore presque dix ans à Mario Caniglia pour revenir à la réalisation, avec Toujours tout droit, un moyen métrage de 59 minutes qu'il interprétait également (et sorti en salles à l'été 2002). Même chose dans un nouveau film court, La ritournelle, en 2011.

Entretemps, on l'aura aperçu en silhouette dans les longs métrages Le pont des arts d'Eugène Green (2004) et Vénus noire d'Abdellatif Kéchiche (2010). Il aura en revanche tenu un premier rôle dans Tremble, un moyen métrage de fiction signé Rodolphe Olcèse, en 2012.

Il a aussi été second assistant réalisateur sur La faute à Voltaire, d'Abdellatif Kéchiche, en 2001.

Critique

Dunkerque, octobre 1993. Une mamma, seule dans la cuisine, prépare des pâtes pour le repas du lendemain, le repas dominical. La tâche faite, elle quitte sa blouse, met à jour le calendrier, ferme la lumière, et la porte. Le film se termine sur la même scène, ou plutôt sur les mêmes gestes. Entre temps, vingt-quatre heures se sont écoulées, vingt-quatre heures de la vie d’une mamma, un dimanche.

A priori, Mario Caniglia ne tenait pas là un sujet follement stimulant ou novateur. Plutôt un sujet fortement menacé par le risque d’une approche complaisante, faussement attendrie, d’autant plus lorsque l’on sait que le cinéaste film sa propre famille et lui-même. Le film emprunte d’ailleurs beaucoup au genre documentaire. Les "personnages" ne sont pas vus de face mais toujours de biais, par un œil tiers, un œil apparemment impartial, qui se contente d’enregistrer ce qu’il voit. De même que les dialogues ne sont perçus que par fragments, sur le vif. Ce que l’on voit ou entend ? Rien que nous ne sachions ou devinions déjà. La mamma est le pilier du foyer, un pilier silencieux et soumis, sans lequel les repas, le café et les lits ne seraient pas faits, sans lequel la plus jeune des enfants ne serait pas lavée, ni levée. La mamma par son activité, rythme la vie de la maison. Première levée, dernière couchée, elle fixe les bornes de la nuit et du jour. Même si le véritable détenteur de l’autorité reste le père, véritable patriarche qui siège à la table familiale.

Le dimanche de la mamma ne nous propose pas une vision qui viendrait bousculer nous idées sur la façon de vivre d’une famille d’émigrés italiens en France. Sa qualité reste ailleurs, dans la sensation de perception accrue du réel qui en découle ; le cinéaste tout en utilisant les formes du documentaire, revendique par ailleurs un temps fictionnel, notamment lors de la scène, où, en épousant le regard de la mamma vers un portrait vieilli, la caméra rompt l’impression d’objectivité et assume un point de vue particulier. Comme pour rappeler que l’on ne peut capter la réalité sans assumer un regard, un choix. Et choix il y a, car le dimanche de la mamma que nous raconte Mario Caniglia n’est pas, comme on pourrait le croire, un dimanche tout à fait comme les autres. La radio nous apprend que c’est le dimanche où, au bord de la mort, Federico Fellini reçut l’extrême-onction.

Claire Vassé

Article paru dans Bref n°25, 1995.

Réalisation et scénario : Mario Caniglia. Image : Jean-Pierre Méchin. Montage : Sophie Vincendeau. Son : Rodolphe Trindade, Sophie Vincendeau et Florent Lavallée. Musique originale : Arthur H. Interprétation : Carmela Caniglia, Giuseppe Caniglia, Salvatore Caltabiano, Mario Caniglia, Caroline Michel, Laura Caniglia, Sandra Caniglia et Giovanni Caniglia. Production : Paris-New York Production.

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