
2007 - 9 minutes
France - Fiction
Production : Tabo Tabo films
synopsis
Un homme parle à une femme qui n’a qu’une idée : celle de l’embrasser.
biographie
Yann Coridian
Né en 1972, Yann Coridian a quitté l'école à l'âge de seize ans pour tenter d'intégrer le milieu du cinéma. Il a fait de nombreux petits métiers et a travaillé au long des années 2000 comme directeur de casting sur des films de Noémie Lvovsky, Valeria Bruni Tedeschi, Sylvie Verheyde ou encore Sophie Fillières.
Il s'est alors lancé dans la réalisation, à travers un premier court métrage produit par Tabo Tabo Films. Le baiser, interprété par Sarah Le Picard et Malik Zidi, est remarqué et largement récompensé dans les festivals en 2008 et 2009 (en France : Aix-en-Provence, Brest, Lille, Silhouette à Paris, Vannes, etc. ; à l'étranger : São Paulo, Ebensee, Regensburg, le Colcoa, etc.).
Yann Coridian enchaîne avec l’écriture d'un long métrage, Ouf, sorti en 2013. Il se tourne alors vers le documentaire et coréalise avec Valeria Bruni Tedeschi Une jeune fille de 90 ans (2016). La même année, il signe le scénario de Primaire d'Hélène Angel, sorti en salles au début de 2017.
Il a aussi publié une dizaine de romans à l'attention du jeune public depuis 2011 dont, récemment, Le fantôme de mon grand-père (2021) et La belle et la clocharde (2023).
Critique
Presque rien. Une chambre, et un lit sur lequel sont assis deux personnages anonymes. Lui parle, sans s’arrêter, pour ne pas laisser de place au silence, pour tenter de retarder l’instant t. Elle, elle fait mine de l’écouter même si manifestement elle est ailleurs. Son regard est fuyant, ses doigts s’entortillent dans sa robe. La tension entre les deux jeunes gens est palpable.
Le baiser de Yann Coridian, c’est la saisie de cet instant intense et troublant qui précède le premier baiser de futurs amants, mais débarrassé de tout le décorum inutile qui l’entoure dans tant d’autres films. Il ne subsiste rien d’autre que ces deux personnages, pas même les bruits venus de l’extérieur. Le schéma traditionnel du désir est habilement inversé. Coridian se joue des codes de la séduction en plaçant son héroïne dans le rôle du “conquérant” habituellement réservé aux hommes. C’est elle qui fait le premier pas, qui prend l’initiative du baiser, laissant son amant stupéfait. Les corps se mettent à communiquer, la tension se relâche. Tout ce qui avait été contenu jusqu’à ce moment-là peut désormais s’exprimer. Il n’y a plus ni calcul, ni réflexion ; juste deux désirs qui se confrontent enfin.
Pour capter ce moment intense, la caméra demeure fixe, à distance respectueuse des personnages assis sur le lit, sans jamais chercher à accentuer artificiellement la tension dramatique de la scène livrée en un plan-séquence. Soudain, alors que l’on ne s’y attend pas, le film se termine, laissant les amants à leur intimité. On se souvient alors de la première phrase du film (la seule) prononcée par la jeune femme :“Et les autres, ils étaient nus aussi ?”
Cécile Guthleben
Article paru dans Bref n°84, 2008.
Réalisation et scénario : Yann Coridian. Image : Nicolas Guicheteau. Montage : Valérie Loiseleux. Son : Frédéric Ullmann, Bridget O'Driscoll et Jérôme Wiciak. Interprétation : Sarah Le Picard et Malik Zidi. Production : Tabo Tabo Films.