Extrait
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La ville bleue

Armel Hostiou

2015 - 13 minutes

France - Fiction

Production : Bocalupo Films

synopsis

Une station-service à la nuit tombée, un homme entend son nom hélé. C’est une femme qui se dirige vers lui, trop heureuse de le retrouver enfin après tant d’années. Mais est-ce vraiment lui ?

Armel Hostiou

Armel Hostiou est né à Rennes en 1976. Il a étudié le cinéma à la Fémis et son film de fin d'études, SoloS, a remporté différents prix, dont celui du “Best Experimental Film” au Festival de Tel Aviv en 2004. C'est un autre élève de l'école devenu célèbre, Guillaume brac, qui en a assuré la production.

Armel Hostiou réalise ensuite plusieurs courts métrages, d'une durée parfois très réduite, aux alentours d'une minute trente : Chorus (2004), Contre temps (2005), Kino (2005), World Was On Fire and No One Could Save Me But You (2007), Lost You (2009), Psycho Motion (2012) et, surtout, le moyen métrage Kingston Avenue, avec Vincent Macaigne (qui en est également coscénariste) et Kate Moran.

Certains de ces films sont sélectionnés et primés dans différents festivals : Prix du public à Munich en 2006 pour Contre temps, Jury Award à San Francisco en 2008 pour Kino, Audience Award à San Francisco en 2009 pour World Was On Fire and No One Could Save Me But You.

En parallèle, Armel Hostiou réalise de nombreux clips vidéo, ainsi que plusieurs films expérimentaux et installations vidéo. Rives, son premier long métrage, est présenté en 2011 au Festival de Cannes, dans le cadre de la sélection de l’ACID. Il reçoit le Curator's Choice à la BAM Cinematek de New York lors du Young French Cinema Festival en 2012.

En 2013, il réalise à New York un nouveau long métrage, Une histoire américaine, dans lequel on retrouve Vincent Macaigne, à nouveau coscénariste, dans le rôle-titre. En 2015, il revient au format court avec La ville bleue, sélectionné à Pantin et à Clermont-Ferrand.

Il se tourne alors vers le cinéma documentaire et tourne en Bosnie-Herzégovine La pyramide invisible, qui est sélectionné à Cinéma du réel en 2019. 

Le vrai du faux, distribué en salles par Météore Films en juin 2023, part d'un postulat des plus cocasses : découvrant le profil Facebook d'un faux Armel Hostiou invitant à des castings pour son prochain film censé se dérouler en République démocratique du Congo, le cinéaste décide de partir à Kinshasa, à la recherche de cet encombrant double…

 

Critique

Dans l’obscurité se fait jour une histoire ; ainsi de La ville bleue, ainsi du cinéma. Aux contours flous, celle-ci intrigue davantage qu’elle n’affirme : deux personnages émergent et se meuvent, dessinant une trajectoire de plus en plus mystérieuse, plongeant dans les méandres d’un passé omniprésent et cependant insaisissable, ouvrant une faille dans un présent presque suspendu.

La ville bleue, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre – ou plutôt d’une reconnaissance magnétique – dont on ne sait qui de l’un reconnaît l’autre. Comme en constante mutation, les éléments se succèdent et s’entrecroisent, se mettent en doute, cohabitent, s’interrogent : identités troubles, évocation d’un passé inconnu, manières de se toucher orientent tour à tour l’intrigue sans s’exclure tout à fait. Il est de ces films qui épousent si bien le cinéma qu’ils s’en approprient les forces qui le travaillent.

En effet, le film joue au funambule entre présence et absence, tension primaire du septième art ; pourrait-il alors exister médium plus juste que le cinéma pour questionner la persistance de l’amour quand son objet même a disparu ? À égalité, présence et souvenir se font face, corps rêvé et corps vécu se frôlent et s’enlacent, puis disparaissent ; Armel Hostiou s’empare ainsi de toute la densité magique du cinéma, filmant les corps de ses acteurs dans leur distance comme dans le contact de la chair, en équilibre entre absence et présence.

Une temporalité flottante et trouble émerge de cette rencontre ; loin d’un prosaïque “ce n’était qu’un rêve”, l’ambivalence de l’existence, mise en exergue par le médium, persiste après le réveil. Ainsi de l’enfant qui, plutôt qu’une rupture, inspire une prolongation, l’onirisme revendiqué de la rencontre nocturne, loin d’être discréditée par la séquence qui la poursuit, y trouve son écho et fait vibrer le vide.

Alors l’omniprésence du motif de l’eau, dans son constant écoulement, intrigue : liant étroitement les deux univers à une image qui se répète, sa fuite infinie incite aussi à penser un renouveau.

Ainsi, “même” et “autre” cohabitent comme passé et présent dans La ville bleue ; équilibre précaire et poétique où l’incertitude côtoie la fascination.

Claire Hamon

Réalisation : Armel Hostiou. Scénario : Armel Hostiou, Jérémie Dubois et Jean-Baptiste Separi Prevost. Image : Frédéric Mainçon. Montage : Aurélien Manya. Son : Clément Maléo et Simon Apostolou. Interprétation : Sigrid Bouaziz, Damien Bonnard et Marius Nicolleau. Production : Bocalupo Films.

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