Extrait

La vie de jeune fille

Pauline Loquès

2018 - 30 minutes

France - Fiction

Production : Les Valseurs

synopsis

Constance, une trentenaire à qui tout réussit, part fêter son enterrement de vie de jeune fille. Arrivée sur place, le rêve de princesse tourne court, son fiancé lui annonce qu’il ne veut plus se marier. Incapable de l’avouer à ses amies, Constance doit se confronter seule à cette nouvelle réalité.

Pauline Loquès

Après des études de lettres et de droit, Pauline Loquès (née à Cannes en 1987) concrétise d'abord ses désirs d’écriture dans le journalisme. Après avoir été rédactrice pour des émissions culturelles, elle entame une formation de scénariste.

Pour sa première expérience cinématographique, elle choisit de dépeindre avec le plus simplement possible celles qui l’entourent en réalisant en 2018 La vie de jeune fille, produit par Les Valseurs et présenté au Festival Off-courts de Trouville, avant d'être diffusé sur Arte.

Dans le même élan, Pauline Loquès écrit et tourne alors son premier long métrage : Nino. Le film, dont le rôle-titre est tenu par le jeune acteur québécois Théodore Pellerin, est présenté au Festival de Cannes 2025, dans le cadre de la Semaine de la critique.

Critique

Que faire des clichés ? S’en prémunir ou bien les embrasser ? Pauline Loquès, réalisatrice d’un premier long métrage remarquable (Nino, présenté et récompensé à la Semaine de la critique en mai dernier et dans les salles le 17 septembre) a choisi d’en faire des couronnes de fleurs qu’elle entortille dans les cheveux de ses héroïnes façon Femen. 

Nous sommes dans La vie de jeune fille, premier court métrage de 2018. La cinéaste et ancienne journaliste fait d’un enterrement de vie de jeune fille l’argument de départ de son film et surtout le théâtre d’une crise existentielle qui viendra bientôt faire voler en éclats tous les préceptes véhiculés par ce rituel suranné, vieux comme le monde et comme les stéréotypes de genre. Constance a tout de la “jeune fille” parfaite, amalgame délibérément et ironiquement plébiscité par le titre du film : la finesse et la délicatesse des traits et le prince charmant qui va avec. Sauf qu’ici, ce dernier est prêt à prendre ses jambes à son cou. Constance et une amie chargée du week-end festif le découvrent sans le dire aux autres filles présentes. L’enterrement de vie de jeune fille, déjà décevant quand Constance réalise que la destination n’est autre que la Normandie quand elle rêvait de la chaleur et du soleil d’Ibiza, dérive et troque bientôt sa promesse d’euphorie contre le sentiment diffus d’une sévère gueule de bois que la grisaille des nuages normands de ce petit bled désert intensifie. 

Dans ce décor, un peu triste et désolé, Pauline Loquès privilégie alors le portrait, tendre et amusé, de sa bande de trentenaires dont la dégaine et le franc-parler rappellent davantage les grandes gueules irrésistibles des films de Sophie Letourneur que la sagesse polie des contes de fée. Ce qui s’enterre alors dans La vie de jeune fille, c’est évidemment moins le célibat de Constance que le statut d’épouse et ces fictions oppressantes qui voudraient nous faire croire aux princes et aux princesses et à l’idée d’un bonheur figé dans une représentation falsifiée. Le film exorcise ces illusions, ces fantasmes lisses, pour trouver la joie et le réconfort dans l’amitié, dans les galères d’une existence intranquille, sur une plage vide, déserte, sous un ciel nuageux prêt à exploser pour célébrer toute la grâce imparfaite de ces moments parfaits. 

Marilou Duponchel 

Réalisation : Pauline Loquès. Scénario : Pauline Loquès et Sévane Kazandjian. Image : Adrian Cacciola. Montage : Isabelle Poudevigne. Son : Gauthier Hammer,Jean-Élie Aguergaray, Antoine Bertucci et Corvo Lepesant-Lamari. Musique originale : Cléa Vincent et Raphaël Léger. Interprétation : Lola Felouzis, Sévane Kazandjian, Mathilde Roehrich, Margaux Stypak, Bertrand Cauchois et Jules Sagot. Production : Les Valseurs.

À retrouver dans

Bonus

Rencontre avec Pauline Loquès