2020 - 8 minutes
France - Animation
Production : Gobelins - l’école de l’Image.
synopsis
Un jeune contrebandier mexicain et une petite fille voyagent clandestinement à bord d’un train de marchandises, appelé “La bestia”, pour se rendre aux États-Unis. Une blessure transforme sa perception du voyage.
biographie
Marlijn van Nuenen
Née en 1990 à Eindhoven (Pays-Bas), Marlijn van Nuenen est installée à Paris. Après plusieurs années d'activité dans le secteur de l'animation dans son pays d'origine, elle a intégré l'école des Gobelins pour suivre un master. Elle est sortie diplômée de l'établissement en 2020.
Elle a coréalisé avec ses condisciples Alfredo Gerard Kuttikatt et Ram Tamez La bestia en 2020. Le film a remporté le Prix SACD pour un court métrage étudiant au Festival national du film d'animation de Rennes 2021, puis le prestigieux Annie Award de la catégorie, aux États-Unis.
Ram Tamez
Originaire de Monterrey, au Mexique, Ram Tamez est un réalisateur de cinéma d'animation installé à Paris. Il a travaillé entre 2011 et 2018 dans différentes sociétés de production à Mexico, dont les clients étaient Disney TV, Nickelodeon ou encore Cartoon Network.
En 2020, il est sorti diplômé de l'école des Gobelins, où il a réalisé La bestia avec Marlijn van Nuenen et Alfredo Gerard Kuttikatt.
Le film a remporté le Prix SACD pour un court métrage étudiant au Festival national du film d'animation de Rennes 2021, puis le prestigieux Annie Award de la catégorie, aux États-Unis.
Alfredo Gerard Kuttikatt
Originaire d'Inde, Alfredo Gerard Kuttikatt a suivi un master aux Gobelins, l'école de l'image, à Paris, entre 2018 et 2020. Il y a réalisé La bestia avec la Néerlandaise Marlijn van Nuenen et le Mexicain Tam Ramez.
Le film a remporté le Prix SACD pour un court métrage étudiant au Festival national du film d'animation de Rennes 2021, puis le prestigieux Annie Award de la catégorie, aux États-Unis.
Il prépare actuellement un spécial TV intitulé Mr. Bagwan, qu'il a pu pitcher au Marché du film du Festival d'Annecy 2024.
Critique
À l’origine du projet, il y a l’histoire réelle de ce train qui traverse le Mexique, à bord duquel des milliers de migrants d’Amérique centrale voyagent dans l’espoir d’atteindre les États-Unis après un périple de plusieurs semaines – un train effectivement surnommé “La bestia” (soit “La bête”), car de nombreuses personnes se blessent ou périssent en le prenant clandestinement, en chutant de son toit ou de ses plateformes. Ce surnom zoomorphe a inspiré les trois réalisateurs et réalisatrice, élèves à l’école des Gobelins, qui ont imaginé au cœur de leur scénario la métamorphose d’un train en créature monstrueuse avalant ses passagers, jusqu’à faire progressivement basculer leur court métrage et son ancrage réaliste, presque documentaire, dans le film d’horreur.
La transformation commence lorsque le personnage principal, contrebandier manchot accompagnant une petite fille vers les États-Unis contre une liasse de billets, s’ouvre la jambe et qu’une plaie béante apparaît. Le train semble alors peu à peu vampiriser ce corps blessé, pour devenir dans la seconde partie du film un monstre tentaculaire composé de matière organique et d’os, dont l’aspect hideux est renforcé par un travail fort sur le choc chromatique. L’image est en effet saturée de rouge tandis que les personnages deviennent bleus, comme vidés de leur sang par la bête. Ce traitement visuel, à partir de ces deux couleurs principales, contraste brutalement avec l’étendue de la palette utilisée dans la première partie, mise en valeur par une ligne claire et des aplats. La musique participe aussi à ce basculement. À la balade guitare/voix (composée par le réalisateur mexicain du trio, également à l’origine du scénario, Ram Tamez) qui inscrivait le film dans le registre du road-trip mélancolique, succède une partition symphonique dramatisant la mise en scène du cauchemar que traversent les personnages.
C’est la force du cinéma d’animation de mettre en images une métaphore – celle d’un train surnommé “la bête” –, et l’extrême violence qu’elle implique dans l’imaginaire de ceux et celles qui le regardent passer, ou qui décident malgré tout d’y monter, et de braver l’alternative qu’il représente, peu ou prou : les États-Unis ou la mort.
Anne-Sophie Lepicard
Réalisation, scénario et animation : Marlijn van Nuenen, Alfredo Gerard Kuttikatt et Ram Tamez. Son : Clément Naline et Cédric Denooz. Musique originale : Thomas Pironneau et Ram Tamez. Voix : Loïs Jumel et Ram Tamez. Production : Gobelins - l'école de l'image.