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K-Nada

Hubert Charuel

2014

France - Fiction

Production : Les Films Velvet

synopsis

Deux frères que tout oppose sont paumés sur la route de leurs rêves un peu absurdes. Dans deux jours, ils doivent se rendre à Amsterdam. Greg pour un concours de DJ, Valentin pour en ramener des kilos de marijuana.

Hubert Charuel

Hubert Charuel est né en 1985 à Vitry-le-François, en Région Champagne-Ardenne. Il est le fils unique d’éleveurs laitiers. Pris de doutes quant à la reprise de l’exploitation familiale, il passe le concours de la Fémis en section production et en ressort promu quatre ans plus tard, en 2011. Son film de fin d’études, Diagonale du vide, est sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand, ce qui le conforte dans son choix professionnel. Il réalise par la suite K-Nada, couronné du Prix CCAS du meilleur film français au festival Premiers plans d’Angers, et Fox-terrier (2016).

Petit paysan, son premier long métrage, raconte le parcours d’un jeune agriculteur confronté à une épidémie animale et sort à la rentrée 2017. Il remporte le César du meilleur premier film l'année suivante, tandis que Swann Arlaud et Sara Giraudeau, ses interpètes principaux, décrochent respectivement les trophées du meilleur acteur et du meilleur espoir féminin.

Coscénariste en 2017 du court métrage Cajou de sa proche collaboratrice Claude Le Pape, le réalisateur revient ensuite à un format de moyen métrage en filmant ses propres parents dans leur exploitation agricole de la Marne à travers Les vaches n'auront plus de nom (2019). Ce film documentaire est notamment présenté à Visions du réel, à Nyon (Suisse).

Il se lance alors dans l'écriture et le développement d'un deuxième long métrage. Intitulé Météors, il est de nouveau coécrit avec Claude Le Pape et se voit présenté dans la section Une certain regard de la sélection officielle du Festival de Cannes 2025.

Critique

K-Nada réunit tout les ingrédients du “film de losers” : un mélange de bonnes vannes, de rugosité et de tendresse, d’absurde inspiré d’une réalité pas si lointaine, de grands rêves pour des personnages qui ont tout sauf l’étoffe des héros, des paysages sans gloire, une interprétation sans faille et des dialogues au couteau. Tout y est. On connaît le principe, on sait bien que ces “deux frères que tout oppose” vont finir par se retrouver (comme dans Mon héros de Sylvain Desclous). On sait bien qu’avec ce départ pour Amsterdam, on risque de ne pas dépasser les frontières régionales (comme dans Paris-Shanghai de Thomas Cailley) et que les grandes aventures ne tiendront pas la promesse des rêves qu’elles contiennent. Et pourtant on rit. Et pourtant on se surprend à vouloir y croire. On se réjouit qu’Hubert Charuel s’amuse et flirte avec la limite du “trop”.

On suit Greg et Valentin de la place de l’église au parking d’une zone commerciale, du bowling à caïd au McDrive à manager scrupuleux. Et dans les absurdités qui jalonnent ce road movie manqué, on retrouve des dérives familières (“Mais qu’est-ce qui se passe dans ta tête à chaque fois que tu dois prendre une décision ? Tu penses à Chuck Norris ?!”), les échecs programmés et l’incompréhension familiale (la mère se demande pourquoi son fils n’a pas fait l’école de DJ comme David Guetta – elle l’a vu dans Envoyé spécial). Les deux frères pourraient être le fruit d’une époque marquée par la télé dans ce qu’elle propose de plus niais, et par l’attrait du succès – c’est devant l’émission Ice Road Truckers que Valentin a nourri son rêve de devenir conducteur de poids lourds au Canada (sic).

Mais quoi de plus banal que de rêver d’une vie d’artiste ou d’aventure bout du monde ? Et après tout, c’est bien là le charme des losers : quelle que soit l’étroitesse de l’horizon, fût-il réduit à l’intérieur d’un garage abritant l’habitacle d’une voiture qui ne démarrera plus, la force des rêves permet de continuer.

La réussite de ce “film de losers” témoigne d’une maîtrise du scénario, du rythme, de la direction d’acteurs, qualités à retrouver dans Petit Paysan, son premier long métrage en salles, remarqué à la Semaine de la critique.

Marie-Anne Campos

Réalisation : Hubert Charuel. Scénario : Hubert Charuel et Claude Le Pape. Image : Sébastien Goepfert. Montage : Julie Lena. Son : Alexis Meynet, Marc-Olivier Brullé et Raphaël Hénard. Décors : Jacques Girault. Interprétation : Valentin Lespinasse, Grégoire Pontécaille, Franc Bruneau, Fred Scotlande, Sylvaine et Jean-Paul Charuel. Production : Les Films Velvet.

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