2010 - 15 minutes
France - Animation
Production : Je Suis Bien Content
synopsis
Dans le garage d’une maison tranquille, deux enfants fouillent les étagères et renversent par mégarde un bidon d’huile. Une goutte tombe à terre et se métamorphose en Goutix, la mascotte officielle des huiles Méroll, friture et moteur, emmenant les marmots faire un voyage merveilleux dans l’usine en question.
biographie
Vincent Paronnaud
Né en 1970 à la Rochelle, Vincent Paronnaud, alias Winshluss, est auteur de bandes dessinées (son Pinocchio a reçu le prix du meilleur album au Festival de la BD d'Angoulême en 2009) et cinéaste. Il a coréalisé deux longs métrages avec Marjane Satrapi (Persépolis, 2007, Prix du jury du Festival de Cannes 2007 et César du meilleur premier film et de la meilleure adaptation 2008 ; Poulet aux prunes, 2011).
Du côté du court métrage, en 2003, il commence par la coréalisation avec Lyonel Mathieu, alias Cizo, de Raging Blues, O’Boy, What Nice Legs ! et Hollywood Superstars avec Mr Ferraille, un faux documentaire. En 2009, il s’attèle à la réalisation de son premier long métrage solo, en prise de vues réelles, Villemolle 81, parodie zombiesque en milieu rural.
Entre 2010 et 2014, il revient au court métrage en animation avec Il était une fois l’huile, une satire de la société de consommation, puis en prise de vues réelles avec le terrifiant Territoire. Smart Monkey est ensuite coréalisé avec Nicolas Pawlowski.
En 2017, Paronnaud s'associe cette fois à Denis Walgenwitz pour la réalisation du court métrage d'animation La Mort, père & fils, récompensé du Prix du jury junior au Festival du film d'animation d'Annecy en 2018 et nommé au César dans la catégorie animation en 2019.
Il se lance alors dans un long métrage en prises de vue réelles, de genre fantastique : Hunted. Interprété notamment par les Wallons Lucie Debay et Arieh Worthalter, le film est présenté à L'Étrange festival en 2020 sans toutefois sortir en salles en France.
Le réalisateur revient ensuite à l'animation par le biais d'Angelo dans la forêt mystérieuse, sélectionné en compétition des longs métrages au Festival d'Annecy 2024. Le film est adapté de l'un de ses propres albums de BD, primé au Salon du livre pour la jeunesse de Montreuil en 2016.
Critique
C’est sous son nom de plume et avec sa casquette d’auteur de bandes dessinées que Vincent Paronnaud revient au cinéma, après Raging Blues (2003) et surtout après le Persepolis qu’il coréalisa avec son auteur Marjane Satrapi (2007). Que ce nouveau film en solo soit signé Winshluss n’est pas la marque d’une coquetterie, mais fait vraiment sens tant il propose, pour le cinéma, une déclinaison convaincante d’un style graphique et d’une humeur noire très reconnaissables.
C’est d’abord à la télévision que l’on pense, et plus précisément à ces séries pédagogiques et inoffensives de notre enfance tel Il était une fois l’homme d’Albert Barillé. Le film commence en effet avec deux enfants libérant par mégarde non pas un génie, mais la mascotte officielle des huiles Méroll, le prénommé Goutix. Celui-ci, grassouillet, suintant et repoussant, va leur narrer toute l’histoire de ce corps gras, vantant ses mérites et la manière dont il a changé la société, rendu les hommes heureux. Pure propagande industrielle relayée par l’autorité scientifique (l’inquiétant professeur Mendoza) et ponctuée par des vignettes ludiques destinées à séduire et convaincre les enfants (faux film scientifique, publicités transpirant le bonheur domestique, séquence karaoké). Car les huiles Méroll sont partout. L’inconcevable, comme nous l’indique un court voyage provoqué par Goutix dans une effrayante dimension parallèle, ce serait au contraire un monde sans huile...
Ce postulat délirant et peu ragoûtant fonctionne très bien et l’on sait gré au réalisateur de le pousser jusqu’au bout, sachant rendre le film par moments vraiment dégoûtant et assez peu aimable (mention spéciale à la description imagée du retraitement des huiles usagées, celles-ci errant dans la saleté et l’ordure en vieux slips crados). Il est par ailleurs très aisé, quand Goutix explique aux enfants que les usines Méroll vont doter chaque école de distributeurs de canettes, de remplacer un nom par un autre, cette marque imaginaire par une autre bien connue. Car si le film, vraiment très drôle, surprend constamment par son mauvais esprit, ses saillies gores et son ironie acide, il développe en filigrane une critique, certes convenue mais fort bien balancée, de la société de consommation et du marketing.
Un vrai film éducatif en somme.
Stéphane Kahn
Article paru dans Bref n°99, 2011.
Réalisation et scénario : Vincent Paronnaud. Animation : Patrick Cohen, Jules Stromboni, Odile Comon, Christian Desmares, Cyprien Nozières, Stéphane Roche, Gaêlle Thierry, Hugo Bienvenue, Brice Chevillard et Marion Stingue. Montage : Lara Bellini, François Nabos et Stéphane Roche. Son : Denis Vautrin. Musique originale : Olivier Berner. Voix : Fily Keita, Raphaël Lamarque et Denis Vautrin. Production : Je Suis Bien Content.