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Gwai Lo : The Little Foreigner

Jon M. Chu

2002 - 12 minutes

États-Unis - Fiction

Production : USC School of Cinematic Arts

synopsis

Une promenade révérencieuse et musicale à travers la vie d’un jeune Américain d’origine chinoise qui tente de définir son identité au sein d’un lycée américain à majorité blanche.

Jon M. Chu

Jonathan Murray Chu, dit Jon M. Chu, est né le 2 novembre 1979 à Palo Alto, en Californie, d'un père natif de la région chinoise du Sichuan et d'une mère originaire de Taïwan.

Il étudie à l'USC School of Cinematic Arts, école de cinéma faisant partie de l'Université de Californie du Sud, à Los Angeles. Il y réalise plusieurs films courts d'étudiant, dont Silent Beats et Gwai Lo : The Little Foreigner.

Il connaît sa première expérience hollywoodienne en dirigeant en 2008 Sexy Dance 2, bientôt suivi de G.I. Joe : Conspiration (2013) et Insaisissables 2 (2016). Il obtient un ample succès en signant un film plus personnel, Crazy Rich Asians en 2018.

Ayant aussi consacré deux films documentaires à Justin Bieber (en 2011 et 2013), il s'attaque au registre de la comédie musicale avec Wicked, dont le premier volet sort en 2024, en attente d'une “part two” l'année suivante.

Critique

Avant de devenir un réalisateur prisé des blockbusters made in Hollywood, Jon M. Chu a fait ses armes à l’USC School of Cinematic Arts, fameuse école de cinéma faisant partie de l’Université de Californie du sud, à Los Angeles. Précédant donc Sexy Dance 2 (2008), G.I. Joe : Conspiration (2013), Insaisissables 2 (2016) ou encore Wicked (2024), il y a eu Gwai Lo  : The Little Foreigner. L’un de ses films courts du début des années 2000. L’alliance du regard social et du cinéma de genre(s) fonctionne avec charme, dans le cadre d’un film d’école d’une dizaine de minutes. L’acuité sociétale – déjà à l’œuvre dans les projections respectives et fantasmées des trois personnages de son précédent Silent Beats (2001) – nourrit la fiction. C’est une véritable confession, avec apparition introductive du héros face caméra, dans une mise en abyme, invitant à un “Welcome to my World”. Un état des lieux du regard WASP états-unien sur celles et ceux de la diaspora asiatique. On sent le vécu du cinéaste, qu’il transcende en le visitant sous toutes les coutures. 

Le mélange des tons et des genres se savoure. Judicieux et malicieux. Jon M. Chu n’en reste pas à la colère ou à l’amertume. Il fait du racisme ordinaire un motif de scénario et de réflexion. Une manière d’aborder la résilience, pour mieux avancer, tout en créant. L’écriture cinématographique devient une langue propre et ses étapes artisanales les outils pour mieux désamorcer l’antagonisme. Car le cinéaste plonge aussi dans une introspection sur son propre rapport à ses origines, via la représentation de ses aîné(e)s – mère et grands-parents. De la tension initiale basée sur la honte et le dénigrement, le fil narratif débouche sur l’apaisement par la reconnaissance. De l’acceptation naît l’épanouissement, en revisitant la maxime de Socrate “Connais-toi toi-même”. Le jeune Américain d’origine chinoise peut donc faire la paix avec lui-même. Seize ans plus tard, il fera un carton au box-office national et mondial avec sa comédie chorale et romantique Crazy Rich Asians (2018). 

Il revendique ici son goût du cinéma hybride, en convoquant la comédie musicale, le coming of age, le teen-movie et la chronique lyrique. Un chœur chanté scande le film en mode écho intime du protagoniste, et annonce le futur parcours de Chu, de métrages dansés et chantés en documentaires musicaux sur Justin Bieber. Gwai Lo  : The Little Foreigner a les deux pieds dans son époque, via ce jeune réalisateur qui revendique et sa place dans le groupe (le cinéma, les États-Unis) et sa singularité comme auteur américain d’origine chinoise. Après le triomphe de Crazy Rich Asians, il sera aussi aux manettes d’une autre fantaisie communautaire, cette fois hispanique, D’où l’on vient (In the Heights, 2021), avant de revenir aux mythes américains, réinjectés de métissage et de féminin, pour Wicked, porté par Ariana Grande, Cynthia Erivo et Michelle Yeoh. Gwai Lo  : The Little Foreigner touche par son univers en germe. Avec une tendresse juvénile qui n’empêche pas la maturité, dans le regard distancé sur son héros avatar. 

Olivier Pélisson 

Réalisation et scénario : Jon M. Chu. Image : Nathan Perkins et Michael Roys. Montage : Avi Youabian. Son : Tara Pinley et Phillip Brost. Musique originale : Bear McCreary. Interprétation : Jennifer Kim, Elvin Lai, Peggy Lu, Tim McGrath et Eli Swanson. Production : USC School of Cinematic Arts.

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