Extrait
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French Kiss

Antonin Peretjatko

2004 - 19 minutes

France - Fiction

Production : Chaya Films

synopsis

Merde alors : écoute dans la vie, la chance ne passe qu’une fois, sauf si t’as de la chance : dans ce cas, elle passe deux fois. Mais pour toi, elle ne passe qu’une fois. Alors faut causer à Kate l’Américaine, où est-ce qu’elle est ?

Antonin Peretjatko

Né en 1974 à Grenoble, Antonin Peretjatko sort diplômé de la section cinéma de l’École nationale supérieure Louis-Lumière en 1999. Il réalise son premier court métrage documentaire, La montagne égrenée, en 1998, puis le court métrage de fiction L’heure de pointe en 2002. En 2004, il enchaîne deux autres films courts : Changement de trottoir, puis French Kiss, qui obtient le Prix révélation au Festival européen du film court de Brest. En 2007 s’en suit la réalisation du moyen métrage L’opération de la dernière chance.

En 2009, son court métrage documentaire Derrière les barreaux, réalisé sur le tournage d’Un prophète de Jacques Audiard, lui vaut le Prix du Syndicat français de la critique de cinéma. Entre 2010 et 2017, Antonin Peretjatko réalise autres quatre courts métrages : Paris-Monopole (2010), Les secrets de l’invisible (2011), Vous voulez une histoire ? (2015, Prix de la presse Télérama au Festival de Clermont-Ferrand) et Panique au Sénat (2017).

Entre temps, il sera déjà passé au long métrage avec, en 2013, La fille du 14 juillet qui met notamment en scène Vincent Macaigne et Vimala Pons. Ceux-ci se retrouvent en 2016 dans La loi de la jungle, lauréat de la Fondation Gan 2014.

En 2019, Antonin Peretjatko réalise le court métrage documentaire Mandico et le TOpsychoPor dans lequel il filme et met en scène le réalisateur Bertrand Mandico. Son troisième long métrage, La pièce rapportée, est sorti en salles à la fin de l'année 2021.

Il a alors également mené à bien un moyen métrage sur les Gilets jaunes, Les rendez-vous du samedi, distribué au printemps 2022 par Shellac. Il est dans la foulée revenu au format court avec une fiction : Les algues maléfiques. Cette comédie parodique de zombies aura été présentée dans de nombreux festivals, en France et à l'étranger : Pantin, Gérardmer, le FID à Marseille, Travelling à Rennes, Grenoble, Vila do Conde, etc.

Il développe en 2023 un nouveau long métrage lorgnant vers le cinéma de genre, en l'occurrence une histoire de vampires !

 

Critique

Les comédies réussies ne sont pas légion et, de ce fait, lorsqu’un réalisateur est remarqué pour son talent dans ce domaine, il est impatiemment attendu au tournant de chaque nouvel opus. C’est le cas d’Antonin Peretjatko qui, lors de ces deux films courts précédents1, avait ouvert une voie narrative pavée de surprenantes intentions humoristiques. Avec French Kiss, Peretjatko persiste et affine son univers décalé, pétri de burlesque et de non-sens. L’intrigue se résume en deux phrases : la cousine américaine de JP débarque le soir même à Paris. Mais JP, qui n’a pas de temps à consacrer à Kate la confie à son meilleur ami Seb — incarnation très drôle d'un certain anti-américanisme français.

Empruntant l’esthétique du roman-photo et de la sitcom, le réalisateur s’amuse, par le biais de cette histoire d’amour à l’eau de rose, à faire de son film un état des lieux tragi-comique des relations diplomatiques franco-américaines pendant la guerre en Irak. Avec le recul— Bush a été réélu après la fin du tournage —certaines scènes deviennent réellement hilarantes tant l’actualité rejoint la fiction, puis la dépasse. La tirade finale de Pierre Merejkowsky—dans son propre rôle de libertaire — à propos du nouveau "paradis américain" en est la meilleure illustration. En contrepoint, les récents déboires et incongruités de la vie politique "à la française” ne sont pas oubliés : le vote massif en faveur du Front national aux dernières élections présidentielles ou l’historique 82 % qui en déroulera. Aux attaques de ce monde absurde, Peretjatko répond avec les mêmes armes.

Au final, ce French Kiss acidulé, truffé de gags potaches —aux effets comiques différés via le montage, donc amplifîés — ou d’images d’archives (le défilé du 14 juiIlet 2004) n’est pas aussi léger qu il veut le Iaisser paraître et le goût qui persiste en bouche a l’amertume des combats perdus. Heureusement, soutenues par un ton et un savoir-faire mockyesques — le film est tourné en son direct, caméra à l’épaule, en 21 images/s et sans éclairages — les préoccupations du réalisateur sont pudiquement masquées par une drôlerie et un optimisme contagieux.

Fabrice Marquat

1. L'heure de pointe et Changement de trottoir (cf. Bref n°60)

Article paru dans Bref n°64, 2005.

Réalisation, scénario et montage : Antonin Peretjatko. Image : Simon Roca. Son : Laure Allary, Roman Dymny. Interprétation : Vincent Lecompte, Marie-Lorna Vaconsin, Thomas Schmitt, Marine Danaux et Pierre Merejkowsky. Production : Chaya Films.

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