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Fille du calvaire

Stéphane Demoustier

2012 - 20 minutes

France - Fiction

Production : Année Zéro

synopsis

Jérôme est tombé amoureux d’une jeune femme qu’il essaie de séduire. Jour après jour, il raconte l’évolution des opérations à son ami Patrick, qui lui dispense ses conseils et vit par procuration ses aventures.

Stéphane Demoustier

Né à Lille en 1977, Stéphane Demoustier réalise ses premiers courts métrages en 2010 : À mains nues, coréalisé avec Guillaume Foresti, Dans la jungle des villes et Des nœuds dans la tête. Pour ce dernier, sélectionné au Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence en 2011, il confie les premiers rôles à sa sœur Anaïs Demoustier et à Grégoire Leprince-Ringuet, alors tout jeunes comédiens. S’en suivent Bad Gones l’année suivante, Fille du calvaire en 2012 et Les petits joueurs en 2013.

En 2014, le réalisateur présente son premier long, Terre battue, à la Semaine de la critique de la Mostra de Venise. Olivier Gourmet et Valeria Bruni Tedeschi y jouent les parents d’un enfant voulant à tout prix devenir joueur de tennis professionnel. Parallèlement, Stéphane Demoustier a fondé depuis 2007, la société de production, Année zéro, avec laquelle il a produit plus de trente courts métrages.

L’un d’eux, réalisé par ses soins et d'une durée de 59 minutes, Allons enfants, a reçu la mention spéciale du jury “Génération Kplus” à la Berlinale 2018, avant de sortir en salles la même année.

Stéphane Demoustier dirige de nouveau sa sœur Anaïs, aux côtés de Roschdy Zem et Chiara Mastroianni, dans un nouveau long métrage, La fille au bracelet, présenté au Festival de Locarno en 2019 et sorti en salles en février de l'année suivante, à la veille de la pandémie de Covid-19. Il reçoit la César 2021 de la meilleure adaptation.

Le cinéaste revient en 2024 avec Borgo, polar carcéral tourné en Corse et dont Hafsia Herzi tient le premier rôle. En parallèle, il a signé les quatre premiers épisodes d'une série pour Canal+ : Cimetière indien.

Critique

Dans Fille du calvaire, Stéphane Demoustier (remarqué pour Des nœuds dans la tête, interprété par Anaïs Demoustier et Grégoire Leprince-Ringuet, en 2010) met en scène le calvaire d’un jeune homme pour conquérir une fille. Jour après jour, Jérôme relate l’évolution des opérations à son ami Patrick, qui lui dispense ses conseils en retour.

Ce court métrage où se succèdent des séquences de dialogues entre les deux hommes rencontre l’attrait sucré qu’ont ces manuels axés autour des liaisons dangereuses et amoureuses envers lesquels le cinéma semble infiniment tributaire. Or, ce qui semble renversant ici n’est pas ce discours (vu et entendu cent fois), mais l’efficacité aristotélicienne dont le réalisateur fait preuve.

Situé presque uniquement dans un wagon de métro (unité de lieu) nous suivons pas à pas (unité fragmentaire du temps) les méandres de l’amoureux (unité d’action). Cette théâtralité aménage une profondeur de champ inespérée : tout en restant immobile, ce film nous transporte et raconte une histoire. Le rôle principal est peut-être moins celui de Jérôme que celui de Patrick, au visage accueillant et curieux, expressif et attentif, qui se délecte des aventures de son ami. Ainsi le final jette en dehors du métro non pas Jérôme, mais Patrick, qui semble pleinement fêter une victoire. Laquelle ? Celle qui l’aura fait revivre.

Revivre. On voudrait revivre. Ça veut dire : On voudrait vivre encore la même chose”, chante Gérard Manset dans Holy Motors de Leos Carax. Vivre par procuration, c’est là toute l’aventure du cinéma – et celle du sport (du foot, en l’occurrence) –, semble nous dire de son côté Stéphane Demoustier.

Donald James 

Article paru dans Bref n°104-105, 2012.

Réalisation et scénario : Stéphane Demoustier. Image : David Chambille. Montage : Mathilde De Romefort. Son : Emmanuel Bonnat, Francis Bernard et Antoine Bailly. Musique originale : Grégoire Letouvet. Interprétation : Denis Eyriey et Antoine Mathieu. Production : Année Zéro.

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