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Dieu n’est plus médecin

Marion Le Corroller

2020 - 28 minutes

France - Fiction

Production : Marabout Films

synopsis

Jeune interne aux urgences, Margaux est à bout de souffle. Lors d’une énième nuit de garde, la jeune femme oublie malencontreusement une patiente sur un brancard. Encore sous le choc, Margaux est priée de vite reprendre son travail. C’est alors que son corps se met à transpirer du sang de façon incontrôlable. Commence alors une lutte acharnée pour rester en vie.

Marion Le Corroller

À la suite d'études de finances et affaires internationales à la Sorbonne, Marion Le Corroller a suivi un Master 2 en scénario et écriture audiovisuelle à l'Université de Paris-Nanterre, après avoir réalisé un premier court métrage étudiant, Nouvelle venue (2015). Le film a été projeté notamment au Festival P'tit clap de Levallois.

En 2018, le scénario de Toubib est primé dans le cadre de l'opération HLM sur Court et, préacheté par France 3, obtient le Prix du public du Festival Jean-Carmet de Moulins.

Toujours en lien avec l'univers de l'hôpital et tourné en Bretagne, Dieu n'est plus médecin rencontre un beau succès à son tour dans les festivals en 2021. Sélectionné à Clermont-Ferrand, Pantin et Brest, il décroche, entre autres, le Grand prix du Festival européen du court métrage de Nice, “Un festival, c'est trop court”.

En 2022, Marion Le Coroller développe une série intitulée La marée, puis l'année suivante, un nouveau court métrage Poupée fondue, écrit en collaboration avec Delphine de Vigan et actuellement en recherche de financements. En parallèle, elle poursuit l'écriture de Nectar, un premier long métrage également conçu en lien avec Delphine de Vigan.

Critique

On les voit manifester pour davantage de moyens ; on compatit lorsque que l’un d’entre eux témoigne ; on les a applaudis depuis nos balcons. Marion Le Corroller, elle, a choisi de dédier un court métrage aux soignants.

Dieu n’est plus médecin aborde des thèmes qui lui sont chers : la médecine et la politique. Dans un thriller médical engagé, elle dresse un tableau acerbe du système de santé actuel ; un sujet qu’elle avait déjà exploré dans son précédent court métrage, Toubib, évoquant le dévouement sans faille d’une jeune médecin envers ses patients.

Le scénario, écrit juste avant le confinement du printemps 2020, reste d’une actualité brûlante. Comment un pays comme la France, avec l’un des systèmes de santé les plus enviés au monde, a-t-il pu épuiser ainsi ses soignants ? À travers un récit fantastique, la réalisatrice exorcise cette résilience en donnant une dimension prodigieuse au corps, catalyseur de toutes les tensions psychiques. Elle dépeint la lente descente aux enfers de sa protagoniste, Margaux, jeune interne aux urgences, au bord de l’effondrement. Comme un arbre se vide de sa sève et commence à pourrir, le corps de l’héroïne nécrose. Miroir glaçant des épreuves vécues dans ce monde hospitalier en crise, son corps devient le théâtre de transformations qui se répandent telle une réaction épidermique à son impuissance.

Le réalisme est accentué par une caméra à l’épaule qui suit le rythme frénétique des allées et venues dans les couloirs, témoignant de la pression constante. Sous l’influence indéniable du cinéma de David Cronenberg, Marion Le Corroller utilise des éléments visuels dérangeants pour explorer la dégradation physique et la perte d’identité. Elle s’inscrit dans le genre du body horror, où les transformations physiques, les altérations corporelles et les maladies sont abordées de manière métaphorique et viscérale. Son approche rappelle l’esthétique froide et clinique chère à Cronenberg, avec des images troublantes, des scènes gore et une atmosphère oppressante.

En défiant les conventions et les attentes du spectateur, Dieu n’est plus médecin transcende les frontières du genre de l’horreur et suscite une réflexion profonde face à la lutte acharnée et incessante du corps hospitalier. La jeune interne ne trouvera le salut que dans la fuite et l’abandon, une issue radicale qui soulève des questions essentielles sur le coût humain à payer.

Léa Drevon

Réalisation : Marion Le Corroller. Scénario : Marion Le Corroller et Agathe Simonin. Image : Sarah Boutin. Montage : Jérôme Eltabet. Son : Bruno Auzet, Pierre-Albert Vivet et Frédéric Hamelin. Musique originale : Zéphyr Perrier. Interprétation : Judith Zins, Edéa Darcque et Marilyne Canto. Production : Marabout Films.

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