Extrait
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Construire un feu

FX Goby

2016 - 13 minutes

France / Royaume-Uni - Animation

Production : Composite Films, Nexus Productions, FX Goby Film & Pictures, Carabine Productions

synopsis

Le réalisateur FX Goby adapte en court métrage “To Build a Fire”, la célèbre nouvelle de Jack London : l’histoire tragique d’un homme et de son chien tentant de survivre dans la nature hostile et glaciale du Yukon.

FX Goby

Né le 27 septembre 1983 à Grasse (Alpes-Maritimes), François-Xavier, dit FX, Goby a étudié l'animation à Supinfocom, à Valenciennes. Il en est sorti diplômé en 2006 avec un court métrage d'animation, En tus brazos, codirigé avec Édouard Jouret et Matthieu Landour.

Il s'installe alors à Londres et rejoint Nexus Productions, dans le cadre duquel il réalise plusieurs publicités et des clips vidéos. il signe en 2011 le court métrage La mystérieuse disparition de Robert Ebb en compagnie de Clément Bolla et, à nouveau, Matthieu Landour. Le film est sélectionné en 2012 en compétition nationale au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand.

En 2016, son court métrage Construire un feu, adapté d'une nouvelle de Jack London, reçoit le Grand prix de la meilleure animation au Festival international de Rhode Island, aux États-Unis.

FX Goby s'adonne ensuite au documentaire à travers Qui es-tu, Sadiq Khan, maire de Londres ? (52 minutes, 2017) et Une affaire de familles (52 minutes, 2018), tout en revenant au format court animé avec Back to the Moon, coréalisé avec Hélène Leroux et nommé aux Emmy Awards en 2018.

En 2022, il livre avec Jamie Hewlett un clip pour le groupe Gorillaz, sur le titre Cracker Island.

 

Critique

C’est en 2016, année du centenaire de la disparition de Jack London, que François-Xavier, dit FX Goby a entrepris d’adapter l’une des nouvelles de l’auteur de L’appel de la forêt et de Croc-Blanc  : To Build a Fire. Écrit au début du vingtième siècle, ce texte apparaît comme la quintessence de ce que l’on peut se représenter de cette littérature d’aventures et de grands espaces. Les immenses étendues glacées du Grand Nord – en l’occurrence le Yukon, dans le nord-ouest canadien –, la nature sauvage et hostile, la solitude totale et un compagnon canin pour briser (de façon relative) celle-ci : tels sont les ingrédients de ce huis-clos à ciel ouvert. 

Un jeu avec les échelles de plans permet de montrer le duo de protagonistes perdu, minuscule, au milieu des paysages gelés où se joue, finalement, rien d’autre que sa survie. Le vivant est peu de chose et il n’y a pas d’échappatoire dans ce cadre blanc et cotonneux, dont on ressent quasiment les températures négatives : le salut n’est lié qu’au contenu d’une boîte d’allumettes et à des brindilles ou branchages disponibles pour ce que désigne directement le titre : la construction – car c’en est une, au sens propre… – d’un feu… 

Que le brasier péniblement lancé s’éteigne et la fin inéluctable se précisera. Et si le froid, qui empêche d’ôter ses moufles, conduit à gaspiller les allumettes, le résultat sera le même. C’est donc un suspense terrifiant qui s’installe pour le personnage du film, dont la barbe est figée par le givre et qui ne peut, au bout du compte, que compter sur le bon vouloir de son chien pour profiter d’une peu de chaleur corporelle, lorsque tout semble perdu. 

Sans dialogue, avec un graphisme délibérément épuré dans la caractérisation du duo, le récit s’appuie sur sa beauté plastique – rendue par une animation 2D d’une simplicité délibérée – pour prendre des atours de fable philosophique, sinon métaphysique, d’une actualité qui n’en finit pas de surprendre en ces années 2020 marquées du sceau des dérèglements climatiques. Qu’est-ce que la destinée de l’Homme face à la puissance de la nature ? Quel est son rapport à l’animal, si proche soit-il ? Notre temps attend aussi de manière impérative que l’on « construise un feu », symbolique, au-delà des perspectives tragiques. Pour soi, mais surtout pour la planète et les générations futures. Pour entretenir la flamme encore un peu. 

Christophe Chauville 

Réalisation et scénario : FX Goby. Animation : Christian Boving-Andersen. Montage : FX Goby. Son : Geoff Foster et Barnaby Templer. Musique originale : Mathieu Alvado. Voix : Tony Fish. Production : Composite Films, Nexus Productions, FX Goby Film & Pictures et Carabine Productions.

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