Extrait
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Collégiens

Matthieu Boulet

2019 - 11 minutes

France - Fiction

Production : G.R.E.C.

synopsis

Un collège. Ses professeurs et ses élèves. Ses conflits et ses mensonges. Ses images et ses mots. Ses regards et ses silences.

Matthieu Boulet

Né en 1991, Matthieu Boulet a étudié le cinéma à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, puis à Paris 8 Vincennes-Saint-Denis avant de réaliser Farandole (2018), son premier court métrage, produit par Barberousse Films et présenté au Festival Côté court de Pantin.

Collégiens suit dès 2019, répondant à l'appel à concours “5x2” lancé par le Grec en partenariat avec France Télévisions. Le film a été tourné avec une classe de 5ème d'un collège grenoblois.

Critique

Il n’est pas inutile de garder à l’esprit, à propos de Collégiens, que c’est là le résultat d’un appel à projets sur le format spécifique de la série courte, intitulé “5x2”. Soit cinq épisodes de deux minutes s’articulant pour produire un tout cohérent. Ainsi, l’histoire construite par Matthieu Boulet s’articule autour de ce chiffre prédéterminé de segments désignés par des cartons : “Flot”, “Fêlure”, “Rumeur”, “Claquer” et “Aparté”. Un lexique qui permet de cerner un épisode en apparence banal de la vie d’un établissement scolaire lambda, à savoir un incident entre un élève et une enseignante, dans un couloir au moment de l’interclasse, et ses conséquences.

L’ouverture n’en est pas moins paisible, immergeant au cœur d’une heure de cours d’une classe de cinquième un peu apathique, les élèves s’ennuyant ferme, de tout évidence, et attendant surtout que les choses se passent, la sonnerie annonçant la libération et se traduisant par une sorte d’explosion et de l’agitation dans les couloirs (le fameux “flot”, bien nommé). Une caméra mobile et un usage des ralentis cerne ce moment charnière de la vie des collégiens subissant pour la plupart cette immobilité corollaire à l’enseignement “passif”… Les injonctions des profs à se calmer sont peu efficientes et c’est dans ce contexte que l’une d’elle perd l’équilibre et chute au milieu du maelström des adolescents turbulents en mouvement. Le signal d’un engrenage déclenché contre le coupable présumé, Théo, élément difficile et déjà en sursis, comprend-on. Les bruits agitent dès lors le sérail du collège, les réactions se multipliant sur les réseaux favoris des jeunes de cette génération TikTok, où chacun y va de son commentaire, coincé dans son écran vertical allongé comme il/elle patauge dans les obsessions de son âge – ce qui parfois ne manque pas de drôlerie.

Le véritable enjeu tourne évidemment autour de la sanction, tandis que Théo plaide son innocence, mollement, comme s’il savait, déjà, les dés jetés, un Conseil de discipline se tenant sans attendre. Enraciné dans le cadre en attendant le verdict, silencieux aux côtés de son “daron”, on devine qu’il risque gros, au cœur d’un plan qui fait écho au même motif narratif convoqué dans le dernier film de Thomas Lilti, distribué en cette rentrée 2023 : Un métier sérieux. Être renvoyé de son établissement à treize ou quatorze ans, c’est aussi porter dès lors ce poids comme un boulet, et ce n’est rien d’autre qu’une double peine. De quoi s’interroger sur une institution désormais à bout de souffle à force d’abandons et de renoncements, de la part des politiques en premier lieu.

Christophe Chauville

Réalisation : Matthieu Boulet. Scénario : Maxime Piras et Matthieu Boulet. Image : Aurélien Py. Montage : Matthieu Boulet. Son : Hugo Lhuillier et Axel Demeyere. Interprétation : Maxence Bernizet, Delphine Salle et Jérôme de Lignerolles. Production : G.R.E.C.

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