
2009 - 23 minutes
France - Fiction
Production : Dharamsala
synopsis
Dans quelques jours Laetitia obtiendra son brevet professionnel de coiffure. Elle et sa meilleure amie Yeliz pourront concrétiser leur rêve : ouvrir un salon ensemble. Mais avant de passer son examen, Laetitia veut aller à une fête.
biographie
Claire Burger
Née en 1978, Claire Burger intègre le département montage de la Fémis après avoir débuté comme journaliste-reporter d'images. Diplômée de la promotion 2008, elle réalise avec Marie Amachoukeli le court métrage Forbach, du nom de sa ville natale, qui remporte le Grand prix au Festival de Clermont-Ferrand et le second prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes en 2008.
Le duo se reforme avec C’est gratuit pour les filles, qui reçoit le César du meilleur court métrage 2010, et Demolition Party en 2013. Le comédien Samuel Theis les rejoint pour co-signer à six mains le long métrage Party Girl en 2014. Présenté au Festival de Cannes, dans la section Un certain regard, il reçoit la Caméra d'or.
Claire Burger se dirige dès lors vers une carrière en solo, avec C'est ça l'amour, présenté à la Mostra de Venise, primé aux Arcs et à Cabourg, avant d'être distribué en salle en mars 2019.
On l'aperçoit, comme comédienne, dans un second rôle du premier film que réalise seul Samuel Theis, Petite nature (2022), et se consacre à un nouveau projet de long métrage, interprété notamment par Chiara Mastroianni et l'Allemande Nina Hoss : Langue étrangère.
Marie Amachoukeli
Après un DEA d'histoire des religions à la Sorbonne, Marie Amachoukeli (née le 16 juillet 1979 à Paris) intègre le département scénario de la Fémis. À l’issue de sa formation, elle réalise avec Claire Burger le court métrage Forbach qui remporte le Grand prix au Festival de Clermont-Ferrand et le second prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes en 2008, puis C’est gratuit pour les filles reçoit le César du meilleur court métrage 2010, et Demolition Party en 2013.
En 2014, Marie Amachoukeli et Claire Burger tournent avec Samuel Theis leur premier long métrage : Party Girl. Deux ans plus tard, Marie Amachoukeli réalise avec Vladimir Mavounia-Kouka le court métrage d’animation, I Want Pluto to Be a Planet Again. Marie Amachoukeli a également travaillé comme scénariste sur le film de Vincent Mariette Les fauves (2018). Elle termine en 2022 son premier long métrage en solo : Àma Gloria. Le film, présenté à la Semaine de la critique en 2023, sortira dans les salles le 30 août prochain.
Elle travaille en outre, à nouveau avec Vladimir Mavounia-Kouka, sur un projet de long métrage d'animation, Happy End, produit par Miyu Productions. Le projet est actuellement en cours de développement.
Critique
Forbach. Quatrième ville de Moselle. Comme ailleurs, le travail s’y fait rare, on s’arrange pour que le samedi soir n’y ait pas un goût d’ordinaire ; l’Allemagne est à l’horizon, Paris semble à des kilomètres. Si Claire Burger et Marie Amachoukeli ont choisi de planter leur caméra dans ce bout de Lorraine, ce n’est ni pour la balade, ni pour le pathos supposément imprégné dans les murs des maisons de cette ancienne région minière. Mais bien plus sûrement parce que l’une y a grandi et, avec elle, nombre des personnages qu’elle filme aujourd’hui avec l’autre. Choisissant de s’entourer systématiquement de comédiens non professionnels, un proche autant qu’un parent ou une inconnue découverte sur casting, les deux jeunes réalisatrices semblent ainsi s’employer à façonner tout lieu en décors, appréhender chaque rencontre en personnage. Et pourvu qu’on allume un peu la mèche, le quotidien vaut toujours de rentrer dans le cadre. Un postulat de départ pour le moins intéressant, qui rend le travail d’Amachoukeli et Burger aussi singulier que passionnant.
C’est donc à Forbach que Laetitia et Yeliz, deux pépettes lookées comme des perles, rêvent au salon de coiffure qu’elles ouvriront un jour. L’une passe son brevet professionnel, l’autre s’escrime dans le graillon d’un snack. Elles filent en scooter, parlent fort, font les belles devant des garçons qui veulent se croire plus malins qu’elles. Abreuvée de séquences du Net et de télé-réalité, rompue à la mise en scène de soi par l’image, cette tribu adolescente s’en donne à cœur joie devant la caméra, notamment dans une scène de fête hallucinante qu’on voit rarement filmée de manière aussi incandescente. Yeliz et Laetitia, mini-femmes aux allures de pasionarias, n’ont pourtant pas le droit à l’innocence. Car tout se paie et parfois plus chèrement que ce que l’on peut donner. Un travail, une histoire d’amour, la dignité.
Le dispositif de tournage permet de brouiller un peu plus les pistes entre interprétation et élan de soi, vraie complicité et fausse embrouille, et c’est tant mieux. Mais Marie Amachoukeli et Claire Burger excellent surtout dans les scènes de confrontation, trouvant sans cesse la justesse et la tension nécessaire à l’éclosion de duos de cinéma qui laissent des traces. On pense à la fureur de Laetitia, aux larmes amères de Yeliz. Une façon fort maîtrisée de se confronter à la dualité.
Amélie Galli
Article paru dans Bref n°88, 2009.
Réalisation et scénario : Marie Amachoukeli et Claire Burger. Image : Julien Poupard. Montage : Frédéric Baillehaiche. Son : Mathieu Villien et Pierre Bariaud. Musique originale : Michael Angelus feat. Don Vilo & Koil & Tarell. Interprétation : Laetitia Hadri, Yeliz Alniak, Vicente Lopez Lama, Michael Ehlen et Aurore Dos Santos. Production : Dharamsala.