Extrait

Boomer

Karim Adda

2001 - 16 minutes

France - Fiction

Production : Trésor Films, Ker Productions

synopsis

Pour Philippe, alias Boomer, la passion du tuning passe bien avant sa femme et ses deux enfants. Il occupe la majeure partie de sa vie à équiper sa Punto Tuning Cup Diablo d’enceintes surpuissantes, à la customiser et à provoquer en duel Diego, son ennemi juré, au concours hebdomadaire de tuning. Ce dimanche-là, il va de nouveau mettre son honneur en jeu, lors d’un énième règlement de comptes.

Karim Adda

Né le 10 décembre 1972, Karim Adda est scénariste, réalisateur et comédien (passé notamment, dans les années 1990, par la classe libre du Cours Florent et le Studio Pygmalion). 

Acteur repéré de la série Caméra café – dans laquelle il incarne Vince, le coursier –, il signe en 2001 un court métrage où apparaissent notamment Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Cécile Cassel et Laurent Laffite, Boomer. Produit par les Productions du Trésor, il remporte le Grand prix du Festival de Valenciennes.

J'ai plein de projets, qui suit en 2007 et qu'il interprète, est récompensé pour sa part à L'Alpe-d'Huez, tout comme La 17e marche l'année suivante. Ce troisième court s'inscrit dans l'annuelle Collection des programmes Courts et réations de Canal+ “Écrire pour…” (en l'occurence pour l'acteur Julien Boisselier).

Karim Adda se tourne alors vers la télévision, dirigeant les deux cents épisodes de la série Caméra café 2, ainsi que les saisons 3 à 17 d'une autre série à succès de M6 : Scènes de ménage.

On l'a aperçu en 2018 devant la caméra de Gilles Lellouche dans Le grand bain, en présentateur du gala de natation synchronisée.

Critique

Voir (ou revoir) Boomer en 2025, soit vingt-cinq ans après sa réalisation, nécessite inévitablement une certaine remise en contexte. Factuellement, il s’agit de l’un des opus de la période “court métrage” des Productions du Trésor et de la petite bande de réalisateurs et d’interprètes gravitant alors dans son orbite, appelés pour la plupart à un avenir flatteur. Et c’est aussi l’un des derniers courts précédant le premier long de la boîte fondée par Alain Attal, à savoir Mon idole de Guillaume Canet (sorti fin 2002). Ce dernier, qui avait lui-même signé, pour le label naissant, deux courts métrages qui ont également été restaurés récemment (Je taim et J’peux pas dormir en 1998 et 1999), n’apparaît pas dans Boomer. Mais il y a là plusieurs de ses acolytes favoris, qu’il retrouvera fréquemment par la suite, en premier lieu Gilles Lellouche, Marion Cotillard et Laurent Lafitte.

À l’époque, la bande entretient un côté revendiqué de “sales gosses”, avec force gros mots, situations scabreuses, surlignage de mauvais goût, caricatures chargées jusque dans les costumes ou les coiffures (voir le monosourcil et la coupe de cheveux phénoménale de Laffite). Certains modèles américains– comme Will Ferrell ou Ben Stiller – ont sans doute orienté l’inspiration de la petite équipe de Boomer. Ce titre, d’ailleurs, n’évoque aucunement le mot devenu récurrent dans la bouche des jeunes générations pour déprécier leurs gâteux et lourdauds aînés, c’est seulement le surnom que l’un des personnages tient mordicus à ce qu’on utilise quand on s’adresse à lui. Un fou de tuning qui s’apprête à en découdre avec son ennemi intime sur le ring, du moins sur la route de campagne où le rassemblement des fans de l’improbable discipline se tient, avec deux tribus hostiles se faisant face.

Le réalisateur Karim Adda, que l’on pouvait voir à la même époque en acteur dans la très populaire série de M6 Caméra café, assume totalement la peinture outrancière d’un milieu “beauf”, dans les insultes qui fusent, les blagues salaces, les marqueurs sociaux (le gamin turbulent de Boomer s’appelle Kevin, comme il se doit) et, forcément, un morceau très “popu de Johnny Hallyday devance le générique de fin. Certains choix peuvent apparaître assez problématiques aujourd’hui, comme la façon – agressive et ordurière – qu’a le personnage de parler à sa compagne et mère de ses enfants. Le chemin était encore long jusqu’aux enjeux de représentation suscités par #MeToo…

Pour le reste, ce sont surtout l’atmosphère et les dialogues qui dominent dans Boomer, où la trame narrative reste ténue, donnant surtout l’occasion d’orchestrer quelques plans clipesques, comme celui de l’extrémité d’une cigarette qui s’embrase plein champ ou un autre montrant en amorce les talons hauts et les jambes sanglées de l’une des filles de la bande (en l’occurrence Cécile Cassel, elle aussi au début de sa carrière, bien avant son passage à la chanson sous le nom d’HollySiz).

Par la suite, Adda devait signer encore deux films courts, mais jamais de long. Pour ce qui est de ses interprètes principaux, c’est différent, pas besoin de développer, mais bien malin qui aurait pu dire à l’époque que Gilles Lellouche allait passer, en un quart de siècle, de ce personnage exécrable au rôle de… Jean Moulin ! Tout est décidément possible au cinéma…

Christophe Chauville

Réalisation et scénario : Karim Adda. Image : Wilhelm Bérard. Montage : Stratos Gabrielidis. Son : Alexis Farou. Musique originale : Stéphane Brossolet et Jean-Baptiste Maillet. Interprétation : Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Laurent Lafitte, Philippe Lellouche, Cécile Cassel, Xavier Claudon, Arnaud Henriet, Élodie Hesme-Aurouet et Philippe Vieux. Production : Trésor Films et Ker Productions.

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