Extrait

Bonne soirée

Antoine Giorgini

2022 - 22 minutes

France - Fiction

Production : Deuxième ligne Films

synopsis

Alex et Valentine rejoignent Tim, le petit frère de la seconde, dans leur maison de vacances familiale au bord de la mer. Tim prétend avoir découvert dans le garage un campement de fortune où se serait installé un migrant. Alex et Valentine, qui ont compris le canular, décident de faire semblant d’y croire.

Antoine Giorgini

Né en 1981, Antoine Giorgini obtient un bac littéraire cinéma, puis un master de filmologie à Lille. Après avoir travaillé comme animateur dans un centre social, il réalise un stage en décoration sur des tournages et travaille durant six ans sur des décors de longs métrages.

Il intègre l'INRACI, en Belgique, et réalise en 2012 son premier court métrage, Les brigands, qui se voit sélectionné dans de nombreux festivals et primé à Rio, Angers, Paris ou encore Toulouse.

En 2015, Antoine Giorgini tourne son deuxième court métrage, Réplique, qui participe a plus de cinquante festivals et y récolte une vingtaine de prix, à Clermont-Ferrand, Lille, Bruxelles, ainsi que le Prix spécial du jury UniFrance. En 2019, il signe Air comprimé, qui est également présenté au Festival de Clermont-Ferrand. C'est également le cas de Bonne soirée en 2023, en point de départ d'une carrière assez faste, avec notamment un doublé Prix du jury/Prix du public au Festival cinéma d'Alès Itinérances.

Antoine Giorgini participe en outre régulièrement à l’écriture de longs métrages et continue à travailler sur les décors de films. Il tourne à l'été 2025 son premier long métrage, Les princes du BTP, pour lequel il retrouve l'un de ses acteurs de Bonne soirée, Édouard Sulpice, et qui devrait sortir dans le courant de l'année 2026.

Critique

Toujours produit par Marie Dubas après Les brigands, Réplique et Air comprimé, Antoine Giorgini livre avec Bonne soirée un quatrième court métrage malicieux. Il avance, volontaire, avec un titre qui annonce un programme – une “bonne soirée” – et qui, finalement, joue des différentes couches et humeurs en jeu dans la narration autour de ladite fin de journée. Des retrouvailles à trois jeunes adultes – frère, sœur et chéri de celle-ci – dans la maison de famille balnéaire à Wimereux, dans le Pas-de-Calais, juste au-dessus de Boulogne-sur-Mer. Très vite, les changements de programme, les empêchements et les jeux de dupe s’invitent. Le réalisateur aime glisser des os dans la moulinette pour que rien ne tourne rond. Tous ses films reposent sur des histoires et des personnages contrariés. De quoi s’en donner à cœur joie à l’écriture du scénario, sur le plateau de tournage, et au montage, pour articuler le rythme des revirements de ton et de situations.

L’auteur fait se confronter les convictions humaines et politiques autour de la philanthropie et de l’engagement, dans son récit situé à une trentaine de kilomètres de Calais et de sa fameuse “jungle”. De quoi révéler les êtres entre eux quant à leur rapport au monde, en mode huis-clos émotionnel, où les provocations circulent en permanence entre les protagonistes. L’intensité qui va crescendo fonctionne dans le tissage de comédie et d’instantané sociétal. S’appuyant sur un ping-pong incessant de répliques, Antoine Giorgini s’amuse à nouer et dénouer les alliances possibles, pour exposer chaque personnage à la lumière des deux autres, tout en infiltrant dans ces joutes des interruptions venues de l’extérieur, via un voisin xénophobe puis un duo de flics finalement “colmateurs” des brèches tout juste ouvertes. Le scénario offre aussi de fausses pistes dès le départ en annonçant une note badine et sexy, quand le couple veut faire l’amour en voiture, pour finalement partir sur d’autres chemins.

Georgia Scalliet, Romain Cottard et Édouard Sulpice accordent les violons de leur jeu. Ils passent en quelques secondes d’une émotion à l’autre, entre maîtrise de leurs dialogues respectifs, sens du timing, et expressions physiques. De la haute voltige quand la dramaturgie repose sur le face-à-face et l’énergie d’un trio, dans un dispositif construit sur une unité de temps, de lieu et d’action. Le jeune cinéaste compose avec leurs énergies bigarrées : le rentre-dedans d’Alexandre/Romain, les coups de sang de Valentine/Georgia et la fausse naïveté de Timothée/Édouard. Il y a de l’esprit à la Feydeau, revu et corrigé dans un contexte plus grave mais jamais plombé. Le tout en passant, côté bande musicale, d’une suite pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach à des accords contemporains nés d’Édouard Sulpice lui-même. Le sens des alliages encore. Et la promesse d’une prochaine aventure signée Antoine Giorgini, avec son premier film long métrage, dans lequel le jeune acteur tiendra à nouveau l’un des rôles principaux : Les princes du BTP.

Olivier Pélisson

Réalisation et scénario : Antoine Giorgini. Image : Sébastien Goepfert. Montage : Nicolas Sburlati. Son : Mathieu Descamps, Lucas Héberlé et Emmanuel Desguez. Musique originale : Édouard Sulpice. Interprétation : Georgia Scalliet, Romain Cottard et Édouard Sulpice. Production : Deuxième ligne Films.

 

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