2015 - 23 minutes
Fiction
Production : Kazak Productions
synopsis
Traumatisée par un poisson, Sophie n’a jamais remis les pieds dans l’eau depuis ses quinze ans. Aujourd’hui, elle en a trente-cinq et sa copine Anaïs a décidé de l’emmener voir Aquaman, un gourou-guérisseur aux méthodes radicales.
biographie
Jean-Baptiste Saurel
Né en 1982 à Boulogne, Jean-Baptiste Saurel est issu de la section réalisation de la Fémis, où il a signé Spadassins en 2008 et Les satellites, son film de fin d’études, l’année suivante.
Il collabore avec Kazak Productions sur plusieurs courts métrages successifs, dont La bifle, réalisé en 2012 et sélectionné en compétition à la Semaine de la critique à Cannes. Il impose ainsi un registre provocateur qu’il perpétue avec Aquabike en 2015.
Entretemps, il travaille sur un film documentaire, Demain C loin, produit par Stank en 2013. Il participe également en 2016 à la Collection de Canal+, à travers Rétrosexe. Il réalise ensuite plusieurs films publicitaires, notamment celui du PMU au moment de l’Euro 2016, avec plusieurs joueurs de l’équipe de France de football.
En 2017, il apparaît à l'affiche du court métrage Master of the classe, réalisé par Hakim Zouhani et Carine May. Il co-écrit ensuite une web série pour Arte, Dawaland, avec Jean Chauvelot et Eugène Riousse, qui raconte à chaque épisode l'histoire d'un mec gentil qui voulait devenir un badass.
Il développe alors son premier long métrage, qui sort finalement en août 2024 sur les écrans, sous le titre de Zénithal. Il y retrouve Franc Bruneau et Vanessa Guide, ses interprètes de La bifle, un lien étroit se voyant en outre instauré entre les deux films.
En 2022, il aura aussi œuvré sur le terrain de la série, à travers Parallèles, réalisé pour Disney+.
Critique
Lorsque La bifle fut présenté à Cannes par la Semaine de la critique en 2012, la seule évocation de son titre et de la pratique intime qu’il supposait annonçait l’affirmation d’une personnalité décomplexée de réalisateur revendiquant sans sourciller une certaine inspiration potache. Avec sans doute le fantasme de transposer dans le contexte de la production hexagonale la veine des films des Farrelly, sinon de la nébuleuse Judd Apatow adoubée par les Cahiers du cinéma et leurs adeptes. Aquabike se place dans une optique voisine, ne reculant à aucun moment devant la trivialité de son argument initial : Sophie, trente-cinq ans, est perturbée par un trauma de jeune fille, survenue vingt ans auparavant lors de vacances en Méditerranée, où un poisson s’était furtivement glissé dans la culotte de son maillot de bain... Passée cette situation digne d’un Mary à tout prix, la drôlerie du scénario s’attache au personnage de thérapeute convoqué pour apaiser les angoisses de Sophie, dont on ne sait si c’est un inénarrable charlatan ou une pointure en la matière, qui se mue en Aquaman, ce super-héros aux méthodes expéditives.
Le film bascule ainsi de la comédie décalée truffée de bons mots (la copine de Sophie se demande si celle-ci n’a pas en fait aimé cette rencontre avec l’indiscret copper sweeper) vers un feu d’artifice de séquences lorgnant vers le cinéma de genre, que l’on sait Saurel affectionner particulièrement (voir son film d’école de la Fémis Spadassins). L’espace du film, notamment la piscine, se double d’une dimension onirique et la caméra plonge en vues sous-marines, Sophie entre en contact verbal avec son bourreau à nageoires de jadis et l’aquaphobe devient une héroïne tarantinesque semblant sortir de Kill Bill. Mais derrière cette explosion ludique, volontiers peu orthodoxe, se profile un désir d’explorer des poids traînés depuis l’adolescence, déjà présent dans La bifle, dont le héros, plongé dans ses obsessionnels complexes, contemplait chaque matin l’intérieur de son slip, un double-décimètre à la main. C’est ainsi finalement un cinéma de l’“adulescence” qui entraîne, ainsi comme c’est le cas visuellement avec Aquabike, vers certaines profondeurs intérieures, même s’il convient de ne pas exagérer son ambition métaphorique, la motivation majeure demeurant celle d’un entertainment de sale gosse assumé.
Christophe Chauville
Réalisation et scénario : Jean-Baptiste Saurel. Image : Julien Roux. Son : Quentin Collette, Claire Cahu et Philippe Charbonnel. Montage : Nicolas Desmaison. Décors : Julie Plumelle. Musique : Manuel Peskine. Interprétation : Florence Janas, Pauline Lorillard, Deivy Fernandes, Damien Gouy, Clara Michel et Charlie Dupont. Production : Kazak Productions.