
2016 - 17 minutes
France - Fiction
Production : Costanza Films / Moonshaker / Germaine Films
synopsis
Joachim revient dans sa famille après son premier chagrin d’amour. Malgré la tendresse excessive de ses parents et son sentiment d’étrangeté face au monde, il va réapprendre à vivre, grâce à Allan, son ami de toujours, Esther, la possibilité d’un nouvel amour, et les jolies filles croisées au hasard.
biographie
Félix Moati
Né le 24 mai 1990 à Paris, Félix Moati est le fils du réalisateur et journaliste Serge Moati. Il marche sur les traces de son père dès l’âge de sept ans en apparaissant dans l'une de ses réalisations : le téléfilm Tendre piège. Il fait ensuite ses débuts au cinéma dans LOL de Lisa Azuelos, en 2008.
Mais c’est surtout son rôle dans la comédie politique Télé gaucho de Michel Leclerc (2012), où il joue Victor, un passionné de cinéma s’engageant dans une chaîne de télévision associative, qui le révèle auprès d'un public plus large. Une performance qui lui vaudra une nomination au César du meilleur jeune espoir masculin en 2013. L’année suivante, il est à l’affiche de la comédie poétique Libre et assoupi, premier long métrage de Benjamin Guedj, où il campe un colocataire plein de candeur.
Pour l'occasion, le jeune homme décroche le Coup de cœur du jury au Festival international du film de comédie de L'Alpe d’Huez. Après des seconds rôles en 2014-2015 dans Hippocrate de Thomas Lilti, Gaby Baby Doll de Sophie Letourneur et Valentin Valentin de Pascal Thomas, Félix Moati reçoit une seconde nomination au César du meilleur espoir masculin pour À trois on y va (2014), une comédie de Jérôme Bonnell sur la bisexualité où il donne la réplique à Anaïs Demoustier.
En 2018, il rejoint ensuite l'équipe masculine de natation synchronisée du Grand bain, comédie chorale de Gilles Lellouche qui remporte un franc succès critique et public.
En 2019, Félix Moati passe derrière la caméra pour Deux fils, une comédie douce-amère qui dresse le portrait de trois hommes d'âges différents. Il y dirige Vincent Lacoste, déjà héros de son premier court métrage Après Suzanne, réalisé en 2016 et présenté en compétition offcielle des courts métrages du Festival de Cannes, avant d'être nommé, l'année suivante, au César du meilleur film de court métrage.
En 2022, il est à nouveau dirigé par Michel Leclerc, aux côtés de Rebecca Marder, dans Les goûts et les couleurs.
Critique
Comment vivre après un chagrin d’amour ? Sans prétendre avoir la solution universelle, Après Suzanne, court métrage de Félix Moati, propose une réponse à cette question. Joachim, interprété par Vincent Lacoste, vit mal sa rupture avec Suzanne, qu’il a visiblement beaucoup aimée. On nous le présente seul, stressé. Il prend souvent beaucoup de place dans le cadre, il est rarement accompagné. La caméra ne se repose pas quand elle est sur lui, ce ne sont que mouvements et légers tremblements, elle semble prise dans un tourbillon comme lui dans ses pensées. Convaincu d’aller mal, Joachim se cherche des causes physiques, des douleurs dans le bras, pour ne pas admettre qu’il puisse encore s’agir de son chagrin d’amour. En réalité, il n’est pas du tout malade et on le découvre plutôt bien entouré : un père qui s’intéresse à lui (et qui s’inquiète !), et surtout un meilleur ami, Allan, qui veille à préserver sa vie sociale. Il organise un “double date” : lui, sa copine, Joachim et Esther, une amie de sa copine. Esther a un petit copain, mais elle désire Joachim et va chez lui à la fin de la soirée. Les plans sont coupés à la taille ou serrés sur les visages et les gestes. Le son se concentre sur les voix, les respirations.
Moati esquisse des portraits sans fioritures de ses personnages. Ce sont eux et leurs émotions que nous suivons, souvent littéralement, la caméra filmant de dos les protagonistes. Il nous fait entrer dans leur intimité en douceur, nous invitant à essayer de comprendre avec lui les enjeux des sentiments qui nous traversent. À la suite de ce court métrage, Moati s’est lancé dans la réalisation de Deux fils, un long métrage sorti en 2019 qui reprend le personnage de Joachim et son chagrin d’amour. Cette fois-ci, son père est en crise existentielle aussi, abandonnant son cabinet de médecine pour devenir écrivain, et il a un petit frère, qui cherche à se construire au milieu de ces deux modèles vacillants. Le réalisateur y explore plus en profondeur les effets d’une rupture, non seulement sur la personne quittée mais sur son entourage.
Ici, il se concentre plus sur le rétablissement de Joachim, qui est enfin entouré de ses amis dans le cadre de la dernière séquence, comme s’il prenait seulement pleinement conscience de leur présence. Il est la cinquième roue du carrosse dans ce taxi. Laura dort sur l’épaule d’Allan, Esther câline son copain. Ils partent, deux par deux, et Joachim finit seul, avec pourtant un sourire sur les lèvres. Une vie sociale et une relation sans attache suffisent à lui mettre du baume au cœur, juste la preuve qu’il peut encore être aimé.
Anne-Capucine Blot
Réalisation et scénario : Félix Moati. Image : Nicolas Loir. Montage : Simon Birman. Son : Charlie Cabocel et Marc Doisne. Interprétation : Vincent Lacoste, Esther Garrel, Zita Hanrot, Antoine de Bary, François Morel et Patrick d'Assumçao. Production : Costanza Films, Moonshaker et Germaine Films.