Extrait

Animal Serenade

Béryl Peillard

2013 - 38 minutes

France - Fiction

Production : Chaz Productions

synopsis

À vingt-cinq ans, Nina adopte un chien. Elle en est sûre, avec son nouveau compagnon, Jojo, elle s’en sortira mieux.

Béryl Peillard

Après plusieurs années durant lesquelles elle a exercé le métier d’assistante-réalisatrice, pour le cinéma comme la télévision, Béryl Peillard (née en 1979) est passée à l’écriture, alternant projets personnels ou collaborations.

Elle a fait partie des comités de sélection de la Quinzaine des réalisateurs et d’Émergence avant de co-écrire avec Christophe Blanc le scénario d’Animal Serenade. Ce moyen métrage interprété par Marie Denarnaud et Kevin Azaïs, qui constitue sa première réalisation, a été présenté en 2014 à Aix-en-Provence, Amiens, Brive, Pantin, Trouville et Vendôme. Il est aussi élu meilleur court métrage français par le Syndicat français de la critique de cinéma lors de ses prix annuels, décernés en janvier 2015.

Béryl Peillard a été ensuite l'une des coscénaristes de Just Kids, long métrage réalisé par Christophe Blanc, sorti en août 2020.

Critique

Animal Serenade, premier film de Béryl Peillard, prix du public au dernier Festival de Pantin [en 2014, ndlr], commence comme l’histoire d’une jeune mère un peu larguée qui noie ses angoisses dans l’alcool. Nina apparaît d’abord comme une fille qui aurait grandi trop vite, une ado dans une vie de femme ; une vie étriquée dans laquelle elle ne supporte plus de vivre et de laquelle elle tente de s’échapper.

Il y a de cela. Mais très vite, on réalise qu’Animal Serenade est bien plus qu’un énième portrait “social” de femme. Comme Animal Serenade n’est pas un simple album live de Lou Reed, dans lequel il reprend ses plus grands titres.

Le film de Béryl Peillard glisse rapidement vers l’étrange avec l’arrivée du personnage de Jojo, le chien qu’adopte Nina. Une relation d’amour/haine, d’attraction/répulsion se crée rapidement entre eux. Jojo devenant une sorte de “double” de sa maîtresse, de l’aveu même de la réalisatrice. Un double maléfique. Mais il peut également être vu comme l’incarnation animale d’un homme violent, tant sa relation avec sa maîtresse devient perverse.

Nina est un personnage complexe, à la recherche de toutes les ivresses pour se sentir vivante. Avec un besoin déchirant de se sentir unique et privilégiée. La réalisatrice la filme souvent toute petite dans des plans très larges, signifiant ainsi visuellement la position à la marge de son personnage. De même, le dernier plan du film agit comme une métaphore du retour à la vie de Nina.

Animal Serenade ne serait rien sans l’interprète du personnage de Nina : Marie Denarnaud. La comédienne livre ici une performance remarquable. Elle est, dans tous les plans, d’une intensité rare. Ses grands yeux tristes, son regard tantôt agressif tantôt perdu comme celui d’une enfant transpercent l’écran pour atteindre directement le cœur du spectateur. Présente sur les écrans depuis le début des années 2000, et connue du grand public depuis son rôle dans Les adoptés de Mélanie Laurent, en 2010, elle avait fait forte impression au début de l’année dans Une histoire banale d’Audrey Estrougo. On regrette de ne pas la voir plus souvent. Et on ne peut que se réjouir de la voir ici briller dans un rôle et un film à la mesure de son talent.

Cécile Guthleben

Article paru dans Bref n°113, 2014.

Réalisation : Béryl Peillard. Scénario : Béryl Peillard et Christophe Blanc. Image : Sébastien Buchmann. Montage : Muriel Breton et Emmanuelle Gachet. Son : Antoine Mercier, Laurent Blahay et Nathalie Vidal. Musique originale : Philippe Thiphaine. Interprétation : Marie Denarnaud, Kévin Azaïs, Léa Poinsot, Lise Lamétrie, Rafael Rodrigues, Fabrice Adde, Christophe Blanc, Walid Ben Mabrouk, Saber Hallout, Bérénice Bala, Éric Moreau, Thomas Biget et Louis Alzieu-Oréal. Production : Chaz Productions.

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