2022 - 21 minutes
France - Documentaire
Production : LLUM et Association Transversale
synopsis
Andy et Charlie se produisent sur scène dans des numéros érotiques. L’été, loin du cabaret, les deux jeunes femmes s’interrogent frontalement et inventent leurs itinéraires.
biographie
Livia Lattanzio
Livia Lattanzio est née en 1990. Elle étudie le cinéma documentaire à l'École des Hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. Elle travaille régulièrement en tant que décoratrice pour le cinéma, comme sur L'amie de l'été, court métrage de Maxime Hermet (2021).
En 2022, elle réalise Andy et Charlie, un court métrage documentaire sélectionné, entre autres, à Côté court à Pantin, au Festival Entrevues de Belfort et au Festival international du court métrage d'Hambourg.
Critique
À l’avant d’un bateau, deux paires de jambes se balancent gaiement dans le vide : Andy et Charlie, le visage lumineux et les cheveux au vent, ont l’air insouciant de deux enfants. Les amies ont délaissé leurs noms de scène pour redevenir Yaëlle et Fleure le temps d’une escapade ensoleillée, à mille lieux des cabarets sombres où elles se produisent dans des numéros érotiques. Leur corps, placé au centre de leur travail, semble presque se dissoudre dans le paysage tandis qu’elles chantent leur besoin de repos à travers les paroles évocatrices d’une chanson de Dalida (“Si tu savais comme j’ai envie d’un peu de silence”). À mesure que l’espace s’agrandit, le temps s’étire lorsque Fleure masse Yaëlle dont le visage, filmé de près, se détend progressivement. Dans ce moment de vacance, propice aux longues discussions, elles évoquent un quotidien aux multiples facettes, à l’image des nombreux miroirs présents dans leur loge parisienne.
Sur scène, leurs silhouettes se détachent sur un fond noir, sculptées par la lumière tamisée, tandis que la caméra, à la fois proche et mobile, épouse la sensualité de leurs gestes. La nudité apparaît alors comme un jeu, jusque dans les coulisses où Yaëlle dévoile ses fesses aux spectateurs à travers une danse empreinte d’humour et d’allégresse. La complicité de Yaëlle et Fleure, souvent rassemblées dans le même plan ou reliées par des panoramiques glissant d’un visage à l’autre, apparaît également comme une source de bonheur.
Réalisé sur plusieurs années, le film capture une amitié qui semble résister à l’épreuve du temps grâce à une expérience commune tissée de joies comme de peines. Les jeunes femmes mentionnent notamment la difficulté de vivre en marge de la société ou d’arriver à faire la part entre consentement et intérêt financier. Pendant qu’elle relate un souvenir douloureux, la voix de Yaëlle résonne seule, sans images, comme pour mettre en avant la force de son témoignage. À d’autres moments, Livia Lattanzio s’attarde sur leurs yeux au bord des larmes pendant qu’elle se confient l’une à l’autre. En s’attachant à ces menus détails, la cinéaste parvient à dévoiler leur intimité tout en délicatesse et pose sur elles un regard à la fois tendre et dénué de tout jugement.
Chloé Cavillier
Réalisation : Livia Lattanzio. Scénario : Livia Lattanzio et Bérénice Barbillat. Image : Yaëlle Lucas, Mario Valero et Livia Lattanzio. Montage : Joséphine Privat, Sarah Dinelli et Florence Bon. Son : Alexandre Frigoult et Pierre George. Production : LLUM et Association Transversale.